Société

Pitoyables leaders politiques et syndicaux

« Ceux qui ignorent le passé se condamnent à le revivre ».

La faiblesse des stratégies syndicales aux Antilles, l’incapacité des leaders syndicaux antillais à explorer des voies nouvelles, la fuite dans la radicalisation du discours, – ce discours s’est mué en cauchemar anti-science, anti-médecins, anti-directeur d’hôpital – qui sert de compensation à la perception de cette impuissance, telles sont les données objectives, que chacun perçoit avec acuité dorénavant.

Lors de la crise Covid aux Antilles, nous n’avions cessé d’argumenter que le biopouvoir ne se négociait pas. Le biopouvoir écoute, ausculte, mais ne fléchit pas, disions-nous. La défaite des organisations syndicales, (dont la « stratégie militaire » pitoyable s’adossait selon elles à la sphère idéologique, toujours et encore la lutte contre Pfizzer, le complot mondial, le mépris de l’Etat français) l’humiliation de l’UGTG, qui avait cru trouver un étendard, par les souffrances et le désespoir des soignants suspendus, l’implacable et froide machine administrative sanitaire n’a que faire des états d’âme d’apparatchiks.

Les syndicats ont tenu l’éternel discours autodestructeur qui a enfermé la population antillaise dans le nouveau ghetto de l’identité à racine unique, et de la haine de la science.

Nos politiques ne sont pas en reste. Un député de la Guadeloupe, à l’Assemblée nationale, Elie Califer, vient de clamer que les hôpitaux étaient des hôpitaux de la mort, que pendant cette crise on a débranché les gens pour accélérer leur départ, qu’une implacable bureaucratie de la mort, d’une synchronisation à toute épreuve, véritable toile d’araignée s’était abattue sur notre communauté.

Est-ce à dire, Monsieur Califer, que le CHU de la Guadeloupe aurait fait preuve d’une efficacité sanguinaire, que l’efficacité et l’ampleur de « l’extermination » auraient été possibles grâce à des services zélés ?

La mégalomanie de ces leaders a laissé sur le carreau des mères et pères de famille, hébétés, trompés, ayant servi de chair à canon.

On rappelle que la chair à canon est le nom donné au personnel militaire que l’on est disposé à sacrifier au feu ennemi, malgré des possibilités de victoire très restreintes.

Et à supposer que la vaccination obligatoire ne fut qu’une nouvelle forme de « terreur d’Etat », il était indéniable qu’elle était issue des nouveaux modes de production, mais aussi des nouvelles formes transnationales et transétatiques qui fonctionnent en réseaux polycentrés multiples, irréductibles les uns aux autres.En un sens, les organisations syndicales antillaises ont joué de l’incapacité de vivre d’antillais déboussolés qu’anime un rêve révolutionnaire, anti-occidental.

Scrutons maintenant en France la réforme des retraites. Le néolibéralisme français, a mobilisé compulsivement ses armes institutionnelles.
Alain Bertho, dans le club de Mediapart du 24 avril 2023, indique, amer, que la puissance historique de la mobilisation, n’a pas fait plier le pouvoir. Semaine après semaine, « taper plus fort », « aller plus loin », « hausser le ton » ne changeait rien à la détermination du sommet de l’État. Le « rapport de force » n’était jamais à la hauteur du mouvement populaire.

En 30 ans, les conditions de la bataille sociale et démocratique ont complètement changé. Les stratégies de mobilisation héritées des compromis sociaux fordistes sont devenues inopérantes.

Les syndicats le savaient pourtant. Plusieurs fois ils se sont heurtés à cette inflexibilité brutale sans en tirer toutes les leçons.

En 2010, à partir de mars, les huit principaux syndicats français ont mis plusieurs millions de personnes dans la rue lors de 14 journées de manifestation contre le report de l’âge de la retraite à 62 ans. En octobre, la grève s’est étendue de la SNCF aux transporteurs routiers, des raffineries aux éboueurs. Les blocages se sont multipliés. La violence et la répression s’est invitée dans les cortèges et devant les lycées. La réforme a été validée par le Conseil constitutionnel le 9 novembre et promulguée le lendemain.

En 2016, de mars à septembre, la Loi travail a rencontré une résistance similaire. À partir du 31 mars la voix de Nuit debout s’est ajoutée à celle du mouvement syndical. Après l’échec de la Commission mixte paritaire, le gouvernement Valls dégaine le 49.3 le 5 juillet 2016.

En 2019, l’ambitieuse réforme des retraites de Macron est combattue avec la même vigueur, bien qu’avec un front syndical moins solide. Le 16 mars 2020, c’est le Covid qui impose la suspension de la réforme qui, sinon, serait sans doute allée à son terme.

Ce rapppel des défaites syndicales nous oblige à réfléchir. Et nous aux Antilles ? A chacun de choisir ses modes d’action, mais de grâce, ne bloquez pas les écoles, ne les cadenassez pas, ne coupez-pas les arbres centenaires, ne crevez-pas les roues des malheureux internes de nos CHU !

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Théo LESCRUTATEUR

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