Société

Qui se soucie du sort des haïtiens ?

HAÏTI, NOS VIES SONT EN DANGER. ALERTEZ LES MEDIAS !
UN ETAT MARRON, UN PEUPLE HEROïQUE

Mais qui se soucie du sort des haïtiens ?

La misère au quotidien et la mort à petit feu, n’émeuvent point la Communauté internationale, ni nous d’ailleurs, en Guadeloupe et en Martinique, si prompts à parler de la première nation noire.

« SILENCE COMPLICE SUR HAITI. Une dictature veut s’installer en Haïti ! Tirs nourris contre les populations, utilisation de corps de la police nationale comme tontons macoutes, menaces contre les médias.
Pendant ce temps, le président désormais inconstitutionnel entend aller en avion inaugurer les festivités carnavalesques, à Jacmel ».

Nous ne savons pas si nous sommes des porte-parole légitimes des nouveaux damnés de la Terre. Mais nous ne pouvions pas rester insensibles suite au cri de désespoir lancé par le romancier Lyonel Trouillot pour son pays. Nous tentons modestement de le relayer.

Le pays ne dispose plus de parlement fonctionnel depuis janvier 2020. Les deux tiers des sénateurs ont été révoqués au cours des derniers mois par Jovenel Moïse. Violence, meurtres, kidnappings, écoles fermées depuis la fin de l’année 2020, sont le lot quotidien des haïtiens.

Dans le Telerama du 14/02/2021, Lyonel Trouillot s’en prend à une dictature qui prétend, au départ, défendre les intérêts des masses. « En réalité, elle n’a servi objectivement qu’à enrichir un personnel de parvenus et à consolider l’alliance entre deux oligarchies. L’arrivée au pouvoir en 2011, de Michel Martelly, par des élections truquées et valorisées par la communauté internationale, puis de Jovenel Moïse a poussé encore plus loin le rejet du populaire et le recours aux procédés du duvaliérisme, qui lui-même a été une odieuse perversion des revendications populaires ».

Leslie J.R Péan avait titré pour un de ses ouvrages d’économie politique, relatif à la patrie de Toussaint-Louverture, « Haïti : économie politique de la corruption – Tome II – L’Etat marron (1870-1915) ».
Rose Nesmy Saint-Louis, économiste, auteur de « Le vertige haïtien – réflexions sur un pays en crise permanente – L’harmattan 2010 », nous indiquait récemment que depuis son dernier article paru dans le Nouvelliste du 20/11/2013, rien n’avait changé essentiellement en Haïti.
Mis à part que le temps des rumeurs et de la désinformation était survenu.

« Nous parlons maintenant de notre malheur avec plus de peur, plus de méchanceté, plus de médiocrité, plus de ragots et de bêtises de Whatsapp, plus de théories du complot dans les conversations et à la radio.
Car la soupe fielleuse servie par la frange sauvage du media du peuple est pire que non-assistance à nation en danger ». Il mettait les Haïtiens en garde, contre la haine à l’égard de l’autre.

« L’enrichissement personnel des bourgeois d’Etat sur le dos de l’Etat est pire que l’égoïsme des entrepreneurs de la bourgeoisie marchande ».
Il soulignait que la haine et le rejet mutuels, entretenus par des citoyens du même pays, de la même nation, de la même culture et de la même race, et le règne d’une pathologie psycho-socio-politico-économico-culturelle, fondés sur de simples nuances épidermiques, étaient inadmissibles, au XXIème siècle, dans ce pays-berceau de la révolution la plus profondément humaine de l’Histoire.

@Le Président Jovenel Moïse

« L’absurdité du mulâtrisme ou du noirisme est plus nauséabonde que celle du racisme dont il est l’excrément ».

Il évoquait l’étrange phénomène de la métamorphose psychosociale délétère de certains mulâtres, « Ils sont noiristes en présence du Blanc et mulâtristes en Haïti », qui défie la raison et le bon sens. Il mettait en relief le noirisme qui selon lui n’est que la prescription empoisonnée des cancres et des revanchards politiques.

Cette maladie peut rendre les Haïtiens fous, les inciter au mépris de l’histoire, au génocide, au fratricide, au nihilisme social, à l’économicide, à la négation de l’humanité. Dans le couleurisme, le plus fétide des sous-produits du racisme, le noirisme n’est rien qu’un dangereux coup de colère sociopolitique, une réponse aussi absurde que l’absurdité mulâtriste. On est dans la rationalisation de l’irrationnel. Les butors noiristes, foncièrement réactionnaires, face aux mulâtristes, se laissent emporter par la violence ethnique.

Le ferment idéologique de ces groupes de naufragés de la colonisation entretient trois drames dans le pays : un drame sociohistorique, un drame humain et un drame économique.
Car « La « bourgeoisie noire » claironnée par les noiristes duvaliéristes, n’a jamais été, aveuglée par la revanche sociale et le pouvoir politique ; elle n’a fait que noircir une bourgeoisie d’Etat, née de la corruption. Les six familles possédant le gratin de l’économie haïtienne ne sont ni descendantes de Pétion ni descendantes de Dessalines », poursuit Rose Nesmy Saint-Louis avec un humour grinçant.

L’économie tribale est la caractéristique d’Haïti. Ce pays est tellement dépendant des aides extérieures qu’un rapport de l’OCDE de 2018 vantait les mérites des migrations haïtiennes.

