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Les guerriers caraïbes jouaient au football en Martinique !

Les guerriers caraïbes jouaient au football en Martinique, les hommes et les femmes avaient un langage différent, et d’une île à l’autre avaient des difficultés de compréhension ! Le plus ancien manuscrit en français sur les Caraïbes a été trouvé !

Jean-Pierre MOREAU*, diplômé de la Sorbonne (doctorat IIIème cycle Archéologie), spécialisé sur l’histoire des Petites Antilles aux XVI, XVIIème siècles, sur le monde amérindien, le monde de la Flibuste et de la piraterie est le découvreur de ce texte qui dormait depuis trois siècles à la bibliothèque de Carpentras. flibustier

Ce récit exceptionnel d’un anonyme, extraordinaire témoin oculaire, l’un des plus explicites que l’on connaisse, ( rappelons que ce récit datant des années 1620 est très antérieur aux écrits du père Labat qui n’arrive en Martinique qu’en 1694 ), s’enthousiasme l’éditeur, est celui d’un voyage de plusieurs mois, dramatique, d’un de ces bâtiments à la fois flibustier, trafiquant, commerçant. La maladie, la faim, la révolte, conduisent les rescapés sur l’île de la Martinique où les Caraïbes les accueillent et les sauvent, ignorant tout encore de la puissance destructrice des futurs colonisateurs.

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Parti de Dieppe le 20 juin 1618, le navire suivait la route suivante : Iles du Cap Vert, Brésil, Petites Antilles. Après une escale d’un an, pendant laquelle, notre chroniqueur anonyme étudie minutieusement les îles et leurs habitants, «  le voyage se poursuit jusqu’aux côtes de la Floride et du Mexique, avant un retour piteux à Dieppe ».

Nous vous offrons quelques extraits choisis qui vous feront comprendre à quel point ce livre est d’une richesse et d’une précision hors normes.

Du bon traitement que nous reçûmes des Caraïbes

A notre arrivée, nous étions si maigres et abattus, que nous leur fîmes pitié. Ils montraient à leurs gestes d’en être fort étonnés, répétant toujours ces mots qui sont signes d’étonnement, «  Cai, cai, cai », et les femmes disaient «Bibi, Bibi, Bibi».

Le soin de ces bonnes gens était tel qu’ils se levaient trois ou quatre fois la nuit pour tâter le ventre de leur hôte, pour juger s’il était encore petit et, s’il l’était encore, ils le réveillaient promptement pour le faire manger, en lui disant, «  mon compère lève-toi pour manger de la cassave car tu auras petite barrique », mot emprunté pour dire le ventre.

Aussi lorsque nous parlâmes de les quitter et nous en revenir avec le capitaine Fleury, ils en étaient si fâchés qu’ils employèrent toutes sortes de caresses pour nous en dissuader et de persuasion pour nous arrêter. « N’avez-vous pas assez de vivres ici ? ( car ils croyaient que nous sommes nés en ce monde que pour manger ). «  N’y-a-t-il pas assez de cassave, de tortues, de poissons, de lézards, de crabes, d’agouti, d’ananas, de bananes pour manger ? ».

Ils sont fort curieux d’apprendre les langues et les mœurs des étrangers, s’informant de nous comment nous nommions chaque chose, et ils nous disaient aussi comment ils les nommaient en caraïbe, nous exhortant d’apprendre leur langue, en nous disant «  apprends-la bien, et lorsque tu la sauras, tu iras nu comme moi, tu te feras peindre en rouge, tu porteras des cheveux longs comme moi, tu deviendras caraïbe et tu ne voudras plus retourner en France.

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De leurs postures en mangeant

Les hommes se mettent en posture comme presque s’ils se voulaient asseoir sur leur cul, et puis joignent les deux genoux l’un contre l’autre, comme aussi leurs deux pieds, et ainsi appuient leurs fesses sur leur talons.

