Musique

La ALIBO-Bass machine

Michel ALIBO originaire du Robert en Martinique donne un nom à sa basse «  Alibo-Bass machine ». Autodidacte, il découvre l’instrument à 14 ans et avec l’aide de Franck Curier se trouve très rapidement confronté au métier sous ses aspects les plus divers.

Après avoir fait ses débuts en accompagnant des sommités telles que Manu Dibango ou Eddy Louis, des sessions avec Kassav et autres rencontres en studio de la variété Française (Nicole Croisille, H.Salvador, Philippe Lavil, MC Solaar), il fait partie du groupe SAKIYO, puis du groupe renommé SIXUN. On lui compte de nombreuses participations avec la plupart des artistes Afro-Zouk des années 80/90, et pour les années 2000 la  variété internationale (Céline Dion, Seal, Michel Jonaz, Mylène Farmer, Youssou N’dour, Cheb Mami, etc..). Une rencontre avec le groupe SAKESHO (Jazz caribéen) composé de M.Canonge, J-Philippe Fanfant et Andy Narell, pour l’album We Want You To Say. Rencontre avec un artiste au parcours exemplaire.

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97L : Autodidacte, avez-vous décidé d’améliorer votre technique en prenant des cours de musique ?

Au risque de vous étonner ce n’est pas grâce aux cours de musique que j’ai amélioré mes connaissances et ma technique mais plutôt au contact des divers styles de musique et d’artistes que j’ai pu côtoyer. Avec le temps et l’expérience, on se forge un style, une identité et on tente d’améliorer son jeu et ses connaissances, il n’y a jamais de  »fin » à cet apprentissage.

97L : Quels sont ceux qui vous ont donné l’envie et le désir d’être bassiste ?

Alphonso Johnson / Stanley clark / Ron Carter / Jaco Pastorius / mais je n’en retiens pas moins le talent de nombreux musiciens pas forcément de chez nous et d’Afrique qui m’ont donné tout autant envie de continuer dans ce métier pas facile de musicien.

97L : Alibo c’est un nom reconnu parmi les artistes caribéens, comment l’expliquer  ?   

Peut-être la persévérance et la diversité de mes activités, ma réputation de bassiste,  du traditionnel aux diverses musiques des Antilles, Zouk, des musiques Africaines, de la période Funk Américaine, du Jazz, quelques variétés un peu sophistiquées, etc. Et quelques innovations dans certains genres musicaux. Je n’ai eu de cesse de continuer d’apprendre tous les genres qui m’interpellent, me touchent, et qui ont une énergie particulière. 

97L : Que devient le groupe Sixun ?

C’est un groupe avec lequel j’ai évolué et crée avec Louis Winsberg (guitariste), Jean Pierre Como (pianiste), Paco Sery (batterie), Alain Debiossat (Saxes), et les nombreux percussionnistes venus se greffer au groupe dont le dernier (Stéphane Edouard). Ca a été une grande et belle aventure qui a commencé en 1984 et qui a  pris fin en 2014 pour l’instant. Nous avons  réalisé quelques 11 albums et nous sommes fiers de notre parcours : de la 1ère partie de Miles Davis au festival de Nice, d’un magnifique concert au festival de Vienne, d’un long séjour de 7 mois à New Yotk en tant que « résident «  pour y produire « LUNATIC TAXI » et y faire de belles rencontres, de longues tournées en Asie du Sud-Est et Afrique de l’Est, une musique qui n’a pas de frontière en fait, mais un break s’imposait avec la vie et les carrières solos de chacun qui commençaient à prendre beaucoup de place. On verra ce que l’avenir nous réserve. 

97L : L’improvisation, un moment de plénitude et de dépassement de soi ?

Exact… Pour moi l’improvisation est non seulement un dépassement de soi mais aussi qui nous dévoile la personnalité de l’artiste. On se « livre » en quelque sorte on se met à « nu », le but ultime étant d’explorer « à fond » nos capacités d’improvisation et d’atteindre une liberté d’expression. D’arriver à exprimer pleinement, certaines sensations de plénitude justement se dépasser, faire ‘voyager’ l’auditeur et soi-même.

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97L : Vos impressions sur le festival Terre de Blues à Marie Galante ?

Le festival Terre de Blues m’a laissé une forte impression avec un concept dans les rencontres, les échanges, l’esprit convivial festif d’échange qui s’y dégage, dès qu’on débarque, envie de voir plus de groupes, d’entendre plus de musique, tous les ingrédients sont là pour faire de Marie-Galante un HAUT lieu pour la musique et donner au festival terre de blues une réputation d’envergure ! Voilà un festival où je suis impatient de retourner.

97L : Quelle projection avez-vous des jeunes bassistes dans la musique caribéenne jazz ?

Je suis fier non seulement de tous ces jeunes bassistes mais tout autant de tous ces jeunes musiciens qui viennent « illuminer » notre MUSIQUE Caribéenne, surtout  le Jazz Caribéen. Ils apportent tous une fraicheur, une efficacité, une musicalité, ils sont modernes, et  je trouve que le niveau est « sérieusement » monté, ça me fait d’autant plus plaisir. Avec eux, le futur, notre futur va être riche de nouvelles approches musicales.

97L : Quelles sont vos attaches à votre pays la Martinique ?

Je suis profondément touché et sensible à nos iles et bien sûr, particulièrement à la Martinique par les valeurs que j’ai de la famille, par ce besoin que j’ai de m’imprégner de vibrations du pays, d’y être régulièrement pour échanger, regarder, observer, écouter et redécouvrir ma Martinique à chaque nouvelle venue. Je ‘ressensdes trésors enfouis et une envie de fouiller dans le patrimoine et de revisiter  notre culture, et notre musique qui à tant de choses à dévoiler.

97L : Votre plus grande  expérience ? 

Je ne saurai dire quelle a été ma plus grande expérience : Jouer en première partie de Miles Davis a été quelque chose ! Mais surement aussi, avec des nomades musiciens Gnawas au Maroc. Enfermé dans une même pièce, ne parlant pas la même langue et jouant de la musique ensemble : l’approche n’est plus du tout la même. On aborde la musique avec humilité, une écoute de  ‘l’autre‘ toute particulière, on laisse le temps et le tempo s’occuper du reste. Une espèce de connexion avec ‘ Dieu ’ en quelque sorte, et ‘comprendre’ par la musique que notre langage musical est universel.  Mais se retrouver sur scène au GMZ devant des milliers de personnes en 1991, ou même sur scène dans une tournée avec Sting ne laisse pas indifférent ! 

97L: Des conseils à cette jeunesse pour une bonne orientation musicale  

VOYAGER dans sa tête (ou dans l’espace internet) et ÉCOUTER tout ce qu’il est possible d’écouter. Ne pas s’enfermer dans des préjugés musicaux. Profiter de la technologie et du savoir INDISPENSABLES pour un apprentissage bénéfique. La technique et la connaissance sont 2 belles « armes » pour l’aboutissement d’un musicien jeune musicien.

97L: Pour conclure, quels sont vos projets ?   

M’AMELIORER, Et j’espère composer un bel album dans l’avenir.

Propos recueillis et photos Wanda NICOT

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