J’ai deux amours : la Guadeloupe et l’inculture
Pensez-vous que Clemence Botino sache que Josephine Baker, en 1967, s’était produite dans 23 villes pour venir en aide aux sinistrés guadeloupéens suite au cyclone Ines ? Notons au passage que l’enfant du pays, avec sa tenue rendant hommage à la récente panthéonisée, voit ses chances d’accéder au Top 15 estimée à 85 % par Pipe Vlog, spécialiste des reines de beauté. Et que pensez-vous du concours Miss Shoah organisé depuis 2012 par l’association israélienne Yad Ezer La-Haver, afin de redonner aux rescapées un peu de l’enfance qu’on leur on a volé ?
Mais revenons plutôt à notre triste quotidien.
Le temps guadeloupéen est celui des grandes impostures. Aussi, nous nous sommes penchés sur les réflexions des chercheurs concernant les mouvements de masses en Guadeloupe depuis quelques années.
Il s’agirait « d’une utopie régressive à caractère historique » selon la définition de Dimitri A. Lasserre, dans « LKP : jamais vu, déjà vu ou reja vu »
A quoi assiste-t-on selon lui ? À un mouvement de masse sous couvert de lutte des classes et de syndicalisme révolutionnaire, et de socialisme théorique, puis pratique, ayant glissé vers un discours idéologique fédérant ces masses, à une idéologie vague ayant pour but l’incarnation d’un guide en vue d’éclairer l’horizon, une incitation à l’action directe, la mise en avant du nationalisme, la propagande, et le mépris des intellectuels.
Il existe une alternative, selon lui, à l’aveuglement médiatique : l’observation et la réflexion philosophique, ce que nous ne cessons de rabâcher.
Nous avions l’intuition d’une défaite absolue des intelligences, d’une capitulation sans conditions d’un archipel livré aux ambitions plates et vulgaires de mandarins déguisés en révolutionnaires.
Nous avions le spectacle des piètres performances et de la fatale contenance d’ hommes politiques, qui pour la plupart, sont muets face aux exactions ignobles, ou qui surenchérissent dans la compromission intellectuelle.
Se réapproprier la cruauté pour n’en rien faire de productif est un crime ; sinon le crime par excellence. Des forces prédatrices et des imposteurs ont prétendu incarner une violence légitime, laissant croire que la Guadeloupe allait accoucher d’une société nouvelle, que le processus sacrificiel dans lequel ils engageaient les autres – mais jamais eux-mêmes- allait radicaliser le monde, et qu’à la suite de cette trajectoire, ils se muaient en une force qui justifiait la mise à mort d’ennemis désignés, médecins et directeurs d’hôpitaux, chercheurs guadeloupéens, laissés sans défense face à la vindicte d’une foule haineuse.
Leur noir romantisme anarcho-syndical a été marqué par une urgence axiologique qualifiant tout enjeu, toute bataille, toute tactique comme chargés d’une importance vitale, voire comme découlant d’un drame cosmique dont l’issue ne dépendrait que de la seule détermination et du seul esprit de sacrifice de combattants.
Alfred Marie-Jeanne désabusé remarquait justement qu’en Guadeloupe et en Martinique, nos leaders syndicaux s’auto-désignent comme les plus ardents révolutionnaires du globe, en omettant ce fait : les vrais révolutionnaires (les cubains, les néo-calédoniens), les dirigeants de collectivités autonomes comme la Polynésie, eux vaccinent leur peuple. C’est une donnée objective, sans que nous ne prenions position sur le libre consentement ou non de chacun à l’obligation vaccinale.
Pascal donnait deux définitions de la tyrannie. L’une s’énonce ainsi : La tyrannie est de vouloir avoir par une voie ce qu’on ne peut avoir que par une autre (Pensées). Le soulèvement des foules a pu être obtenu par un moyen détourné, celui de l’opposition à l’obligation vaccinale.
L’autre définition est la tyrannie qui consiste au désir de domination, universel et hors de son ordre.
Une nouvelle sensibilité culturelle a émergé dans laquelle tuer son compatriote est devenu le prolongement d’un jeu. Des formes de cruauté plus intimes, plus horribles et plus lentes apparaissent. Après avoir déboulé en processions carnavalesques, on va « rebarrer », obligeant la femme enceinte à se contorsionner pour passer sous la grille de la République de Sainte-Rose, on va faire patienter pendant des heures les ambulances, on va empêcher les infirmières d’assurer les soins quotidiens de nos aînés. Des petits malfrats ont tenu les barrages, pillant, rançonnant, essayant de contraindre pour bénéficier de faveurs sexuelles.
