A Boston, Archer ne sera plus aux pieds du « libérateur » Lincoln

02 Juil 2020

97land

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La Boston Art Commission a voté à l’unanimité mardi soir le retrait d’un mémorial controversé, la statue d’émancipation de Park Square. Réplique d’une statue à Washington érigée en 1879, elle représente Abraham Lincoln debout, l’autre personnage noir Archer Alexander lui à genoux. Des attitudes équivoques tant par sa vision paternaliste que révisionniste de l’histoire.

Archer Alexander est un esclave qui s’est battu pour se libérer de la servitude pendant la guerre civile américaine. Un test génétique a montré qu’Alexandre était un ancêtre de Muhammad Ali, son arrière-arrière-arrière-grand-père.

Bien que le Missouri n’ait pas fait sécession, de nombreux Missouriens étaient des sympathisants confédérés, y compris le propriétaire d’Alexandre. En 1863, Alexander transmet aux forces américaines des informations sur les activités militaires confédérées. Soupçonné d’être un agent de l’Union, Alexander s’enfuit à Saint-Louis pour échapper aux chasseurs d’esclaves.

Pour Alan Singer, professeur à la Hofstra University « Alexandre n’a pas été «libéré» par Abraham Lincoln. La Proclamation d’émancipation, publiée en janvier 1863, avait une portée limitée au territoire rebelle. Puisque le Missouri n’avait pas fait sécession de l’union, les 115 000 Africains réduits en esclavage répertoriés dans le recensement fédéral de 1860 pour le Missouri n’ont pas été libérés par Abraham Lincoln.

Archer Alexander était un auto-émancipateur. Au lieu d’être représenté à genoux aux pieds de Lincoln, Archer Alexander devrait être montré debout, homme libre et héros de la guerre civile qui a risqué sa vie pour défendre l’Union et lutter pour la fin de l’esclavage ».

«Alors que nous menons un combat pour faire de Boston une ville plus juste, il est important que nous regardions les histoires racontées par l’art public dans nos quartiers», a déclaré le maire Walsh dans un communiqué. «Après avoir engagé une reflexion, il est clair que les résidents et les visiteurs de Boston sont mal à l’aise avec cette statue et sa représentation réductrice du rôle de l’homme noir dans le mouvement abolitionniste. Je soutiens pleinement la décision de suppression de la Boston Art Commission et je les remercie pour leur travail. »

La Commission prévoit d’ajouter une documentation détaillée de la statue à ses archives, des photos, une numérisation 3D et l’historique du retrait. La date de suppression n’a pas encore été décidée.

«L’art public narre des histoires au niveau de la rue. En tant que telle, l’imagerie devrait frapper le cœur et engager l’esprit », a déclaré Ekua Holmes, vice-président de la Boston Art Commission dans un communiqué. « Ce que j’ai compris aujourd’hui, c’est la douleur engendrée par la vue de cette statue. A Boston, nous ne devrions pas avoir des œuvres qui font honte à un groupe de personnes, et cela dans tous les États-Unis. »