QUI A POSE DIX BOMBES EN GUADELOUPE EN 1924 ?
« Tous les moyens sont bons pour se débarrasser de l’ignoble individu qui déshonore la Guadeloupe »*.
DIX bombes éclatent en Guadeloupe : Gosier, Mairie de Pointe-à-Pitre, la prison, la maison du juge d’instruction, la maison du gouverneur sont des cibles. Mais qui a ou qui ont posé les bombes ? Des alliés de BOISNEUF ou au contraire des adversaires cherchant à jeter le discrédit sur lui ? Car tous les moyens sont bons pour abattre l’homme.
RAPPEL HISTORIQUE : Achille RENE-BOISNEUF est le fils d’un esclave affranchi. Il défend les ouvriers en grève de l’usine d’Arboussier et devient maire de Pointe-à-Pitre en 1911.
Il perd la mairie, et en mai 1924, son mandat de député, avec en toile de fond, une fraude électorale patentée. Son ex-collistier, CANDACE, s’allie avec leur ancien adversaire JEAN-FRANCOIS. On doit ajouter que le gouverneur de l’époque, Jocelyn ROBERT n’est autre que l’ex-secrétaire de CANDACE. Le 13 septembre 1924, quand la bombe éclate à Dampierre, RENE-BOISNEUF est soupçonné. Il fera trois mois de prison avant d’être libéré.
Dans la nuit du 12 au 13 septembre 1924, une bombe éclate à Dampierre, une sucrerie située sur la route de sainte-Anne, après Gosier. Quatre morts et plusieurs blessés sont recensés.
Curieusement, Achille RENE-BOISNEUF était passé une heure auparavant, afin de se rendre à Mare-Gaillard (entre Gosier et Sainte-Anne).
Comme la bombe a explosé prés de la maison des CLARA, on arrête les CLARA, ainsi que RENE-BOISNEUF qui est rentré chez lui, à Pointe-à-Pitre angle des rues Barbès et Frébault.
Pourtant au moment des faits, Madame CLARA jouait de l’harmonium, Monsieur CLARA était absent, mais où était-t-il ?… et RENE-BOISNEUF se trouvait à Mare-Gaillard.
Cette affaire fait tant de bruit que des journalistes d’investigation sont envoyés depuis Paris, et que les chansonniers parisiens s’emparent de l’affaire de LA BOMBE DE DAMPIERRE, comme LUCIEN BOYER..
« Quand CANDACE a fait la noce
Et qu’il est plein comme un œuf
Il dit : J’ ai la gueule de Bois… neuf »
Extrait de la Guadeloupe en ce temps-là, page 94, editions Chaudet, cité dans Les parlementaires de la Guadeloupe 1889-1958, PLB Editions d’ Emile Rodolphe ENOFF
A la tribune de l’assemblée nationale, CANDACE dénonce les attentats de la Guadeloupe. Le 4 novembre, il se défend :
« – J’entends de ce côté-ci (il désigne les commmunistes) certaines rumeurs […] J’ai été l’objet d’odieuses et perfides accusations. Je demande à la Chambre de me fournir l’occasion de m’en laver » (sourires dans l’hémicycle. Rires sur les bancs communistes).
– De vous blanchir ! »
– Je crois que j’arriverai, moralement s’entend, à me blanchir devant elle » (rires dans l’hémicycle). Extraits du Cartel des gauches – Dominique Chatuant 26 avril 2004.
L’enquête ne donnera rien. RENE-BOISNEUF sera finalement disculpé, redeviendra maire en 1925 avant de démissionner en 1926.
* Ce sont les propos de RENE-BOISNEUF dans le FRANC-PARLER du 17 août 1924. « Quand on a à la tête de la colonie, un gouverneur pareil, tous les moyens sont bons pour s’en débarrasser ».
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