Tout récit historique de l’émergence de la terreur moderne en Guadeloupe devra prendre en compte cette déchéance. Comme si nous n’avions cessé de reculer plus vite que l’avance du temps.
On est bien dans un système inquisitorial inversé – l’hérésie en Guadeloupe est désormais la science mondiale et mondialisée qu’il convient de brûler.
Dimitri A. lasserre, nous explique que nous sommes dans une hétérotopologie, à ne pas confondre avec l’utopie -lieu idéal imaginaire- morienne ou la dystopie huxleyenne (le terme morienne provient de Thomas Moore et le terme huxleyenne d’Aldous Huxley).
L’hétérotopie est un endroit dans lequel une grande place est laissée au fantasmé, au légendaire, à des idéaux multiples.
En témoigne l’attachement que manifeste le LKP à l’endroit de son positionnement historique, mêlé à ses sympathies pour l’idéologie marxiste, qui découle sur un intégrisme à caractère mystique.
« Est-ce un « progressisme » idéaliste ? une marche de l’esprit hégélienne ? une course vers une révolution qui annihilera le capitalisme ? Le LKP voudrait-il être un moyen de la fin de l’histoire ? un prétexte identitaire pêché dans le passé lointain de la communauté qui se l’approprie, mais à coup sûr une structure totalisante ?
La grève générale, apparait plus comme une fin que comme un moyen, ou alors un moyen incorporé dans un processus irréversible, indissociable de sa finalité ».
Si nous suivons la démonstration de Dimitri A. Lasserre, on comprendrait en effet l’acharnement syndical trompeur, transformé en délire conceptuel qui a tenté par transformations psychotiques de verrouiller par le déni, la loi sur l’obligation vaccinale, et les bégaiements hallucinatoires du personnel politique.
Nous avons entendu l’inénarrable ZOU, représentant syndical FO des pompiers, parler de « mourir pour la cause ».
Que chacun joue sa partition !, martèle la CFTC, le seul syndicat qui tient une position « réfléchie », en indiquant que les syndicalistes sont là pour la défense des travailleurs, et non pas sur des problèmes politiques qui relèvent de la souveraineté populaire, celle des urnes, et non pas des conséquences de leurs frustrations individuelles et de leurs propres turpitudes.
Nous parlions de faillite des intelligences. S’agissant des pompiers, le syndicat CFTC est vent debout contre la seule proposition faite par le Conseil général dans cette crise de l’obligation vaccinale, de recruter sans concours les futurs pompiers !
On comprendrait qu’à la marge quelques recrutements soient faits, sans tenir compte de diplômes, (il y a bien la validation des acquis par l’expérience), – et encore cela nous laisse dubitatifs vu l’emprise syndicale et la terreur syndicalo-managériale- mais s’engager sur la voie du « moins sachant », c’est acheter la paix sociale, en déniant aux diplômés la possibilité d’accéder à de tels postes.
Veut-on avoir des pompiers formés, capables de passer d’autres concours supérieurs par la suite, comme le précise le syndicat CFTC, ou de vulgaires bwa bwa manipulés ?
Autre faillite des intelligences, nos étudiantes infirmières interviewées sur les chaînes de télévision. Nous ne sommes pas là pour critiquer la valeur de la formation dispensée en Guadeloupe à nos futures infirmières, mais le peu d’appréhension du monde qui les entoure fait peur. Ce n’est pas une, mais bien des dizaines qui sont totalement larguées quand elles donnent devant les télévisions locales et nationales les chiffres du nombre de personnes vaccinées dans le monde. Non, Mesdames, mesdemoiselles, il n’ y a pas un milliard de doses qui ont été injectées dans le cadre de la vaccination anti-covid, mais bien 7,81 milliards de doses.
« Aux Antilles, pourquoi une telle complaisance ? ». Le professeur de droit public à l’université de Rennes 1, Anne-Marie Le Pourhiet, publie un article dans le Figaro du 3/12/2021. Elle est vice-présidente de l’Association française de droit constitutionnel, et effarée par la lâcheté qui règne dans toutes les institutions guadeloupéennes, mais sans que cela ne l’étonne.
