Société

Une semaine de la Haine aux Antilles ?

La statue du Neg MAWON vandalisée à Sainte-Anne, représente-t-elle un pas de plus vers l’anéantissement de l’homme antillais ?

Donc voilà les ultimes soubresauts du déboulonnage des statues de personnages horribles ou simplement controversés, particulièrement dans le cadre historique de l’esclavage ?

Jusqu’à maintenant, ceux qui n’ont pas un trop grand intérêt à voir se constituer aux Antilles un peuple conscient, uni en vue d’objectifs précis et rationnels, se frottent les mains. On a vu comment la déferlante Georges Floyd a trouvé sa conclusion lamentable en Guadeloupe. Un déferlement de haine, mais surtout pas à l’encontre des génocidaires des peuples caraïbes, d’esclavagistes ou de massacreurs en tous genres. Non, un raz-de-marée haineux à l’encontre d’une communauté qui dans certaines communes de l’archipel guadeloupéen, représente pratiquement 40 % de la population, parce que la « députée européenne » Pirbakas a tracé des sillons dans le nauséabond !

L’histoire se répète, la première fois comme tragédie, la seconde fois comme une farce, précisait Karl Marx, citant Hegel. Badigeonné de peinture blanche, l’édifice érigé en 2002 dans le cadre du bicentenaire des évènements de 1802, a été souillé.

La connaissance est pour l’humanité un magnifique moyen de s’anéantir elle-même selon Nietzsche. Il est curieux de constater que toutes les sociétés antiques ont toujours considéré la connaissance comme « un poison vital ». Car il suffit d’une mauvaise information transformée imprudemment en connaissance pour que le sujet voit sa représentation du monde bafouée, et ses repères modifiés, nous prévient Rhita Ezzeddi dans « Master intelligence économique et stratégies compétitives ». La connaissance est une création perpétuelle. L’acquisition de la connaissance n’est donc pas sans danger, car à chaque nouvelle connaissance, nous ne sommes plus les mêmes. De quoi frémir de plaisir, mais aussi de crainte, écrit R. Ezzeddi !

En Guadeloupe et en Martinique, chacun de nous parlera d’un monde qui n’appartient qu’à lui pour la bonne raison qu’il en est l’unique créateur.

Pourquoi si peu d’observateurs aux Antilles prennent en compte les utopies de Thomas More, et de George Orwell ?

Orwell dans son roman dystopique 1984, nous présente un parti qui entretient un climat de haine et de persécutions rituelles quotidiennes contre un ennemi haï durant deux minutes. Ce sont les deux minutes de la Haine, moment rituel de la journée. La semaine de la Haine elle, comprend processions, parades militaires.

L’utopie refuse l’Histoire ou la réécrit. Car tout pouvoir absolu, toute institution totalisante commence par s’inventer ses propres origines. Ces formes totalisantes cherchent à effacer tout ce qui les précède, anéantissant ainsi toute mémoire susceptible de rappeler une autre chronologie. L’utopie change par exemple les anciens noms des lieux et des villes. Sont convoqués les propos racistes ou tendancieux de philosophes, de penseurs, d’écrivains.
Karan Mersh dans Identités et systèmes de valeurs, écrit que la non- application d’un idéal n’invalide pas pourtant l’idéal.

Orwell nous avait prévenus. La guerre devient la paix, la liberté devient l’esclavage, l’ignorance devient une force.
L’anéantissement définitif de l’homme proprement dit ou de l’individu libre et historique, sorte de degré absolu du temps, est prétexte à un rituel fédérateur, en même temps qu’il sert d’exutoire.

Dans la forme exacerbée de l’utopie, ceux qui se présentent comme opposés et ennemis irréductibles, entrent en réaction les uns avec les autres, et finalement s’enrichissent mutuellement.
Car ce qui doit prédominer, c’est une approche racialisée de l’Histoire, au prétexte qu’avec ce concept de fin de l’Histoire, la société serait purifiée.

C’est le Stade final de l’Histoire humaine à partir duquel plus rien ne se passe.

Les extrémistes des deux bords ont gagné. On parle de plus en plus d’espaces de non-mixité raciale, alors qu’il s’agit d’une théorie raciale et raciste des plus classiques. On parle dorénavant de traitres au service du système. De jeunes femmes peuvent affirmer face aux caméras : Nous crachons sur vous.

Or, c’est lorsqu’il y a ambiguïté, qu’il y a fécondité.
En encourageant les populations à une attitude caricaturale, les sociétés contemporaines sont également affectées par l’essor de la désinformation, de la haine et des discours incendiaires, qui sont magnifiés par internet et les médias sociaux. Une firme comme Facebook prospère en faisant en sorte que les gens restent connectés et impliqués plus longtemps, faisant part de leurs souffrances, ou de l’intolérance et du mépris de leurs bourreaux potentiels. « Plus » est toujours mieux, et les enjeux de vérité, d’intérêt public ou de démocratie ne comptent pas, affirme Karan Mersh.

Avant de débattre, (d’ailleurs il n’y aura même pas de débat puisque je détiens la vérité historique), je cracherai donc sur vous.

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Théo LESCRUTATEUR

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