Littérature

Maryse Condé : Ma sorcière bien aimée !

C’est en 1986 que je rencontre Maryse Condé pour la première fois. J’étais allé chez elle pour une séance photos, parce qu’elle devait figurer en couverture du magazine Afrique Antilles. La séance fut cordiale et nous avons échangé sur son dernier ouvrage, « Moi Tituba sorcière Noire de Salem. »

La discussion fut très intéressante et à la fin elle me lança : « Toi aussi tu es un sorcier, sorcier des images, mais sorcier quand même ».

Maryse Condé est née en Guadeloupe (Pointe-à-Pitre) le 11 février 1934. Très jeune, elle manifeste une forte attirance pour la littérature. Il faut dire qu’avec une mère institutrice, une des premières de la colonie, elle a de quoi tenir.

Née Appoline Boucoulon, elle va rejoindre l’Hexagone afin de poursuivre ses études. Ce sera hypokhâgne. Etudiante à la Sorbonne, elle prend conscience du concept de la négritude d’Aimé Césaire, et des écrits de Frantz Fanon. Si elle n’épouse pas à 100% les thèses de Césaire, elle se rend surtout compte de sa situation de colonisée. Est-ce pour cela qu’elle devient militante anti-esclavagiste, anticolonialiste et surtout indépendantiste ?

Elle épousera en 1959 Mamadou Condé dont elle gardera le nom après son divorce en 1981.

Après ses études donc à Paris, elle deviendra journaliste, professeure de littérature et écrivaine d’expression française. Elle officiera à la BBC, à Radio France Internationale (RFI), à la Sorbonne. Elle va créer la Fondation du Centre des études françaises et francophone à l’université de Colombia, et va faire connaitre la littérature francophone aux Etats-Unis, où elle sera également enseignante.

Après son mariage avec Mamadou Condé, Maryse, s’envolera pour l’Afrique. Elle s’installera en Guinée en 1961, puis au Sénégal et enfin au Ghana après son divorce. Cette expérience africaine fut pour elle très enrichissante, mais elle reconnait qu’elle n’a pas répondu totalement à la hauteur de ses attentes. L’Afrique est en plein bouleversement et tente de sortir tant bien que mal du colonialisme. Elle se rend compte rapidement que pour certains pays de cette terre-mère, ce n’est ni plus ni moins la dictature qui leur sera imposée. En tant qu’indépendantiste, elle a du mal à supporter cette situation et dira, que l’Afrique n’a jamais fait de moi une africaine.

A son retour en France, elle rejoindra l’équipe de Présence Africaine, et écrira « Hérémakhonon » son premier roman. Au cours de sa carrière, elle écrira plus de 70 ouvrages dont : « Moi Tituba sorcière noire de Salem », « La vie sans fard », « Ségou », « Traversée de la Mangrove », « Le cœur à rire et à pleurer » etc…
Ses ouvrages, pièces de théâtre et nouvelles, ont fait d’elle une écrivaine de renommée mondiale.

Titulaire de nombreux prix et distinctions, elle obtient le Grand prix littéraire de la femme en 1986, celui de l’Académie française en 1988, ou encore le Prix Marguerite Yourcenar 1999.
En 2020 le président Macron lui décerne la Grand-Croix de l’Ordre National du Mérite.

Un lycée de Sarcelles porte désormais son nom, et une plaque a été apposée sur la devanture de sa maison natale à Pointe-à-Pitre.

Prix Nobel de Littérature alternatif, elle décède le 2 avril 2024. La rédaction de 97land adresse ses condoléances attristées aux enfants et aux proches de la défunte.

Hugues Pagesy

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