Société

Les habitants de l’île de Chagos, des hommes-Vendredi ?

Cette année marque le cinquantième anniversaire des déportations forcées définitives des habitants de l’archipel des Chagos, un groupe d’îles de l’océan Indien, dans le but de permettre aux États-Unis d’établir des installations militaires sur la plus grande île, Diego Garcia.

Il est terrible de constater qu’aucune considération n’a été accordée à plus d’un millier de Chagossiens expulsés de leurs foyers pour installer la base, condamnant beaucoup d’entre eux à vivre dans la pauvreté et la misère. Dans un nouveau rapport intitulé « C’est là que le cauchemar a commencé », Human Rights Watch a conclu que l’expulsion des Chagossiens par les gouvernements britannique et américain constitue un crime contre l’humanité.

Ce constat accablant concernant les deux gouvernements intervient alors que de nouvelles négociations sur la souveraineté des îles ont été entamées entre le Royaume-Uni et Maurice, qui revendique l’archipel des Chagos comme faisant partie de son territoire.

Les îles Chagos sont un groupe d’îles situées dans l’océan Indien. Avant que les Britanniques n’expulsent de force leurs habitants, ces îles abritaient environ 1 500 Chagossiens, un peuple autochtone. Aujourd’hui, plus aucun Chagossien ne vit sur les îles. Ses seuls habitants sont l’état-major et le personnel des installations militaires états-uniennes sur Diego Garcia et quelques responsables britanniques.

Il y a plus de 50 ans, les gouvernements du Royaume-Uni et des Etats-Unis ont planifié secrètement l’expulsion de force des Chagossiens, d’abord de Diego Garcia, la plus grande île de l’archipel, afin que les États-Unis puissent y construire une base militaire sans habitants à proximité. Par la suite, le Royaume-Uni a décidé d’expulser la totalité de la population des îles Chagos, pour éviter d’avoir à rendre compte aux Nations Unies du maintien de son contrôle sur une colonie avec une population permanente. D’après les conclusions de Human Rights Watch, ce traitement constitue des crimes contre l’humanité.

Les témoignages recueillis brossent un terrible tableau de ce qu’a été la vie des Chagossiens. Les familles qui ont quitté l’île pour de simples déplacements ont été informées que leur île avait été vendue et qu’elles ne pourraient jamais y retourner. Ceux qui ne sont pas partis à l’époque ont été, quelques années plus tard, forcés de quitter les îles Chagos pour rejoindre Maurice et les Seychelles, à des centaines de kilomètres de là. Ils n’ont pas reçu d’aide ou très peu, et beaucoup ont été confrontés à une pauvreté épouvantable. Certains ont décrit qu’ils vivaient dans des maisons qui devaient être consolidées en utilisant de la bouse de vache. Une femme avec a raconté comment, après que sa famille a été forcée de quitter les îles Chagos, son frère encore bébé est mort parce que sa mère n’avait plus de lait pour l’allaiter.

L’un des récits certainement les plus troublants concerne la dureté des expulsions des Chagossiens de leurs maisons. Les autorités britanniques ont donné l’ordre de tuer les chiens sur Diego Garcia, y compris les animaux domestiques des Chagossiens. Une Chagossienne se souvient que l’animal de compagnie de sa famille avait été emmené et tué. Pour sa famille, le but était de les inciter à partir.

Les Chagossiens qui ont été expulsés des îles Chagos par bateau ont décrit à quel point ils ont été maltraités. Lors d’un voyage, ils ont été enfermés en bas dans la cale, alors que les chevaux des îles Chagos ont voyagé sur le pont.

Les Chagossiens des Hommes-Vendredi?

La persécution raciale des Chagossiens est indéniable.

Les autorités britanniques ont utilisé des termes racistes pour désigner les Chagossiens, d’après des documents officiels secrets qui ont maintenant été publiés. Ces documents les décrivaient entre autres comme des « hommes-vendredi », nom tiré du personnage « Vendredi » qui était un serviteur noir dans Robinson Crusoé de Daniel Defoe. Ils ont également utilisé le terme « Tarzans », une référence à l’enfant sauvage fictif qui a été élevé par de grands singes en Afrique. Ces deux qualificatifs sont sans aucun doute racistes.

Mais cela se manifeste aussi dans la façon dont le gouvernement britannique continue de traiter les Chagossiens. Le gouvernement s’est efforcé de faire valoir que les traités relatifs aux droits humains qu’il a ratifiés ne s’appliquent pas aux îles Chagos.

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Théo LESCRUTATEUR

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