Société

Une antillamania fébrile sous prétexte d’authenticité

N’avons-nous plus que des reliques politiques et syndicales ? Chalus, Domota, Serge Letchimy, Gaby Clavier, Marie-Jeanne ?
Malheureusement, il faut se méfier aussi des boulangers, des tailleurs, des drapiers. Expliquons-nous.

Alors qu’ils ne constituent plus assurément un voyage exploratoire vers l’inconnu, mais bien plutôt un affichage auto-promotionnel, nos leaders ne cessent de brandir la bannière d’authenticité.
Le résultat le plus probant ne fut qu’une nébuleuse pré-rationnelle, une foule entrainée vers l’abîme et l’annihilation.

Nous avons eu la preuve d’une involution sectaire aggravée, d’un repli « dur », « extrémiste », « passéiste », « puriste », rapporté à une forme d’antillamania fébrile par des intellectuels petits-bourgeois antillais en situation de frustration, technocrates de la violence.

Des melchiorites ?

Les melchiorites formaient un groupe particulier parmi les anabaptistes, membres de l’église protestante. Ils rejetaient le pacifisme des autres anabaptistes, et au contraire préconisaient la violence pour renverser les dirigeants de la société, et la préparer à l’arrivée du Royaume de Dieu.

Très durement réprimés aux Pays-Bas, les melchiorites étaient venus nombreux chercher refuge à Münster. Leur chef s’appelait Jan Matthijs. Il était secondé par un boulanger de Haarlem, (ville des Pays-Bas), et par un tailleur de Leyde, dit Jean de Leyde.

Jan Matthijs identifie Münster comme « la nouvelle Jérusalem » dont il est question dans le livre de l’Apocalypse, et le 5 janvier 1534, un certain nombre de ses disciples entre dans la ville et y introduit le baptême des adultes, baptisant notamment plus de mille adultes. Des préparatifs énergiques commencent, non seulement pour maintenir ce qui est déjà acquis, mais afin de conquérir le monde à partir de Münster.

La ville est très vite assiégée par le prince-évêque. En avril 1534, le dimanche de Pâques, Jan Matthijs, qui a prophétisé le jugement de Dieu à venir sur les méchants ce jour-là, fait une sortie avec seulement trente hommes. Coupé du reste de ses partisans, il est tué, sa tête coupée et placée sur un poteau bien en vue des assiégés, et ses organes génitaux cloués sur la porte de la ville. Jean de Leyde est alors intronisé comme son successeur politique et religieux, justifiant son autorité et ses décisions par des visions célestes. Son autorité augmente, au point où il se proclame lui-même le successeur de David et adopte des insignes et des honneurs royaux, et assume le pouvoir absolu dans la « nouvelle Sion ».

Il légalise la polygamie, et prend lui-même seize femmes. Cette polygamie lui permet, à lui et à ses principaux sbires, d’épouser de force les veuves de ses opposants décapités. On lui attribue aussi la décapitation publique d’une femme qui aurait refusé ce mariage. La communauté des biens est également établie. Pendant ce temps, la plupart des habitants de Münster meurent de faim en raison des privations causées par un siège qui va se prolonger plus d’un an.

Après une résistance opiniâtre, la ville est reprise le 24 juin 1535 par l’archevêque dont la faible armée a été renforcée par les princes allemands. En janvier 1536, Jean de Leyde, un drapier et un chancelier, les trois plus importants dirigeants survivants de la « nouvelle Sion », sont torturés et exécutés sur la place du marché de Münster. Leurs cadavres sont exposés dans des cages suspendues au clocher de l’église Saint-Lambert. Les cages sont toujours exposées, bien que les ossements aient été retirés entretemps.

La déconnexion vis-à-vis du réel conduit à un registre « protestataire » stérile, une marginalisation au point de ne pouvoir être le fait que d’un monde social, mental et symbolique, autre et congénitalement marginal et débilitant, assurent plusieurs théoriciens politiques.

Il faudrait lire et relire Hannah Arendt. Cette dernière faisait appel aux notions de « bureaucratie » et de « règne de l’Anonyme » pour désigner « le plus tyrannique » des « systèmes de domination », et elle y trouvait l’une des causes qui pouvaient conduire à la violence dans les sociétés contemporaines. En effet, le caractère systémique de la domination rend impossible la localisation de la responsabilité et l’identification de l’adversaire.

L’adversaire aux Antilles lors de la crise Covid ne pouvait pas être donc Gérard Cotellon ou ces étranges médecins « parcourant les couloirs à 3 h du matin et cherchant à vacciner votre grand-mère  » (oui, oui ! Tout et n’importe quoi à été  dit) mais bien plutôt Pfizzer, ou Macron, ou Olivier Véran, ou Ursula von der Leyen, ou à la rigueur Bill Gates, celui qui voulait installer des puces électroniques dans nos corps. Mais qui l’aura compris ?

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Théo LESCRUTATEUR

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