Littérature

« DANS LA LUMIÈRE » d’Aline FARRAN, alias Lady LAISTEE

« DANS LA LUMIÈRE »

d’Aline FARRAN, alias Lady LAISTEE

(Editions Les Arènes)

Notre rencontre a lieu rue Jacob dans le 6ème arrondissement de Paris au siège des Editions « Les Arènes » qui la publient. « Dans la lumière » est l’histoire de sa vie.

« Mes parents m’ont accueillie comme si j’étais un bagage oublié »

Aline FARRAN est née à Saint-Claude, en Guadeloupe, en 1972. Elle vit une enfance heureuse auprès de ses grands-parents, ses oncles, ses tantes et ses deux petits frères. A l’âge de 5 ans, son plus jeune frère et elle, rejoignent leurs parents installés dans l’hexagone depuis un an. C’est un dépaysement total pour cette petite fille qui ne reconnaît plus rien, ni les paysages, ni la température, ni même ses parents. Elle a le sentiment que ces derniers les récupèrent, son frère et elle, comme « deux valises oubliées » et ne ressent aucun amour de leur part. La famille s’installe d’abord dans un petit appartement à Levallois-Perret, puis déménage à Villiers-le-Bel, à la naissance de la deuxième fille. Aline FARRAN découvre alors un père alcoolique, extrêmement violent, tyrannique et une mère soumise et empêtrée dans cette violence conjugale.

 

« Il vaut mieux que ce soit moi qui te l’ai fait, si ça avait été quelqu’un d’autre, il t’aurait fait mal »

Son père, s’enfonce dans l’alcoolisme et focalise sa violence sur elle. Au point qu’un jour il l’emmène dans le parking d’un centre commercial de la banlieue Nord, la viole et lui dit cette phrase gravée dans sa mémoire « Il vaut mieux que ce moi qui te l’ai fait, si ça avait été quelqu’un d’autre, il t’aurait fait mal ». Il va recommencer encore et encore, cela pendant un an. La honte l’empêche d’en parler à ses amies. La pudeur l’empêche de s’ouvrir à cette mère avec laquelle elle ne communique pas. Et un jour, déterminée à le faire condamner, elle se confie à la conseillère d’orientation de son lycée. « La Mygale » est de retour. Papy (comme on l’appelle aujourd’hui) sera condamné à 10 ans de prison, son avocat obtiendra une réduction de peine de 2 ans, il ne restera en prison que 5 ans, libéré pour bonne conduite, « en prison, il ne se faisait pas remarquer, il rentrait dans les rangs, il avait même réussi à se créer un fan club !!… ». Il vit aujourd’hui dans la rue, par choix puisqu’il a refusé l’aide que sa fille voulait lui apporter.

 

Mort violente de son « jumeau » à l’âge de 22 ans.

Aline FARRAN se réfugie alors dans la culture hip-hop et devient, au milieu des années 1990, Lady Laistee, l’une des premières rappeuses françaises. Mais, en juin 1996, elle doit affronter une nouvelle tragédie avec l’assassinat de son jeune frère, celui dont elle dit « on était presque des jumeaux puisqu’on n’avait qu’un an d’écart ».  Elle culpabilise car à l’époque elle avait quitté sa famille répondant à son besoin de liberté. Elle a l’impression de n’avoir pas su protéger son frère. Elle pense que si elle avait pu lui dire à quel point elle l’aimait, les choses auraient été différentes et le drame aurait pu être évité. Elle lui écrit alors un morceau-hommage, « Et si ?… » (album « Black Mama » sorti en 1999) qui la révèle au grand public. 1996 est aussi l’année où elle apprend qu’elle attend son premier enfant : « c’était un  bol d’air…le moyen de me concentrer sur le bonheur ».

 

La rencontre avec Dieu

En 2003, alors qu’elle est en plein succès,  faisant la promotion de son second album, « Hip-hop thérapy », elle est terrassée par un accident vasculaire cérébral. Les médecins n’ayant jamais pu trouver la cause de cet AVC, Aline FARRAN pense, avec le recul, que c’était une réaction de son corps à tout ce qu’elle avait enduré et qu’elle avait compartimenté dans son cerveau. Mais elle y voit aussi un signe de Dieu, une façon de lui signifier la fin de ses malheurs. Elle qui ne croyait pas en ce Dieu dont on lui parlait au catéchisme et dont elle doutait de l’existence, va trouver la foi qui redonnera un sens à sa vie et lui permettra de se reconstruire. Elle est allée à la rencontre de son père, elle lui a pardonné, lui a tendu une main qu’il a refusé. Aujourd’hui, Aline FARRAN est en paix avec elle-même, c’est une femme, une mère heureuse et comblée. Elle veut témoigner afin d’aider les autres, leur dire qu’au bout du tunnel, il y a toujours la lumière. Mais surtout apporter un témoignage d’amour, cet amour qui permet toutes les guérisons.

photo couverture Aline

 

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Lydia PONCHATEAU

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