Elle rappelle que le 27 mars 2020, sur recours en référé de l’UGTG, le président du tribunal administratif de Basse-Terre avait rendu une étrange ordonnance enjoignant l’ARS et le CHU de Guadeloupe, « de passer commande des doses nécessaires au traitement de l’épidémie de Covid-19 par l’hydroxychloroquine comme défini par l’IHU Méditerranée infection, le tout en nombre suffisant pour couvrir les besoins présents et à venir de la population de l’archipel guadeloupéen ».
L’ordonnance, précise celle qui a enseigné à l’université Antilles-Guyane, et qui peut porter un regard éclairé sur les décisions des tribunaux rendus en Guadeloupe, s’appuyait explicitement sur les déclarations du professeur Raoult, et se basait sur « le droit à la vie » de la population insulaire.
« Cette décision loufoque, heureusement annulée en appel par le Conseil d’Etat, résume la tyrannie et le chantage qu’exerce de longue date sur les pouvoirs publics, un syndicalisme insulaire irrationnel et infantile », assène la juriste.
On n’a jamais entendu nos élus condamner de telles prises de positions hallucinantes.
Comment pensent-ils que la population guadeloupéenne leur accordera un blanc-seing en matière de politique sanitaire ? Un pouvoir autonome en matière de santé serait la porte ouverte à toutes les dérives, dans les conditions d’exercice des professions de santé en Guadeloupe actuellement. Rappelons quand même que les médecins sont violentés, frappés, humiliés, braqués, suspectés de répandre la mort.
Le 7/12/2021, l’ordre des médecins a justifié le blâme à Didier Raoult « par le fait que le directeur de l’IHU avait promu les effets de l’hydroxychloroquine sans avoir aucune donnée confirmée, sans faire preuve de la prudence nécessaire alors qu’ont existé très rapidement de profondes incertitudes sur les traitements appropriés au Covid-19 ».
Le 2/03/2021, l’OMS avait rendu son avis le 2 mars dans la revue The British Medical Journal : l’hydroxychloroquine n’ a pas d’effet significatif sur le risque de décès ou d’admission à l’hôpital, tandis que d’autres recherches ont montré que l’hydroxychloroquine n’a pas d’effet sur le nombre de cas de Covid-19 rapportés positifs confirmés par les laboratoires et qu’elle augmente le risque d’effets indésirables ».
Or, Le TA de la Guadeloupe, ord. 27 ( 28 selon ce tribunal, 27 selon le texte de l’ordonnance), mars 2020, n° 2000295, « avait surpris la France entière en condamnant un centre hospitalier universitaire ( CHU), – soit le CHU de Guadeloupe- en référé liberté, à passer commande de tests de dépistage et de traitements par l’hydroxychloroquine ! » selon les titres des revues spécialisées de droit, comme le cabinet Landot avocats.
Le jugement du TA de la Martinique, 1er avril 2020 n° 2000186 : (à rebours de la position du TA de la Guadeloupe), et l’arrêt du CE, ord. 28 mars 2020, n° 439765, n° 439693 et n° 439726, et le Conseil d’Etat, au niveau des mesures nationales, et locales, ont refusé toute demande en référé liberté sur des achats ou usages massifs de produits tels que l’hydroxychloroquine ou l’azithromycine.
Le cabinet Landot avocats pouvait titrer : Le Conseil d’Etat siffle la fin de la dissidence du TA de Guadeloupe.
Les juges du TA de la Guadeloupe avaient-ils reçu des menaces ? On ne peut imaginer que ce tribunal soit celui qui sur tout le territoire national, manie avec le moins de compétence les principes généraux du droit !
Quel crédit accorder à nos syndicalistes, à nos hommes politiques ?
A-t-on besoin d’autres exemples, pour comprendre la position du directeur du CHU de la Guadeloupe, qui indique que ce CHU (et par extension tout ce qui concerne le domaine de la santé ) est sous la férule d’un syndicalisme militant, qui a pouvoir de vie et de mort désormais en Guadeloupe ?
On comprend mieux les déclarations de Gérard Cotellon, le directeur, selon lequel, il n’y a pas de loi, pas d’autorité dans ce CHU, sinon celle de Gaby Clavier, ancien secrétaire général de l’UTS-UGTG.
« En ces temps d’imposture universelle, dire la vérité est un acte révolutionnaire » écrivait George Orwell.
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