Société

Tous auront tué l’enfant antillais

Tous auront tué l’enfant guadeloupéen et martiniquais. Mais aucun n’avouera son crime.

La meute est un être collectif. Une fois rattrapée, la proie succombera d’une multitude de coups et de morsures : tous l’auront tuée, mais aucun n’en aura été l’assassin (Grégoire Chamayou – Les chasses à l’homme).

L’insoumission généralisée qui caractérise les îles de Guadeloupe et de Martinique, les complicités de tous bords, (politiques, syndicales, claniques, sociétales), produisent les figures de la décadence et du malheur.

Une « machination » est mise en place pour inhumer les cervelles des petits antillais, une perfide lutte se manifeste pour inculquer à nos enfants la répugnance pour le travail.

Le rapport de l’Assemblée nationale est accablant sur l’enseignement en Guadeloupe, en Martinique et à la Réunion.

20 % de jours de classes perdus pour diverses causes (grève, coupures d’eau, opérations de dératisation, événements climatiques).

Pourtant en Guadeloupe, et en Martinique, le facteur humain semble prédominant.

Enseignants, (vous ne vous rendiez pas compte que vous étiez les plus déterminés et les plus acharnés en Guadeloupe et en Martinique à participer à la curie, pensez à votre  grève insensée dans la durée s’agissant des retraites), syndicats,  parents, moi, vous, nous, dans ce jeu de la connivence qui aboutit à ce que les écoles soient fermées depuis deux ans,  il sera finalement proposé  pour mieux les exclure un stage à Guadeloupe Formation ou au Greta de Martinique.

Cette école sera également bâtie sur un désert pédagogique où Victor Hugo, pas plus que Toussaint Louverture n’auront droit de cité. Ce jeune ne doit donc pas savoir que Bug-Jargal, écrit par un surdoué de 16 ans, témoignait du retentissement incroyable de la révolution de Saint-Domingue, et présentait un authentique héros noir, même sous un prisme colonial. On ne lui parlera pas non plus des aspects contradictoires du sublime Toussaint-Louverture qui exploita des plantations esclavagistes.

Le rejet de l’école a été institué au rang majestueux de la prophétie.

Tous ces acteurs sont donc incapables d’être à l’écoute de l’enfant, de ses angoisses, de ses espoirs,  mais ils sont surtout inaptes à produire les éléments de leur propre dépassement.

Et si la faillite de l’école guadeloupéenne et martiniquaise n’était ni la conséquence prévisible d’une départementalisation abjecte, ni une erreur de stratégie, mas un choix ?

L’algérien Boualem Sansal avait publié un pamphlet sur les « vaches sacrées » d’une Algérie où les gouvernants pratiquent toujours la langue de bois et maintiennent la population dans « une prison de mots », et « une camisole de force ».

Ces organisations aux multiples visages et sans morale, ces  dictatures de la pensée et de la politique impotentes et stériles, montrent  l’incapacité  que nous avons de dire collectivement qui nous sommes dans ces terres de Guadeloupe et de Martinique, et où nous désirons aller.  

Le chaos dont les medias font état quotidiennement en Guadeloupe et en Martinique se répercute sur la dimension humaine de l’école. Tous, nous feignons de ne rien voir par une lâcheté indicible, alors que les acteurs principaux de l’école s’excluent eux-mêmes dans le confort de leur immobilisme et de leurs postures.

L’école censée éduquer les masses, est devenue un danger pour l’enfant antillais (écoles fermées, cantines fermées = accélération de l’obésité = corps sans âmes = fief de la bêtise ).

Elle semble n’être plus qu’un  cheval de Troie pour faire obtenir des revendications.

Les débats polémiques sur les valeurs et les finalités de l’école (il faudrait a minima que ces écoles fonctionnent pour pouvoir porter un jugement), relèguent au second plan toute innovation pédagogique

Au niveau « supérieur », a été semée une pernicieuse, une morbide rivalité entre Guadeloupe et Martinique (Ah, merci à nos intellectuels) sur les deux pôles.  

La Chasse à l’enfant (1) est un poème de Prévert. Le récit prend place sur une île. On perçoit des cris « d’honnêtes gens » qui poursuivent un enfant, échappé d’une maison de redressement où il était malmené.  Les gendarmes, les rentiers, les touristes, les artistes, le pourchassent en pleine nuit, ce qui le pousse à fuir à la nage. Des coups de feu sont tirés. Le poème s’achève, sans que le lecteur sache si l’enfant est mort ou s’il survit.

La chasse à l’enfant évoque la mutinerie d’août 1934 à la colonie pénitentiaire de Belle-île-en Mer.

Belle-île-en Mer si liée à Marie Galante…

 

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Théo LESCRUTATEUR

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