Paulette Nardal : la mère de la Négritude
Paulette Nardal, née en Martinique en 1896, ainée d’une famille de sept filles, part étudier à la Sorbonne en 1920. Elle devient journaliste. Sa soeur et elle tiennent à Clamart, au 7 rue Hébert, un salon dédié à la Culture et la littérature noire. Elles fondent La Revue du Monde Noir, un journal franco-anglais. Parmi les contributeurs à cette gazette, un certain Léopold Sedar Senghor.
Après six numéros, la Revue s’arrête. Qu’importe ! Aimé Césaire et Senghor peuvent poursuivre le travail amorcé et développer le concept émergent de la Négritude.
« Césaire et Senghor ont repris les idées que nous avons brandies et les ont exprimées avec beaucoup plus d’étincelles, nous n’étions que des femmes ! Nous avons balisé les pistes pour les hommes » écrira plus tard Paulette dans une lettre adressée à Jacques Louis Hymans, le biographe de Senghor.
De retour en Martinique, elle s’implique dans la vie locale, tant dans l’amélioration du sort des femmes que pour la reconnaissance de l’identité musicale. C’est là que Philippe Grollemund, jeune fonctionnaire en Martinique, fait sa connaissance en chantant dans la chorale « La Joie de Chanter » qu’elle a créée.
S’ensuivront des entretiens mémoriels au milieu des années 70. Le manuscrit de leur transcription, retrouvé en 2016, vient d’etre publié aux éditions L’Harmattan.
« Très sensible à la condition féminine, toujours, avant et surtout après mon séjour parisien. Si
j’avais dit ce que je pensais réellement, j’aurais dressé tous les hommes de la Martinique contre moi.
Fervente chrétienne, ce fut le choc des Negro spirituals à Paris (1930). Ayant perçu, avant
les hommes, la nécessité d’une solidarité raciale, j’ai aussi voulu sensibiliser les femmes à la
chose sociale et à la fierté noire, avant-guerre, dans de nombreuses publications puis en
Martinique ».
Un livre pour découvrir « Marraine », comme la nommaient affectueusement tous ceux qui l’ont connue, une pionnière à l’éveil à la conscience de race.
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