Le désespoir serait vindicatif et, pourrait-on dire, démocratique
Si j’aperçois un homme (en Guadeloupe ?) dont l’esprit repose dans la sagesse, je tombe dessus et je l’étrangle.
La tentation de Saint-Antoine (Flaubert)
Le désespoir serait vindicatif et, pourrait-on dire, démocratique. En témoignerait la percée du Rassemblement national. Il est essentiellement marqué par l’idée d’un désenchantement face au monde politique guadeloupeen.
Trop de compromissions, de prevarications ont fait disparaître à jamais l’innocence première, celle du Paradis perdu… guadeloupeen.
L’angoisse semble être vertige devant l’absence de mystère, l’absence d’idéal. La désespérance paraît pouvoir se décliner sur le mode : « Les assemblées politiques guadeloupeennes sont tristes, hélas, et j’ai lu toutes les professions de foi»…
« Je cherche des parfums nouveaux, des fleurs plus larges, des plaisirs inéprouvés. », écrit aussi Flaubert. Les citoyens antillais seraient à la recherche de sensations politiques nouvelles.
On peut voir dans ces instants politiques une manifestation comparable à ce qu’ont été les mouvements insurrectionnels – nés du fracas révolutionnaire de 2009 et de son avatar dans la crise Covid – qui affirmaient en même temps leur désespoir et leur dégoût de la politique décadente.
Elles prennent la forme d’un sentiment d’impuissance face à un monde finissant, un monde putrescent (la mangrove bétonnée, les eaux guadeloupeennes souillées), à ce désespoir on réagit en cherchant une échappatoire – un refuge, un moyen de transcender son « taedium vitae » (dégoût de la vie), sa névrose – version décadente du spleen –, par une esthétique du précieux, du rare (en témoigne la levée de boucliers dérisoire du monde du gwo-ka guadeloupéen parce qu’Admiral T avait osé apporter une touche nouvelle aux standards, ou cet appel au boycott de Marvin soudainement découvert ivoirien-breton).
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