Société

La double malédiction des 35 ans aux Antilles

Discriminé(e) ou rejeté(e), une fois cet âge dépassé ?
L’attention portée aux jeunes de 18 ans aux Antilles est devenue virale. La Guadeloupe et la Martinique se vident. L’exode massif des étudiants, dès le bac en poche, s’analyse comme une fuite des cerveaux institutionnalisée.

Le fait que les quadras formés même s’ils sont analysés comme des perles rares, paraissent en même temps comme trop exigeants en matière salariale, comme tous ceux qui restent, par amour de nos pays, malgré les embûches, les coups bas, les amènent aux portes du dénigrement, dès qu’ils atteignent l’âge fatidique de 35 ans.

Doit-on les considérer comme des has been ?

La situation en Chine peut nous faire réfléchir. Les post-trentenaires vivent une terrible traversée du désert professionnelle et familiale. Frédéric Says de Radio France, dans un article du 04/07/2023, écrit qu’en France, on est parfois considéré comme un « senior » à partir de 50 ou 55 ans. En Chine, c’est à 35 ans que de nombreux salariés se plaignent d’être considérés comme… trop vieux…

Le journaliste nous précise qu’ en Chine, après 35 ans, les salariés sont réputés moins énergiques, moins investis et moins dociles, comme le rapporte le New York Times, qui consacre une enquête aux travailleurs chinois laissés sur le carreau. Le quotidien évoque même une « malédiction des 35 ans ».

D’abord, cela s’explique par l’économie chinoise qui ralentit. Elle ne parvient pas à se dépêtrer de la période de la pandémie. Les entreprises se tournent donc de préférence vers les travailleurs les plus jeunes, qu’elles peuvent former elles-mêmes et embaucher à des tarifs plus bas. Mais il n’y a pas que le secteur privé.

L’article nous informe qu’en Chine, les concours pour devenir fonctionnaire ne recrutent pas au-delà de 35 ans. « Trop vieux pour travailler à 35 ans, mais trop jeune pour partir à la retraite à 60 ans » : ce slogan, relevé par le New York Times, est devenu viral sur Internet. Au moment où les autorités chinoises veulent repousser l’âge de départ à la retraite, à cause du vieillissement de la population.

Comme aux Antilles, les jeunes chinois sont soumis à des injonctions contradictoires. Être performant dans leur travail, mais aussi fonder une famille et s’en occuper. Le pays regarde avec frayeur sa courbe démographique, tout comme nos instituts en Guadeloupe et Martinique nous alertent sur le péril démographique : il n’y a pas suffisamment de naissance pour renouveler la population.

D’ailleurs, la Chine n’est plus le pays le plus peuplé du monde. Elle a été dépassée cette année par l’Inde. D’où ce plan annoncé par Xi Jinping, le dirigeant chinois. Un plan pour favoriser les mariages et les naissances. La Chine a mis fin à la politique de l’enfant unique, elle promeut désormais le modèle de trois enfants par femme. Ce qui met encore plus la pression sur certains prétendants à l’embauche.

« J’ai 35 ans et pas d’enfants, quand je dis cela aux recruteurs, je sens qu’ils perdent tout intérêt pour ma candidature », explique une jeune femme de la province du Guangdong, dans le sud-est de la Chine. Elle perçoit un regard de soupçon, voire de réprobation. Comme si elle était une mauvaise citoyenne, et donc une mauvaise candidate. En somme, une double victime de la « malédiction des 35 ans ».

Aux Antilles aussi, l’injonction faite aux femmes d’avoir des enfants est également très forte. Les sociologues nous expliquent que c’est le déni de la sexualité féminine qui transparaît dans le discours sur les maternités tardives. Car ce que l’on reproche implicitement aux femmes qui retardent leur maternité, est sous-tendue par une étonnante persistance de la stigmatisation d’une sexualité non procréatrice dans notre XXIe siècle !

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Théo LESCRUTATEUR

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