Mais ce qui est de plaisant et remarquable en leur posture est qu’en icelle leur membre viril qu’ils nomment neurba pend en bas, qui est la cause qu’incontinent qu’ils sont assis, soit pour manger, soit pour discourir, le plus ancien commence d’avertir son compagnon qu’il cache son membre. Icelui, se sentant obligé de son avertissement, le remercie lui disant yau et au même instant le cache en le haussant contre la cuisse et le bout du ventre.

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Pour les femmes, elles ont une autre posture, afin qu’on ne voie point leur nature, qu’elles nomment nouroucou. Etant comme assises, se soutiennent fort sur la jambe droite, parce qu’elles reculent un peu la gauche, en haussant fort le talon sur lequel elles appuient leurs fesses, et par ainsi on ne voit point ce qui doit être caché.

Et en mangeant ne parlent que fort rarement, comme aussi ils se tiennent fort posés, ne se remuant presque point, et se moquant de nous parce que nous parlions toujours et nous mouvions tantôt d’un côté tantôt de l’autre de quoi ils nous lançaient et nous disaient «  mange, et quant tu auras gros ventre tu parleras et iras courir à la montagne ».

Ils ne boivent jamais qu’après leur repas, encore faut-il que ce soit du vin et non de l’eau, car ils n’en boivent qu’à l’extrémité d’une grande soif. ( il s’agit de vin fait avec de la cassave )

Et d’autant plus qu’ils mangent posément, d’autant plus boivent-ils incivilement, car il semble à les voir qu’ils veulent tout avaler d’un seul coup.

La langue

Au reste, un enfant qui veut apprendre leur langue, il faut qu’il en apprenne deux à la fois. A savoir celle des hommes et celle des femmes, de quoi leur demandant la raison, ils répondaient que la différence de leur langage provenait de ce qu’ils avaient leurs natures différentes. Et ainsi les hommes nomment la lune nouna, et les femmes cati ; pour dire bonjour mon fils, les hommes disent maboiqua immourou, et les femmes mabiorgnora hi ; pour dire viens là les hommes disent accabou ou ou, et les femmes acquietos, et ainsi des autres.

Des footballeurs incroyables

Premièrement il faut savoir qu’en l’île de la Martinique, il y a d’une certaine gomme qui ne se trouve aux autres îles, laquelle mêlée avec du coton fait comme une paume, ( l’auteur fait ici référence au jeu de paume) grosse comme les deux poings, et bondit assez haut, et lorsqu’ils veulent commencer ils se mettent autant d’un côté que de l’autre, trois contre trois, quatre contre quatre, jusqu’à neuf ou dix de chaque côté, et sont loin des autres d’environ 25 ou 30 pas, et lorsqu’ils veulent commencer à jouer, celui qui sert prenant la paume avec la main droite la jette sur le moignon du bras gauche en faisant un petit saut en avant, et ainsi la jette et envoie jusqu’à ses compagnons, qui, la voyant venir à eux et la voulant renvoyer, se laissent choir sur le dos en se soutenant des deux mains par derrière, qui leur servent de jambes pour courir, se traînent sur une fesse quelle que soit, et vont droit à la paume, laquelle ils renvoient avec la fesse qui est la plus contre terre, car l’une est quasi en l’air et la paume va jusqu’à leur compagnon qui la renvoie encore de même. (Puis) ils changent de place. On dirait à les voir jouer qu’ils se vont rompre bras et jambes, car ils se jettent et traînent d’une telle promptitude et force pour pousser qu’il n’est possible de plus et sont comme inimitables.

*Jean-Pierre MOREAU : Un flibustier français dans la mer des Antilles

Petite bibliothèque Payot/ Voyageurs

Manuscrit inédit du début du XVII ème siècle- J-P Moreau 1987-Réédition Seghers 1990

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Théo LESCRUTATEUR

Théo LESCRUTATEUR

2 Comments

  1. avril 16, 2017 at 03:17 — Répondre

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    Je me suis joint à votre alimentation et à regarder en avant pour obtenir plus de votre magnifique article.
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  2. juillet 5, 2017 at 07:34 — Répondre

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