Haïti ne pourrait guère compter sur ses voisins de la Caraïbe pour informer les masses. Selon un site espagnol ABC.es, le leader vénézuélien Hugo Chavez avait dit que le tremblement de terre en Haïti, était le résultat d’essais fait par la marine américaine. Le chef de l’Etat vénézuélien avait enfoncé le clou avec cette analyse stupéfiante : c’est un tremblement de terre de test, réalisé dans le but de détruire l’Iran avec une série de séismes, et renverser ainsi le régime des mollahs.

La prolifération des fausses nouvelles serait responsable du basculement de nos sociétés vers une nouvelle ère, l’ère de la post-vérité. C’est un terme forgé par Steve Tesich dans le magazine américain The Nation, et démocratisé en 2004 par le livre « l’ère de la post-vérité » de Ralph Keyes.

Le fameux dictionnaire britannique Oxford avait jugé que le mot post-vérité en 2016 était le mot de l’année.
La définition qu’il en donne est la suivante : « circonstances dans lesquelles les faits objectifs ont moins d’influence pour modeler l’opinion publique que les appels à l’émotion et aux opinions personnelles ».

Les expressions ère post-vérité, et ère post-factuelle sont utilisées pour décrire l’évolution des interactions entre la politique et les médias du XXI eme siècle. Apparus aux Etats-Unis en 2004, ces néologismes désignent plus particulièrement une culture politique au sein de laquelle les leaders politiques orientent les débats vers l’émotion, en ignorant ou en faisant semblant d’ignorer les faits.

Notons également l’ouvrage de SEMAL. J, « Poléthique et post-vérité, L’éthique politicienne et l’art du mensonge immédiat et de la vérité différée chez les gouvernants ».
La diffusion en masse, notamment par l’intermédiaire des réseaux sociaux, de fake-news a pour but d’influer l’opinion en suscitant la colère ou l’émotion. En Guadeloupe, la voiture à pain en est un bon exemple.

Le mensonge immédiat et la vérité différée sont manifestes également, selon nous, dans l’affaire du temple hindou. Le mensonge immédiat était de dire qu’il y avait un permis de construire valablement délivré. Quand l’illégalité au niveau du plan d’occupation des sols et la fictivité du permis de construire ont été reconnues, il s’est agi a posteriori, de fabriquer à l’intention de la population guadeloupéenne, une reconstruction différée d’une mémoire collective, sinon saintannaise, qui a été promue comme un élément central du discours sur notre identité indienne.

Certains analystes indiquent que les politiques populistes profiteraient ainsi de l’irrationalité des masses en diffusant des informations infondées nourrissant l’exaspération des citoyens, au lieu d’aiguiser leur sens critique. D’autres préfèrent l’expression, démocratie des crédules.
Selon les tenants de cette thèse, les citoyens seraient devenus si désintéressés envers les institutions politique et les médias, qu’ils seraient prêts à croire n’importe quoi pourvu que cela nourrisse leur exaspération.

Or, ce discours univoque sur la post-vérité paraît surtout disqualifier les citoyens en question, et, en particulier les classes populaires. En Haïti, le courage du petit peuple est légendaire.
Il faut aussi prendre en considération la roublardise, et l’absence totale de scrupules des dirigeants.

Le président Michel Martelly n’étonnait plus personne. Avant de faire de la politique, chanteur à succès, vêtu d’une jupe rose ou d’une couche-culotte sur scène, il cultivait l’aura d’un bandit légal (titre d’une de ses chansons : BANDI LEGAL), macho de surcroît. Ses riffs de guitare étaient ponctués de « Kon langet manman’w » , ce qui signifie le clitoris de ta mère.

Trump était un tricheur compulsif, propriétaire d’innombrables golfs. Dans un livre intitulé « Commander in Cheat, How golf explains Trump », rédigé par l’ex-chroniqueur de la revue Sports Illustrated, Rick Reilly, ce dernier raconte comment ce dernier trichait et se comportait comme un véritable malotru.
Le Pelé du Golf déplaçait sa balle avec… les pieds, ce qui est évidemment interdit. Des partenaires de jeu racontent avoir vu Trump faire semblant de frapper une balle à partir d’une fosse de sable et courir vers le trou (une balle dissimulée dans une main), et se mettre à célébrer l’exécution d’un coup génial près du fanion.

Dans cette descente aux enfers sans fin, à la question posée à Lyonel Trouillot : Comment le pays a-t-il vécu la crise deCovid-19 et où en est la pandémie aujourd’hui ?, sa réponse nous laisse effarés.

« Il y a encore des gens qui ne croient pas aux risques de cette pandémie. Simplement parce que le pouvoir a utilisé cette menace contre les manifestations politiques mais qu’il finançait à côté le carnaval. Il n’y a aucune politique anti-covid. Pas de données fiables. Les gens ont recours à la mèdecine traditionnelle plus qu’aux gestes barrières pour se protéger ».

Pour une note d’espoir, nous vous livrons ces mots du grand Patrick Saint-Eloi : Nou ka pansé Nou pé kréé, Fo pa nou attend en lè yo, Kouté nou entre nou, pou nou kréé ansamm, et d’extraits de chansons du tout aussi immense Ti Mano, avec ses tubes « Ansanm ansanm, et « Sort Tiers Monde », si éloignés du pantin Martelly.

« Ansanm ansanm
Mizisyen son sel ko fanmi, Kelkenswa nasyonalité !
Lot mizik menm jan nan tout péyi, sé enspirasyon selman k diféran
Pa gen rézon po n fè polemik, polemik pap fè n gadé dèyè

« Sort Tiers Monde »
De jou an jou lavi pli difisil
Menm gwo péyi endustriyalizé…
Nou fè pawti du 1/3 Mond
Sa vlé di péyi plu pov dan le mond’

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Théo LESCRUTATEUR

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