ESCLAVAGE : POURQUOI ON DEVRAIT NOUS DIRE MERCI !
Le 10 mai 2017, sur le site d’Henry de Lesquen, cette publication de Pascal Domat, dont on ne trouve le nom que sur ce site.
Grâce à qui le Conseil représentatif des associations noires de France (CRAN) peut-il fêter l’anniversaire de l’abolition de l’esclavage ? Grâce à la France. Alors, il est plus que temps d’en finir avec la repentance officielle et le sentiment de culpabilité de l’homme blanc.
Le 10 mai, le Conseil représentatif des associations noires de France (CRAN) célèbre l’anniversaire de la loi Taubira (2001), reconnaissant la traite atlantique – et rien qu’elle – comme un crime contre l’humanité, tout en commémorant les « 163 ans de l’abolition de l’esclavage ». Les militants communautaristes en profitent pour dénoncer « l’esclavage moderne » et défendre la cause des « sans-papiers », c’est-à-dire des immigrés illégaux, présentés comme les nouveaux esclaves de la France. Au passage, les associations communautaires ont caricaturé l’histoire de l’esclavage.
A les entendre, ce phénomène daterait du XVIe siècle et se limiterait aux colonies européennes d’Amérique ou aux plantations de coton. Le maître y est nécessairement blanc. L’esclave obligatoirement noir. D’où, évidemment, l’idée que l’esclavage est intrinsèquement lié au racisme et que l’Afrique aurait pris du « retard » à cause d’une saignée démographique provoquée par les blancs. D’où aussi, demandes de repentance et de compensations financières, deux siècles après. Cette définition un peu forte de café (noir) appelle quelques commentaires.
D’abord, si le CRAN peut se flatter de commémorer les « 163 ans de l’abolition de l’esclavage », c’est uniquement parce que les Européens – qui n’ont pas inventé l’esclavage – sont les premiers à l’avoir aboli. Sans la France, le CRAN aurait l’air malin – et on est poli – en célébrant les quatre ans de l’abolition en Mauritanie (août 2007) ! Notons au passage que la Commission nationale des droits de l’homme de ce pays déplorait, le 22 avril 2011, que cette loi criminalisant l’esclavage « n’ait pas connu d’application »…
En réalité, l’esclavage est un phénomène universel, qui ne peut se limiter aux seuls noirs. Il fut pratiqué sur toute la planète, par tous les peuples, à toutes les époques et existe encore aujourd’hui, notamment en Afrique, où il est réapparu dès la fin de la colonisation. Le mot « esclave », étymologiquement, vient de « Sclavus » – le Slave. Le mot se forge durant l’antiquité tardive, lorsque les peuples d’Europe centrale et de l’est sont massivement asservis par des Francs et des Italiens. Auparavant, on disait « servus », en latin. Les Slaves sont vendus, généralement par des marchands juifs, dès le VIIe siècle, aux trafiquants du monde arabe… Question : pourquoi Vladimir Poutine, le président russe, ne demanderait-il pas des réparations sonnantes et trébuchantes pour compenser l’asservissement de ses ancêtres ? La scène ferait sourire. Alors pourquoi un noir demandant la même chose est-il pris au sérieux ?
Autre question : les blancs sont-ils les seuls à avoir pratiqué l’esclavage ? Incontestablement, non. Les Européens sont même les premières victimes de la traite orientale, menée par des arabo-musulmans. Jusqu’au XIXe siècle, les pirates barbaresques asservissent des blancs. Si repentance il doit y avoir, elle devrait toucher chaque peuple de la terre. Et notamment les Arabes, qui ont largement pratiqué la traite des blancs, comme la traite des noirs. Pour Olivier Pétré-Grenouilleau, spécialiste de l’histoire de l’esclavage, « du fait qu’elles étaient non musulmanes, et donc sujettes au djihad, les populations noires étaient toutes susceptibles de fournir des esclaves. » L’historien Jacques Heers précise qu’il en va de même des blancs asservis par les musulmans.
Pour l’historien anglais Patrick Manning, « le Coran et les lois islamiques encouragent les propriétaires d’esclaves à affranchir les leurs au moment de leur mort. Mais avec le temps et l’extension de l’islam (…) celui-ci semble avoir beaucoup plus fait pour protéger et étendre l’esclavage que l’inverse. » Aujourd’hui, l’esclavage perdure en Afrique et dans le monde arabe, comme une indéracinable coutume, malgré de nombreux simulacres d’abolitions, comme évoqué plus haut, avec l’exemple mauritanien. Si les militants communautaristes africains veulent culpabiliser quelqu’un, c’est là-bas qu’ils devraient aller.Gageons que leurs campagnes médiatiques seront moins entendues qu’en Europe.
Au coeur de la repentance, se trouve également la notion de racisme intrinsèque des blancs à l’égard des noirs. Or, la traite atlantique ne reposait pas sur des préjugés raciaux. Il s’agissait d’un système économique. Avant de faire travailler des noirs, les planteurs ont fait trimer des blancs : les engagés. Ces Européens, qui voulaient tenter leur chance au nouveau monde, se faisaient payer le voyage en échange de trente-six mois de travail agricole gratuit. Ils vivaient dans des conditions bien plus dures que les esclaves, car leur créancier entendait bien en retirer le double ou le triple de ce qu’ils avaient coûté. Et si, à la fin de leur contrat, ils n’étaient plus que des épaves brisées, cela n’avait aucune importance : un engagé en pleine forme prenait la place. C’est la différence entre le salarié et l’esclave, qui a coûté aussi cher qu’un boeuf ou un tracteur d’aujourd’hui, et qu’il est impératif d’amortir financièrement. En outre, le fameux « code noir », célèbre texte juridique encadrant la pratique légale de l’esclavage, obligera le propriétaire à subvenir aux besoins de son esclave jusqu’à sa mort.
Vers 1660, au moment de l’ouverture des hostilités entre les puissances européennes, les engagés se reconvertissent massivement dans la guerre de course. Les planteurs cherchent donc une autre main-d’oeuvre. Ils auraient pris des Chinois ou des Indiens si la Chine ou l’Inde avaient vendu des esclaves. Ils se sont tournés vers l’Afrique parce que, depuis la nuit des temps, les Africains vendaient des Africains. Là encore, les historiens sont formels, ainsi que les sources de l’époque.
Il ne peut donc être question de repentance pour la traite des noirs. De même, aucun Européen ne demande repentance pour nos ancêtres asservis par des peuples étrangers. D’abord, parce que nous avons notre fierté. Ensuite, parce que nous n’attendons pas de compensation politique ou financière de ce genre d’opération… Enfin, d’un point de vue historique, nous comprenons que l’esclavage fut, jadis, une pratique banale.
En revanche, ainsi que le rappelle le CRAN à son corps défendant, il y a 163 ans, la France et les Etats européens ont aboli l’esclavage. Qui dit mieux ? Personne. Ainsi que le souligne Pétré-Grenouilleau, la notion d’abolition est purement « un concept occidental ». Notamment sous l’influence de l’Eglise catholique, nous avons contribué à rendre ignoble une pratique qui semblait normale à tout le monde. Rien que pour cela, le CRAN pourrait nous dire merci !
Pascal Domat
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