Société

Que reste-t-il de la pétition d’Alexane sur les propos de Victor Hugo ?

Il y a un mois une pétition lancée par Alexane Ozier-Lafontaine, lycéenne en Martinique et dénonçant les propos racistes de Victor Hugo faisait la une de toute la presse antillaise. En tant que descendante d’Esclave, elle demandait une réforme du programme scolaire des élèves de classe de 1ère afin que cette « part sombre de Victor Hugo » (M.D) soit enseignée.

Nous avons voulu savoir l’impact de sa proposition, une fois le buzz retombé. Et là, quelle ne fut pas notre surprise de découvrir que cette pétition n’avait recueilli à ce jour que 2650 soutiens. Oui, malgré les relais de Martinique 1ere, RCI, France Antilles, la jeune étudiante n’a pas trouvé grand monde pour la soutenir d’abord, l’encadrer ensuite, la diriger ou du moins reprendre sa proposition et en débattre.

Voici donc la réponse que l’on offre à une jeunesse (déclarée en perdition) quand elle s’indigne et cherche à prendre son destin en main. Une indifférence des adultes de nos îles qui veulent que leur progéniture se taise et passe son bac avant de partir là-bas dans une fuite en avant schizophrénique. Une société qui vit et respire par les réseaux sociaux mais n’est pas capable d’un clic de soutien, d’un encouragement.

Nous reproduisons ici sa pétition que vous trouverez sur le site change.org et le lien :

https://www.change.org/p/in-order-for-french-teachers-to-learn-that-victor-hugo-was-also-a-racist


Bonjour Monsieur Jean-Michel Blanquer.
Etant élève de première générale, et passant l’épreuve du baccalauréat de Français au mois de Juin, j’ai eu à étudier cette année de nombreux auteurs, notamment Victor Hugo. Ce dernier nous a été présenté comme un homme de foi, juste, respectable, avec beaucoup d’amour pour tous les hommes, peu importe leur richesse, leur âge, ou leur milieu social.

Malheureusement, j’ai découvert il y a peu de temps que son amour pour les hommes avait des limites, ce que ne m’avait pas appris mon professeur de français; je suis tombée par hasard sur un article de journal internet qui relatait le « Discours sur l’Afrique » que Victor Hugo aurait tenu le 18 Mai 1879, lors d’un banquet commémoratif de l’abolition de l’esclavage.
En voici quelques extraits: « Au dix-neuvième siècle, le blanc a fait du noir un homme ; au vingtième siècle, l’Europe fera de l’Afrique un monde.
(Applaudissements) Refaire une Afrique nouvelle, rendre la vieille Afrique maniable à la civilisation, tel est le problème. L’Europe le résoudra. Allez, Peuples ! Emparez-vous de cette terre. Prenez là.
A qui ? À personne »

« Prenez cette terre à Dieu. Dieu donne la terre aux hommes, Dieu offre l’Afrique à l’Europe. Prenez-la… Versez votre trop-plein dans cette Afrique, et du même coup résolvez vos questions sociales. »

« Quelle terre que cette Afrique! L’Asie a son histoire, l’Amérique a son histoire, l’Australie elle-même a son histoire; l’Afrique n’a pas d’histoire. Une sorte de légende vaste et obscure l’enveloppe. Rome l’a touchée, pour la supprimer; et, quand elle s’est crue délivrée de l’Afrique, Rome a jeté sur cette morte immense une de ces épithètes qui ne se traduisent pas: Africa portentosa! (Applaudissements.) »

Au cours de mon année scolaire, j’ai réellement pris conscience, pour la première fois, de l’impact que la littérature pouvait avoir sur la société. J’ai appris que celle-ci a toujours jouée un rôle majeur dans l’histoire de la France. C’est donc en tant que citoyenne Française, mais aussi en tant que descendante d’Esclave que je vous demande aujourd’hui, au nom de la liberté, de l’égalité, et de la fraternité, de réformer le programme scolaire des élèves de classe de première des îles françaises, mais aussi de toute la France. Car comment peut-on dire aux jeunes Martiniquais, Guadeloupéens et autres jeunes antillais qu’ils sont Français et égaux aux Français de métropole si l’on nous apprend à l’école les paroles d’un homme qui, il y a 138 ans seulement, tenait des propos tels que « Que serait l’Afrique sans les blancs? Rien : un bloc de sable; la nuit; la paralysie; des paysages lunaires.

L’Afrique n’existe que parce que l’homme blanc l’a touchée. » On ne peut pas. Ces mots sont choquants et nous nous devons, au 21ème siècle, de ne plus les enterrer comme si de rien n’était. Je sais que je vous en demande beaucoup, et que tout cela ne relève pas de votre compétence. Alors s’il ne vous est pas possible de supprimer complètement Victor Hugo de nos livres, je vous demande de bien vouloir imposer aux professeurs de Français de ne plus nous le présenter comme un homme parfait n’ayant aucun défaut.
Cordialement,
Ozier-Lafontaine Alexane.

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