Société

« Olivier, ta parole doit être fortifiante sinon tais-toi ! »

Farce tragique ou farce comique guadeloupéenne ?
« Tu vas la fermer » ! Lors d’une fin de séance chaotique à l’Assemblée nationale, consacrée aux mesures sanitaires contre le Covid, le député s’est emporté. « J’ai exprimé une souffrance ».

Olivier Serva est à la comédie de Molière ce que Gaby Clavier le shakespearien est au drame.

Olivier Serva pousse le comique jusqu’au point où il se confond avec le tragique dans l’absurde, comme Shakespeare pousse le tragique jusqu’à la dérision. Le théâtre guadeloupéen est donc bien un monstre à deux têtes, l’une de ces têtes est politicien, l’autre est syndicaliste, si on paraphrase l’écrivain Alfred Simon.

Le député guadeloupéen Olivier SERVA veut-il être le Trawerspiel, représentant dérisoire d’un monde voué à la catastrophe (simple parodie du héros tragique), bien plus que l’incarnation, sérieuse au point de s’élever au mythe, des déchirures de la Guadeloupe ?

Gaby Clavier, au regard d’une fixité nationaliste qu’accentuent des lunettes rectangulaires, à la Leon Trotsky, la taille petite, lui, désire-t-il être le maître du terrible Comité du Salut public ? Il nous dira que Robespierre a défendu les droits des pauvres, promu l’éducation gratuite, (quoiqu’en Guadeloupe, les écoles et les hôpitaux soient saccagés !), fait voter la première abolition de l’esclavage.
Il prétendra que la Guadeloupe est cette livre de chair que l’usurier Shylock prétend prélever, en vertu de sa lettre de change, sur le corps même de son débiteur, l’armateur Antonio, dans « le marchand de Venise » de Shakespeare.

Il mettra en exergue le fait que dans la tragédie, chacun s’est résolu avec consternation à l’amputation de la livre de fesse, mais Shylock, au prétexte que le contrat ne précise pas l’endroit précis du prélèvement, a exigé de pouvoir prélever le cœur même d’Antonio. (le cœur du peuple guadeloupéen ?). Vous brûlez de connaitre la suite ? 97 Land vous conseille de lire le marchand de Venise.

En somme, la farce guadeloupéenne a un potentiel tragique, supérieur à celui de la tragédie, qu’elle peut mettre en œuvre au service du comique désespérant (La farce à l’épreuve du tragique au XX ème siècle par Sarah Brun). Quand on pense aux périls qui menacent la Guadeloupe, on se demande comment notre député et notre syndicaliste ne hurlent pas face au monde les véritables dangers qui menacent l’archipel ( l’analphabétisme de la majorité de la population, l’obésité, la criminalité).

Avant le débat et la présentation de son programme aux Guadeloupéens de l’Hexagone, Olivier Serva s’était confié, en exclusivité, à la rédaction d’Outremers360.
« Laissez-moi d’abord vous parler de mes grands-parents car j’ai pour eux une affection toute particulière. Tout d’abord, du côté maternel, mon grand-père et ma grand-mère aux Grands-Fonds de Sainte-Anne, aux confins des Abymes. Mon grand-père tout d’abord m’a inculqué l’amour des animaux, des cochons en premier lieu. J’ai eu à élever mon propre cochon, une femelle que j’ai nommé Grisette en référence à la couleur si singulière de ses poils. J’y ai mis beaucoup de passion et de bonne volonté durant les petites vacances et les week-ends surtout. J’ai pu amener les femelles à la saillie, notamment ma Grisette dont la vente des petits me fournissait un bien utile argent de poche. C’est une image forte à mon esprit et qui m’est très chère…
Du côté de mes grands-parents paternels, les moments précieux sont tout aussi importants. Mon grand-père Détercin qui habitait une modeste case, ne savait pas lire mais il m’a cependant inculqué de grandes valeurs qui ont beaucoup contribué à faire de moi ce que je suis aujourd’hui. Il avait ce petit côté philosophe et il me prodiguait de bien utiles conseils en usant de formules dont lui seul avait le secret. Ainsi pour me faire comprendre que le verbe est précieux et qu’on doit en user avec circonspection il me disait avec autorité : « Olivier ta parole doit être fortifiante sinon tais-toi ! ».

Je suis aussi noir et je porte donc sur mes traits mes origines africaines avec tout ce que cela comporte de charge émotionnelle liée aux traumatismes originels de l’esclavage et de la traite négrière. Il faut évoquer cette réalité pour mieux la dépasser et la conjurer. Il y a aussi mes racines caribéennes et caucasiennes liées à la géographie et à l’histoire ».

N’oublie pas Olivier, « ta parole doit être fortifiante sinon tais-toi ! ».
Crois-tu, toi et tous ceux qui t’ont acclamé à l’aéroport, qu’il suffise de dire alors « Pé la » à la représentation française pour que nous existions plus en tant que peuple ?

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Théo LESCRUTATEUR

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