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Je suis une salope, mais pas la tienne !

Dédicace à un caneton ultramarin

Une jeune femme sort nue d’un véhicule stationné dans une rue de Fort-de-France et s’enfuit. Prostituée, elle vient de poignarder un de ses clients.

En Martinique, la reconstitution de ce crime était organisée cette semaine.

La meurtrière était-elle comme Madeleine «  Une vraie petite salope, sous ses airs d’ange transparent » selon les mots de l’écrivain Jacques Chessex dans « Le dernier Crâne de M. de Sade »( Editions Grasset ).  Il met en scène le divin marquis, vieillard obèse qui reçoit les visites de Madeleine.

Selon l’analyse sociologique de Desmond MORRIS dans son ouvrage de référence, Le couple nu,  « les seins dotent la femelle d’un signal sexuel puissant, quand debout, position propre à notre espèce, elle fait face au mâle ».

Les prostituées victimes de violences doivent-elles s’en prendre à elles-mêmes ?

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En organisant la Marcha de las Putas en avril 2015, pour la deuxième fois en Colombie, une présidente d’association Mar CANDELA  tente de répondre à ces questions qui n’ont plus lieu d’être. Abasourdie par la mort d’une jeune toxicomane victime de viols répétés, elle a organisé cette marche dont le sigle « PUTA » ( Pour une transformation authentique ) est devenu un signe de ralliement pour les sud-américaines.

Prostituées ou pas, les femmes défendent leur droit à vivre et à s’habiller comme elles l’entendent, sans devoir subir les violences masculines.

Une tenue sexy est-elle une incitation au viol ?

Le SlutWalk,  littéralement « marche des salopes », est une série de manifestations commencées le 3 avril 2011 au Canada..

Le « constable » Michael Sanguinetti de la police de Toronto avait suggéré que pour diminuer les risques de viol, « les femmes doivent éviter de s’habiller comme des salopes ». En réaction à ces propos, lors de ces manifestations, de nombreuses femmes s’habillent de manière très révélatrice, parfois si peu couvertes qu’en dehors de ces manifestations, elles pourraient être accusées d’exhibition sexuelle.

Les pancartes brandies sont, elles aussi, révélatrices : Je suis une salope, mais pas la tienne.

SlutWalk 1Elles sont des putains, mais pas respectueuses ( allusion à « La putain respectueuse » de Jean-Paul SARTRE ? )

Mais disposer de son corps , expression de l’individualité et de l’identité féminines, est-il le signe d’une plus grande liberté ou d’une inconsciente servitude ?

«  Dans la panoplie de la consommation, il est un objet plus beau, plus précieux- plus lourd de connotations encore que l’automobile qui pourtant les résume tous : c’est le corps. Sa redécouverte, après une ère millénaire de puritanisme, sous le signe de la libération physique et sexuelle, sa toute présence ( et spécifiquement du corps féminin, il faudra voir pourquoi) l’obsession de jeunesse, d’élégance, de virilité/féminité, les soins, les régimes, les pratiques sacrificielles qui s’y rattachent, le Mythe du plaisir qui l’enveloppe – tout témoigne aujourd’hui que le corps est devenu objet de salut. Il s’est littéralement substitué à l’âme dans cette fonction morale et idéologique ». Jean Baudrillard, La société de consommation, Editions Denoël.

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Mais le glauque contenu dans les rapports sexuels monnayés lui perdure. Comme le dit le critique Joseph Mace-Scaron dans une de ses chroniques sur le roman cité de Jacques Chessex, «  il faut de l’imagination pour voir dans ce gros tas de viande qui halète sous le boutoir l’esprit le plus libre et le plus aigu de son siècle »

Et si certains ou certaines d’entre nous ne répondaient plus aux différents stimuli sexuels, écoeurés par l’avalanche d’incitations, dans notre XXI ème siècle, ou  bloqués par les difficultés de la vie de couple ?

Dans le film, the Lobster, prix du Jury au festival de Cannes de l’ année 2015, toute personne célibataire est arrêtée, transférée à l’hôtel et a 45 jours pour trouver l’âme sœur. Passé ce délai, elle sera transformée en l’animal de son choix.

Rachel Weisz dans "the lobster"

Rachel Weisz dans « the lobster ». Gare à ceux qui succombent !

Une fois par jour, les pensionnaires de l’hôtel, partent à la chasse aux célibataires récalcitrant(e)s, appelés les solitaires, cachés dans la forêt attenante à l’hôtel, armés de fusils à seringues endormantes. Un solitaire ramené, c’est un jour de plus pour trouver l’amour.

Pour échapper à ce destin, un homme s’enfuit et rejoint dans les bois le groupe de résistants, les solitaires, groupe où le flirt et les relations sexuelles sont interdits.

Irons-nous à la chasse de ces célibataires sur les paquebots de la compagnie COSTA ?

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Selon les dernières statistiques,  les guadeloupéens représentent 6 % de la totalité des clients de la compagnie, et 50 % en zone caraïbe !

Dans ce huis-clos favorable, les fusils à seringues endormantes sont remplacés par les régimes amincissants que proposent les instituts pour quelques milliers d’euros, préalables aux maillots échancrés revêtues par nos naïades, et aux pectoraux avantageux dévoilés par les Gwada boys ou les Matininos.

 

 

 

 

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Théo LESCRUTATEUR

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