Société

Qui voudrait ôter son âme au peuple haïtien ?

Un grand peuple sans âme est une vaste foule, a écrit LAMARTINE, dans Ressouvenir du Lac Leman.

Qui voudrait ôter son âme au peuple haïtien ?

Dans la revue Amerique latine- Haiti, numero 869, d’avril 2024, Pascal Drouhau, dresse le portrait d’un etat failli, et insiste sur les dangers d’un foyer de violences dans les Caraïbes.

Haïti est de nouveau déstabilisé intérieurement par la violence des gangs et l’incapacité à construire un processus politique de sortie de crise. La communauté internationale s’interroge sur la suite à donner avec la nécessité, dans un premier temps, de rétablir un minimum de sécurité pour population.

Comment Haïti a-t-il pu se transformer au fil des années, en un foyer permanent de violence faisant courir le risque d’une déstabilisation de la région des Caraïbes ? Pascal Drouhau nous indique que prospérant sur les lambeaux d’un État failli, les gangs ont pris le contrôle de pans entiers de villes, à l’instar de la capitale Port-au-Prince ou de régions comme Artibonite. Ils affrontent directement les derniers piliers d’un État moribond : commissariats, prisons, sites administratifs, leur objectif vise à asseoir une emprise qui est illégale, mais habillée d’un discours associé à la violence à une « libération sociale », dite « révolutionnaire ».

La crise économique structurelle, aggravée par les catastrophes naturelles, accompagne une crise sociale. Son ampleur est révélée par les vagues de migrants et de déplacés, à l’intérieur du pays comme à l’extérieur. Les relations avec la République dominicaine sont tendues, Saint-Domingue étant conduit désormais à fermer sa frontière avec Haïti. En Amérique latine, le Brésil, le Pérou, l’Équateur, tout comme le Chili ou l’Argentine sont devenus des destinations migratoires quand il ne s’agit pas de traverser l’Amérique centrale pour rejoindre, via le Mexique, les États-Unis où vivent déjà plus d’un million d’Haïtiens. Foyer de violence, le risque est désormais immédiat.

Cette crise majeure marque un tournant historique. La course contre la montre est engagée, précise Pascal Drouhau : après la démission du Premier ministre, Ariel Henry, le 11 mars 2024, la CARICOM a présidé la « conférence d’urgence sur la transition en Haïti » qui s’est tenue à Kingston le même jour. Elle visait à fixer le cadre d’une sortie de crise à la fois institutionnelle et sécuritaire.

L’engagement des États-Unis, dont le rôle est essentiel, par un soutien financier à la mise en place d’une mission internationale de soutien à la police et d’aide humanitaire, a été porté à 133 millions de dollars.

« Inutile d’interroger le Ciel, il a réponse ». Claude Aveline 1901-1992.

La Cour nationale du droit d’asile (CNDA) a estimé dans une décision datée du 5 décembre 2023 que la situation prévalant actuellement en Haïti constitue un « conflit armé interne » permettant l’octroi du droit d’asile (plus précisément de la protection subsidiaire). La Cour considère ainsi qu’à Port-au-Prince, dans les départements de l’Ouest et de l’Artibonite « la violence aveugle est à un degré exceptionnel ouvrant la voie à l’octroi d’une protection sans personnalisation » et « tout civil haïtien de retour relève du champ de la protection subsidiaire puisqu’il serait contraint de transiter par Port-au-Prince, où sévit une violence aveugle d’intensité exceptionnelle, tout asile interne étant exclu. »

La Cour s’appuie sur des sources d’information mettant en lumière un « triple phénomène de prolifération des gangs en Haïti, de « fédéralisation criminelle » et de sophistication de leur équipement depuis ces dernières années, ainsi qu’une intensification du ciblage des civils. ». Un rapport du Haut-Commissariat aux droits de l’homme des Nations Unies, paru en novembre 2023, explique ce phénomène des alliances entre gangs et leur expansion notamment dans des zones rurales auparavant considérées comme sûres.

Selon ce rapport, 300 gangs font régner un climat de terreur en Haïti. Les groupes criminels constituent des alliances afin d’augmenter leur puissance d’action.

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Théo LESCRUTATEUR

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