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La place Vendôme à l’heure guadeloupéenne

Hier, Justine BENIN, Hélène VAINQUEUR-CHRISTOPHE et Max MATHIASIN, Députés de la Guadeloupe avaient rendez-vous avec la Garde des Sceaux NICOLE BELLOUBET à la Chancellerie. 

Justine BENIN était déjà tournée vers l’avenir évoquant pour le lendemain sa  » belle rencontre avec les Guadeloupéens de l’hexagone dans le 13 ème arrondissement, un moment de convivialité certes, mais aussi un moment d’échange sur la situation économique et sociale de la Guadeloupe », elle tenait à préciser qu’il ne s’agirait pas d’une conférence.  « Je ne détiens pas la vérité, je prétends être un humble serviteur de la Guadeloupe pour parler et échanger avec ceux qui vivent ici ».

Max MATHIASIN, a bien voulu revenir sur sa question au Premier Ministre sur l’esclavage en pratique en Lybie.

97L : 24 heures après votre intervention applaudie, que ressentez-vous ?

Max MATHIASIN : J’ai été particulièrement ému et surpris par la réaction de mes collègues députés dans la mesure ou mon intervention était l’une parmi 6 autres. Moi je tenais à en parler parce que c’est un problème poignant qui touche tous les Antillo-Guyanais-Réunionais et d’autres, tous ceux qui sont concernés par l’esclavage et qui ont été touchés dans leur chair quand ils ont vu les images diffusées par CNN.

Et pourtant ça fait 1 an que ce type d’images circule mais elles n’avaient pas été authentifiées. On ne savait pas si c’était des fakes news aussi hésitait-on à intervenir. Mais en les voyant, chez moi,  j’ai été pris par l’émotion. Je me suis dit qu’il fallait en parler et le lieu le plus indiqué était l’hémicycle devant la représentation nationale.

97L : La référerence à votre ancêtre esclave a-t-elle été mûrement réfléchie ?

M.M : Peut-on mieux parler de quelque chose que lorsque parle de soi ? J’ai décidé d’en référer à mes aïeux, à ceux qui nous ont précédés et qui sont arrivés arrachés à leur terre d’Afrique, partis hommes libres et arrivés esclaves. Et je me suis dit ma grand-mère me parlait de son grand-père qui a connu l’abolition de l’esclavage et dont j’ai les papiers. Je me suis dit : je vais en parler de cette façon, de manière extrêmement simple. J’ai imaginé tous ces hommes qui n’avaient rien, qui espéraient et se battaient pour leur liberté. J’ai aussi pensé à Delgrès qui s’est battu à Baillif, il s’est réfugié dans la montagne. Il s’était adressé à la postérité dans une affiche à Basse-Terre. Ce mot postérité est un mot qui me hante car nous sommes de cette postérité. Il y a une postérité qui viendra après nous.

Il faut que plus jamais des hommes soient vendus par d’autres hommes, quelque soit leur provenance, car ils ne cherchent qu’à vivre.  C’est tout à fait naturel que des hommes qui vivent l’oppression, qui ont faim, qui sont dans la misère, les hommes arrêtés par des barrières cherchent à franchir des frontières pour vivre.

97L : Les réactions des députés en sortant de l’hémicycle ?

M.M  : Déjà dans l’hémicycle beaucoup sont venus me voir, certains m’ont serré dans leurs bras, d’autres ont pleuré, toutes couleurs confondues. J’ai vu des larmes, même chez les journalistes. Mais moi j’avais le sentiment que je n’avais rien fait d’extraordinaire que d’exposer une vérité qui aurait du être exposée tout le temps, que nous ne devrions jamais perdre de vue. Cette vérité c’est celle qui doit nous guider. La France est terre de liberté. La Révolution Française c’était pour conquérir la liberté face à l’oppression. L’abolition de l’esclavage en 1794 était une façon de dire non à l’esclavage. Réinstauré par Napoléon Bonaparte, il a duré très longtemps, près de 46 ans.

Nous sommes les enfants de cet héritage quelque soit notre couleur de peau. La France est dans l’Océan Pacifique, Atlantique et Indien, mais la France doit comprendre qu’elle est un syncrétisme culturel. Ces colonisés devenus citoyens quand on veut les avoir dans une forme de communauté, il faut combattre l’horreur partout où elle se déroule. c’est pour cela qu’il faut intensifier l’aide humanitaire, l’aide au développement car l’Afrique a donné ses hommes.

Quand vous enlevez pendant plusieurs siècles les jeunes, les forces vives d’un pays, vous empêchez le développement de ce pays car c’est la jeunesse qui crée. Les personnes âgées peuvent être dépositaires de la mémoire, mais ceux qui sont en age de travailler innovent, apportent la richesse sont les jeunes. Il faut aussi que les chefs d’état africains changent de comportement vis à vis de leur population et que les richesses de l’Afrique soient investies en Afrique. L’Afrique est un continent riche qui doit être aidé notamment par les anciens pays colonisateurs afin de ne plus voir ces abominations et la mer rejeter le corps de ces enfants d’Afrique.

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Joël DIN

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