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CHAUFFEUR A BAIE-MAHAULT ET MENACE POUR LA DEMOCRATIE ?

Les syndicats guadeloupéens sont-ils composés d’individus égoïstes et irrationnels, qui ne sauraient comprendre la notion de bien commun ?

« Comment gouverner un peuple-roi ? » de Pierre-Henri Tavoillot évoque immanquablement l’image d’un peuple encore enfant, rétif aux limites qu’on lui impose. C’est naturellement la position de la maire de Baie-Mahault.

A l’inverse, ces mêmes syndicats rétorquent que la démocratie est un mythe, un mensonge qui permet de légitimer ce qui est illégitime : la confiscation du pouvoir par une minorité de privilégiés au profit de la majorité.

A Baie-Mahault, nous serions dans la situation inverse de la vedette du football turc devenue chauffeur Uber aux Etats-Unis. Sans nul doute, le plus grand joueur de l’histoire du football turc, HAKAN SÜKÜR , celui qu’on surnommait le taureau du Bosphore lorsqu’il martyrisait les défenses adverses. En 2008, l’ancien international avait mis un terme à sa carrière avant de se tourner vers la politique avec succès.

Il avait été élu au Parlement. En 2016, le pouvoir en place l’a considéré comme étant un proche du prédicateur Fethullah Gülen, à l’origine de la tentative de coup d’Etat.

HAKAN SÜKÜR a accusé Erdogan d’avoir confisqué la démocratie au peuple. Forcé à émigrer, après avoir vendu des livres, il enchaîne les petits boulots aux Etats-Unis et est devenu chauffeur Uber.

A contrario, à Baie-Mahault, la commune est paralysée par un mouvement social, parce qu’on considère que le chauffeur est devenu roi. Après des barrages érigés aux entrées de la ville, les établissements scolaires ont du fermer suite à des menaces d’intrusion.

Pourquoi le chauffeur de Madame le Maire a beaucoup plus que les autres travailleurs ? « Elle nous répond que c’est son mari », affirme à la radio un leader syndical.

Ce n’est pas son statut de mari qui nous intéresse, c’est son statut de travailleur.

La gouvernance par les intérêts particuliers confisquerait-telle le gouvernement par le peuple ?

Ces péripéties sociales et municipales nous donnent l’occasion de revenir sur le film Miss Daisy et son chauffeur (Driving Miss Daisy), réalisé par Bruce Beresford en 1989, magnifiquement résumé par le site Explication de film.com.

La vie n’a rien à voir avec Lucky Luke, seul sur sa monture. Elle s’apparente davantage à du covoiturage. On fait toujours la route accompagné. Il faut donc savoir cohabiter, ce qui n’est pas vraiment dans les habitudes de Miss Daisy.

Miss Daisy Werthan ( Jessica Tandy) est veuve, et retraitée. Après un accident de voiture, son fils Boolie (Dan Akroyd), se rend à l’évidence : sa mère ne peut plus conduire. Il engage Hoke Colburn (Morgan Freeman), un chauffeur afro-américain.

Miss Daisy n’est pas tendre, et Hoke fait preuve de caractère, ce qui n’arrange rien. Il pousse un coup de gueule nécessaire pour remettre les pendules à l’heure.

Miss Daisy découvre que Hoke ne sait pas lire. Elle était institutrice. Elle va lui donner une méthode pour apprendre.

Tous les deux font face ensemble aux racistes de l’Alabama et aux antisémites de Géorgie.

Un matin, Hoke la surprend désorientée. Miss Daisy est en pleine crise de démence. Il réussit à la calmer. Elle ne peut plus désormais vivre seule. Son fils décide à regret de la placer à l’hospice où Hoke continue de venir la voir.

Partons du principe que la vie est un trajet. Il faut donc savoir cohabiter, ce qui n’est pas dans les habitudes de Miss Daisy, des maires et syndicats en Guadeloupe.

Il faut savoir accepter qu’on n’est pas tout seul sur terre, qu’on n’est pas éternel. Cohabiter c’est donner une chance à l’autre d’exister. Sur cette route, on finit forcément un jour par tomber en panne d’essence. Et si quelqu’un vous prend en stop…

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Théo LESCRUTATEUR

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