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COMMÉMORATIONS

Et ce pays cria pendant des siècles que nous sommes des bêtes brutes ; que les pulsations de l’humanité s’arrêtent aux portes de la nègrerie ; que nous sommes un fumier ambulant hideusement prometteur de cannes tendres et de coton soyeux et l’on nous marquait au fer rouge et nous dormions dans nos excréments… et ce pays était calme, tranquille, disant que l’esprit de Dieu était dans ses actes.

( Aimé CESAIRE ; Cahier d’un retour au pays natal )

Alors que les dernières semaines du mois de mai retentissent des commémorations de l’abolition de l’esclavage en Guadeloupe et en Martinique ( en Guyane, la date du 10 juin a été retenue ), nous avons voulu commencer par ce poème, en guise d’introduction pour honorer les millions d’africains déportés et réduits en esclavage et dont les descendants forment une grande partie de la population de l’Amérique et des Caraïbes.

Le comédien Martial a fait étalage de sa classe lors de l’inauguration du Memorial Act(e), en déclamant entre autres, ces vers.

mental slavery

Certains d’entre nous succombent à des discours mielleux tendant à mettre sur un même plan la traite négrière et d’autres formes d’esclavage. Pour mettre en valeur les terres du Nouveau Monde,  les européens y entreprirent d’y implanter de force des Noirsachetés sur le continent africain.

La dure et implacable logique économique aurait donc été le moteur de l’exploitation humaine atroce sur ces «  nouvelles terres.
Or, la traite négrière doit plus que jamais être considérée comme le crime contre l’humanité, celui qui a enfanté le monde contemporain. Sinon, demeure inexplicable la répétition d’épisodes barbares et monstrueux
Et celui qui nous a montré la voie, est une fois de plus Aimé CESAIRE.
Avec un sens de la synthèse hors du commun,  en quelques pages magistrales, il a démontré que le  régime criminel nazi n’avait pas débuté en 1933, mais bien avec la traite négrière, dans « Esclavage et colonisation » ( PUF )

«  On aurait peine à s’imaginer ce qu’a pu être pour les nègres des Antilles la terrible époque qui va du début du XVII ème siècle à la moitié du XIX ème si depuis quelque temps, l’histoire ne s’était pas chargée de fournir quelques bases de comparaison.

Que l’on se représente Auschwitz et Dachau, Ravensbrück et Mautthausen, mais le tout à l’échelle immense -celle des siècles, celles des continents- l’Amérique transformée en univers concentrationnaire », la tenue rayée imposée à toute une race, la parole donnée souverainement aux Kapos et la schlague, une plainte lugubre sillonnant l’Atlantique, des tas de cadavres à chaque halte dans le désert ou la forêt, et les petits bourgeois d’Espagne, d’Angleterre de France, de Hollande, innocents Himmlers du système, amassant de tout cela le hideux magot, le capital criminel qui fera d’eux des chefs d’industrie. Qu’on imagine tout cela et tous les crachats de l’histoire et toutes les humiliations et tous les sadismes et qu’on les additionne et qu’on les multiplie et on comprendra que l’Allemagne nazie n’a fait qu’appliquer à l’Europe ce que l »Europe occidentale a appliqué pendant des siècles aux races qui eurent l’audace ou la maladresse de se retrouver sur son chemin »..

Mais le grand écrivain a écrit aussi :

«  …préservez-moi de toute haine

ne faites point de moi cet homme de haine pour qui je n’ai que haine »

Le philosophe Jacky Dahomay s’insurge contre une vision réductrice, « lacrymale » des commémorations.

Alors quand nous entendons que des nationalistes se réservent le droit de déclarer persona non grata sur l’île de la Guadeloupe des historiens, parce que les recherches de ces derniers accréditeraient la thèse de gradations dans l’application du Code noir, nous leur rappelons que le bûcher réservé aux hérétiques, était en principe le châtiment de ceux qui refusaient de plaider coupables et de reconnaître leur erreur.

Prenons l’exemple des templiers qui furent brûlés, le 18 mars 1314, avec à leur tête le grand maître Jacques de Molay, sur une île de la Seine.

jacques de morlay

Selon un chroniqueur, « un bûcher était préparé et on les mit dessus et on les brûla vifs avec trente-sept chevaliers de la même religion : lesquels, tant qu’ils purent parler, criaient dans les flammes :  Les corps sont au roi de France, mais les âmes sont à Dieu ».

Les historiens contemporains agonisant dans les flammes, – sur le parvis du Memorial Act(e) ?  – ,  pourront hurler fous de douleur à l’adresse des milliers de Pointois présents : «  Les corps sont au ( LPK), mais les âmes sont à ( la Recherche Historique ou à la Science) ».
Laissons les historiens faire leur travail !
Nous avons tant de problèmes urgents à résoudre : explosion de la criminalité, adolescentes mères à 14 ans, viols collectifs, dégradation inouïe de l’environnement, obésité morbide de nos populations, échec de tout développement, incurie de nos responsables politiques…

poison
«  Si le nègre n’y fait pas attention, il boira tous les poisons de la civilisation moderne, et il en mourra » a dit Marcus Garvey.

 

 

 

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Théo LESCRUTATEUR

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