« Danse petit nègre, danse… » d’Alain RAPON
» Danse, petit nègre, danse… « est un roman antillais qui déroule sa trame quelque part dans une île de la Caraïbe durant les années 1950-1960. Il nous entraîne dans le constat d’une fatalité sociologique. C’est une histoire simple, mais particulièrement bouleversante sur fond de colonisation. Les personnages y sont tellement fictifs… qu’on les croirait vrais.
L’auteur, Alain Rapon, originaire de Trinité en Martinique, signe là son troisième roman. Roman qui lui a permis de recevoir le » Prix BLK » 2014 décerné par l’association « Bitasyon Lyannaj Kréyol « .
En voici un extrait :
» Vingt jours déjà depuis la mort de notre père. Le temps passe vite dans notre famille rongée par le chagrin. Vingt jours que maman, souvent prostrée, pleure et prie sans comprendre. Dans un couple arrimé par une vie misérable dans le temps s’écoulant, l’amour ne se nourrit plus de passion mais de complicité et d’habitude dans les mille petites choses qui font et défont les existences.
La maison Gialon vit sa léthargie. La perte est brutale. Silon, notre aîné, a hérité des droits et devoirs du chef de famille. Il a souci du pain de chaque jour mais aussi de mon avenir au lycée.
Les études à Granville, je ne veux plus en entendre parler. Dans une courte missive, j’ai expliqué à Albert ma décision. La réponse ne se fit pas attendre. Sa lettre de deux pages était un brillant plaidoyer appelé à me faire changer ma décision. Je lus ce que je savais déjà, à savoir mon avenir brisé, ma résignation pour un futur médiocre sous le joug des maîtres de la plantation. Il continua en m’incitant à ne pas être leur valet, en me rappelant ma mission future, moi qui lui disais vouloir empêcher que d’autres malheureux ne tombent injustement comme mon père. Il terminait en argumentant sur ma carrière de jeune intellectuel promis au plus grand avenir. Je lus et relus cette lettre de la plus belle envolée. »
» Danse petit nègre, danse… « est paru aux éditions du Galion.
No Comment