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Aimé Césaire et la révolte, 53 ans après sur France Culture

Dans « Au cours de ces instants – Aimé Césaire et la révolte », le poète s’entretient avec José Pivin en janvier 1966. Son enfance, le colonialisme, son oeuvre, sa vision de l’Afrique et de l’Europe sont passés au crible. France Culture rediffuse cette émission à écouter en podcast.

Quelques extraits :

« Je suis né dans un petit village du nord de la Martinique qui s’appelle Basse Pointe et je dois dire que cette image de mon village natal a une très grande importance dans mon œuvre. On y trouve des images obsédantes, des métaphores : la source en est ce petit village où je suis né ».

« Il y a avait une population mixte de pêcheurs et de paysans, à l’époque on y fabriquait du sucre et du rhum, il y avait toute une population typique de la Martinique. Mes parents étaient petits fonctionnaires mais j’ai été très mêlé à la vie des travailleurs de l’endroit… »

« Dans ma poésie je fais allusion à des troupeaux de bœufs, ou alors à ces immenses champs de canne. Quand j’ai voulu évoquer l’image de la race noire qui, malgré toutes les difficultés, conserve la tête hors de l’eau, avec une image de la vitalité, de la combativité de ce groupe d’hommes, tout naturellement j’ai été amené à évoquer l’image des enfants nus qui chevauchent des vagues énormes de douze ou treize mètres sur une simple planche… et l’enfant disparait complétement au moment où on s’y attend le moins, on voit une petite tête noire au somment de la vague bleue, il franchit l’écume… Voilà des images qui reviennent assez souvent chez moi ».

« Dans mon idée le village a toujours été dominé par le trio : le gendarme, le curé, et le colon que l’on appelle là-bas le Béké. C’est le créole, le blanc qui est né aux Antilles. Dans le village il y avait trois blancs qui vraiment formaient l’aristocratie. J’ai perçu cela très tôt, cela m’a ouvert les yeux sur une certaine réalité. Je me rendais compte de la terreur dans laquelle les villageois vivaient, de l’importance que cela avait d’être bien ou d’être mal avec le colon, parce que c’est de lui dont dépendait la vie. Le patron de l’usine « le grand Béqué » c’était un être presque mythique, c’était vraiment le seigneur »…

« Le peuple antillais ne peut se comprendre dans sa singularité et son originalité que si vraiment on tient compte de l’énorme et décisif apport africain »…

« La révolte a joué un très grand rôle, vraiment le ressort poétique a été d’abord la révolte contre cette médiocrité, contre cette oppression dont je discernais mal les causes, cette religion… J’avais vraiment besoin de faire sauter un petit peu cette carapace, j’avais l’impression d’être étouffé ».

« J’ai toujours voulu, même en écrivant en français qui est une langue qui est très belle, et que j’aime passionnément -un magnifique instrument- j’ai toujours voulu plier cette langue et la contraindre à exprimer ma personnalité. Au fond qu’est-ce qu’on fait tous les grands poètes français depuis Rimbaud ? Ils ont refait la langue pour l’accommoder à leur sensibilité personnelle ».

Par José Pivin – Avec Aime Césaire – Au cours de ces instants – Aime Césaire et la révolte (1ère diffusion : 30/01/1966)

Indexation web : Documentation sonore de Radio France – Indexation web : Sandrine England, documentation sonore – Archives Ina-Radio France

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