Société

De l’irrationalité à la panique des décideurs guadeloupéens

L’irrationalité décisionnelle serait normale, et l’homme de l’organisation à la sauce guadeloupéenne serait le jouet de phénomènes qui le dépassent. Mais la gabegie organisée ne séduit plus.

Assistons-nous à une « Berceuse pour endormir les morts », à une catastrophe organisationnelle, à une organisation détraquée, à un assassinat programmé de l’écosystème ?

Même si nous ne sommes pas encore au royaume du père Ubu, symbole du délire du pouvoir et de l’absurdité, roi grotesque symbolisant la tyrannie, qui souhaite devenir esclave dans le but d’être plus puissant, nous en prenons la pente.

En effet, le Père Ubu, comme l’homme politique guadeloupéen, est écoeuré du pouvoir. Ce dernier se cache, se tait.

L’histoire d’UBU esclave se heurte à celle de citoyens qui, se veulent libres à tout prix, désobéissent à tous les ordres, prennent toutes les règles sociales à contre-pied. En matière de vantardise jointe à la lâcheté, de cupidité jointe au nationalisme, les spécialistes disent que chacun peut faire le rapprochement qu’il voudra. Echappant à toute interprétation définitive, l’oeuvre de Jarry traverse les époques.

Le récit du modèle de l’acteur rationnel proposé par Graham Allison (1971) vole en éclats sur l’archipel.
Selon le modèle de la décision rationnelle, les décisions doivent être prises en anticipant les conséquences des différentes options qui se présentent face à un problème donné, et en les comparant pour choisir celles qui présentent le meilleur ratio coût-bénéfice.

Restons sur les problèmes urbanistiques et environnementaux.

Nos décideurs empêtrés dans des choix absurdes qui flattaient leur ego, ont du mal à comprendre que l’obstination aggrave les problèmes fondamentaux, et que nous sommes passés à une nouvelle phase où le salut résultera de choix économiques plus productifs, plus innovants, et plus durables.

Dans « Ubu enchaîné », une foule de forçats se battent, sous la conduite d’Ubu, pour leur esclavage et contre les partisans de la liberté, qu’ils finissent par massacrer.

@montage97Land

Toujours plus de centres commerciaux, toujours plus de routes saturées, toujours plus de pollution, toujours moins de forêts, revendiquent nos décideurs.

Quoiqu’aux dernières nouvelles, ils auraient « suspendu » les travaux d’agrandissement de la plate-forme aéroportuaire Pole-Caraïbes. Leur frénésie et leur appétit monstrueux n’ont été stoppés que par la Covid.

Les grands projets aéroportuaires ont du plomb dans l’aile ; Trois ans après l’arrêt de Notre-Dame-des-Landes, le projet de terminal 4 de Roissy, est stoppé.

Il ne fait plus aucun doute qu’en Guadeloupe, ce projet n’est plus en adéquation avec les enjeux environnementaux, ni avec un trafic aérien ébranlé par la crise sanitaire.

Le gouvernement en ce qui concerne Roissy a demandé au groupe ADP d’abandonner son projet et de lui en présenter un nouveau, plus cohérent avec ses objectifs de lutte contre le changement climatique et de protection de l’environnement, a annoncé la ministre de la transition écologique. Le Monde du 11 février 2021 révélait qu’ en décembre 2020, le trafic n’atteignait au niveau national guère que 25 % du niveau prescris, et que les perspectives de moyen terme sont inexistantes.

D’où notre interrogation ? Avons-nous des responsables soucieux de la transition écologique en Guadeloupe ?

Pourquoi en Guadeloupe, l’arrêt définitif de toute extension de l’aéroport n’est-il pas inscrit à l’ordre du jour de nos assemblées ? Pourquoi aucune décision n’est prise concernant l’arrêt de toute construction nouvelle sur la zone de Jarry ? L’essence de la gabegie organisée, consiste dans le fait que les moyens deviennent une fin eux-mêmes.

La perversion débute quand il y a primauté de la loi capitalistique sur la vie, de l’entrepôt sur la mangrove (le cas de Jarry est stupéfiant).

@montage97land

Fiat justitia, pereat mundus (Que justice soit faite, le monde dût-il périr).

Ils préfèrent tuer la Guadeloupe pourvu que leur plate-forme aéroportuaire, leur piste motards, leur énième centre commercial, leur Centre des Arts monstrueusement inachevé, leur zone économique de Jarry mortifère sortent de terre. La protection de l’environnement est une bonne blague en Guadeloupe.
Que mon golf soit édifié, la Guadeloupe dût-elle périr !

Le fétichisme des formes est affiché, la dégénérescence parasitique s’est installée sur une énorme échelle, le capitalisme hideusement tropicalisé suinte désormais par tous les pores de nos décideurs.
La lueur d’espoir viendrait-elle de la perte de toutes nos illusions ? Le maire de Pointe-à-Pitre souhaite se débarrasser du Centre des arts, en le cédant au plus offrant (comme le maire de Marseille veut vendre le stade vélodrome).

Quel gâchis, quand on sait que toute une génération a succombé aux délices de la culture dans ce même Centre des Arts !

Une lueur d’espoir nous vient toutefois du lycée de Baimbridge dont les bâtiments ont été réhabilités, dans le cadre du plan anti-sismique. Bravo à l’équipe régionale et aux autres collectivités participantes de ce chantier de longue haleine.

En parlant du lycée de Baimbridge, comment ne pas penser à Yvon Leborgne, professeur de philosophie, qui brandissant un France-Antilles, montrait à ses élèves la une du journal avec un manguier ?
Un voleur poursuivi par quelques costauds n’avait trouvé pour tout refuge que la branche basse d’un manguier.
Les policiers avertis, attendaient tranquillement que l’individu, succombant à la fatigue ou à la chaleur, se décide de lui-même d’atterrir sur l’herbe sèche.
Voilà où en est arrivée la Guadeloupe ! proclamait, dépité, Yvon Leborgne. Quitte à être voleur, essayez d’être un voleur ou escroc émérite, dont les talents seraient appréciés unanimement par la communauté internationale

La voie de l’excellence que nous évoquions ?

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Théo LESCRUTATEUR

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