Société

Une voix spécifique pour les peuples autochtones amérindiens de Guyane ?

On ne le sait pas encore.
Les Aborigènes d’Australie, eux, n’auront pas de « Voix ». En octobre 2023, les électeurs ont dit « non » au référendum, relatif au projet de loi qui donnait la parole aux autochtones. La campagne du référendum a augmenté les divisions raciales.

Plus de 59% des électeurs avaient voté « non » au texte qui proposait de reconnaître dans la Constitution les Aborigènes comme les premiers habitants de l’île-continent et de leur donner une « voix » spécifique.

Le projet prévoyait de créer un conseil consultatif – surnommé « La Voix » – auprès du Parlement et du gouvernement pour émettre des avis sur les lois et les politiques publiques qui affectent les populations autochtones. Les Aborigènes et insulaires du détroit de Torres représentent 984 000 personnes, soit 3,8% de la population australienne.

Les défenseurs du projet avaient passé une décennie à développer ce modèle. 
La campagne du référendum a creusé les divisions raciales dans le pays-continent. Elle avait entraîné une avalanche de commentaires racistes sur les médias en ligne.

De fausses informations ont aussi circulé, dont certaines affirment que les titres de propriété pourraient être remis en cause ou que des réparations devraient être versées si la réforme passait. 

« Ce soir, je tiens à reconnaître que pour de nombreux Aborigènes et insulaires du détroit de Torres cette campagne a été un fardeau lourd à porter. Et ce résultat sera très difficile à supporter », avait déclaré le Premier ministre australien le soir des résultats.

D’abord largement majoritaire, le camp favorable au changement de la Constitution de 1901 n’a cessé de perdre du terrain les derniers mois, en raison notamment de la campagne menée par l’opposition conservatrice, dirigée par l’ancien ministre de la Défense Peter Dutton.

Pour le camp conservateur, la réforme constituait un bricolage constitutionnel et aurait créé des divisions au sein de la société, en créant une distinction de citoyenneté.

« C’est un résultat difficile, un résultat très difficile », a déclaré le directeur de la campagne « Yes23 » Dean Parkin. « On a fait tout ce qu’on a pu, et nous allons y revenir », a-t-il assuré.

Pour les partisans de « La Voix », cette réforme devait contribuer à panser les plaies encore vives d’un passé de colonisation et de répression raciale.

Aujourd’hui, plus de 200 ans après la colonisation britannique, les Australiens autochtones, dont les ancêtres vivent sur le continent depuis au moins 60.000 ans, ont les mêmes droits que les autres citoyens, mais ils souffrent toujours de fortes inégalités.

Les partisans du oui avaient estimé avant le scrutin que si « La Voix » était rejetée, ce serait « un jour de honte pour l’Australie ».

Certains électeurs qui ont fait campagne pour le « non », avaient expliqué vouloir « éviter qu’une couche supplémentaire de bureaucratie ne s’ajoute à notre Constitution ».

Ils confiaient avoir été traités de racistes alors qu’ils distribuaient des tracts près d’un bureau de vote de Sydney. « Je ne le suis pas », a affirmé l’une de ces électrices.

Le chef aborigène Thomas Mayo avait dit sa colère contre ceux qui ont fait campagne en faveur du « non ».

« Ils ont menti aux Australiens. Cette malhonnêteté ne devrait pas être oubliée par le peuple australien ».

« Il devrait y avoir des répercussions pour ce type de comportement dans notre démocratie, ils ne devraient pas pouvoir s’en sortir comme ça ».

Le Premier ministre de centre-gauche, Anthony Albanese, qui s’était beaucoup impliqué dans la campagne avait lancé un dernier appel aux électeurs, qui ne l’ont pas entendu. 

Le 13 avril, le Congrès des élus de Guyane, a adopté à une très courte majorité la résolution sur la représentation des peuples autochtones au sein de la future collectivité autonome. Sur 62 votants, 30 se sont exprimés pour, 27 contre et cinq élus se sont abstenus. 

Après cinq heures de débats houleux, le texte rédigé par les représentants des six nations autochtones a été voté sans modifications.

Une demande des autorités coutumières à laquelle a accédé Gabriel Serville, soulevant la fureur de l’opposition qui a dénoncé à la fois un déni de démocratie et l’adoption de mesures contraires au droit français, et donc de fait, inapplicables.

Outre cette « reconnaissance » des « droits et des identités » des six peuples autochtones, la résolution ouvre la voie à la création d’une Assemblée des hautes autorités amérindiennes (AHAAG). Cette autorité publique indépendante représentera les six nations autochtones et aura le droit d’émettre des avis conformes, c’est-à-dire contraignants, sur un certain nombre de sujets, notamment sur les projets ou l’élaboration des « lois Peyi » impactant directement ou indirectement les peuples autochtones ».

Si cette autorité donne une voix aux Amérindiens, jusque-là très peu représentés dans les instances décisionnaires, Guyane la 1ère indiquait que plusieurs élus craignent qu’elle n’entraîne de « nouveaux blocages », là où le but de l’évolution statutaire est justement de s’émanciper de normes trop contraignantes venues de Paris.

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Théo LESCRUTATEUR

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