DES CITES TROPICALES UTOPISTES
En 1971, une mini-cité flottante au large d’Haïti revendique le statut de nation indépendante ! L’initiateur du projet est Werner Stiefel, américain libertaire. Un bateau de guerre a été envoyé par l’armée haïtienne pour déloger les trublions.
La première République Noire ne pouvait-elle pas soutenir ce projet d’arche démocratique d’un nouveau genre ? Y avait-il véritablement un risque de démembrement du fragile Etat haïtien ?
Werner Stiefel fait partie de cette catégorie moderne de « théoriciens actifs » qui ont décidé de tester de nouvelles formes de démocratie ; refus de toute autorité, y compris celle de l’Etat, expérimentations d’organisations politiques et sociales innovantes.
Il s’agit bien de la tentative de création d’un nouvel Etat avec ses propres lois, sa constitution, et des échanges commerciaux, Mais où implanter ces nouveaux territoires libres ?
Il n’existe plus aujourd’hui une seule parcelle de terre disponible sur la planète. Ces nouvelles nations ne peuvent être implantées que dans des océans, quoique le moindre rocher immergé constitue désormais un enjeu stratégique, et soit source de conflit entre puissances. Les tentatives pour créer ces sociétés utopiques n’en sont que plus sublimes.
L’OPERATION ATLANTIS
Werner Stiefel décide en 1971 de mouiller au large d’ Haïti et d’instaurer sur son petit bateau, un Etat souverain. C’est l’opération ATLANTIS. Le dictateur de l’île , François Duvalier, dit Papa Doc, qui réprime dans son propre pays tous les contestataires finira par le chasser manu militari. L’homme a de la suite dans les idées et se réfugie sur une plate-forme pétrolière entre Cuba et Le Honduras. Un cyclone survient qui va alors ruiner pour toujours son rêve fou en 1972.
LA REPUBLIQUE DE MINERVE
Le millionnaire américain Michael OLIVIER découvre en 1971 également un amas de roches qui dépassent des flots. Il s’agit d’atolls en formation. Il y fait déposer des centaines de tonnes de sable afin d’y faire émerger une terre qu’il espère coloniser. Il proclame l’indépendance du lieu, lui invente un drapeau et édite même des pièces de monnaie.
L’endroit sera aussitôt revendiqué par les îles Tonga qui exploitent cette zone de pêche depuis longtemps. Une petite armée d’anciens prisonniers arrache le drapeau. Le site est aujourd’hui à l’abandon.
LE TAYLOR CAMP
Treize hippies fondent une communauté autogérée qui durera plus de huit ans en 1969 à Hawaï. Un riche résident de l’île leur céde un bout de terrain, une baie idyllique. La nouvelle de l’existence de ce paradis se propage et de nouveaux arrivants affluent. On compte près de 120 personnes à son apogée prônant la nudité, les drogues dures et l’amour libre.
En 1977, l’état rachète le terrain, expulse les derniers occupants et brûle les maisons pour créer une réserve naturelle dédiée aux touristes.
ET DANS LES DOM ?
Verra- t-on au large de Guadeloupe ou de la Réunion sur des chapelets d’îles flottantes, des dizaines d’hommes et de femmes cherchant à constituer de nouvelles nations marines générant plus de bonheur et moins d’inégalités et de richesses, et dont le souci premier ne serait pas d’avoir du réseau pour regarder la nouvelle série afro-américaine EMPIRE ?
Car on peut parler d’une véritable crise de l’Etat moderne. Les Etats acteurs centraux des siècles passés sont dépossédés de leurs pouvoirs. Denis Jeanmar, chroniqueur de l’Express a pu écrire qu’ils s’installent dans le court-terme, incapables d’offrir une vision de l’avenir.
Mais pour l’heure aucune instance ne les remplace. Le nouvel ordre politique et économique est devenu introuvable.
Nous aurions du écouter Jean-Jacques Rousseau : « Le premier qui ayant enclos un terrain s’avisa de dire : Ceci est à moi, et trouva des gens assez simples pour le croire fut le vrai fondateur de la société civile. Que de crimes, de guerres, de meurtres, que de misère et d’horreurs n’eût point épargné au genre humain celui qui arrachant les pieux ou comblant le fossé, eût crié à ses semblables : « Gardez-vous d’écouter cet imposteur : vous êtes perdus si vous oubliez que les fruits sont à tous, et que la terre n’est à personne ! »
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