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Compay Segundo : Chan Chán est en fait un petit coquin

Vendredi 14 juin, nous faisions partie des chanceux qui ont pu assister au concert du Compay Segundo Groupo au Casino d’Enghien. L’occasion de découvrir que le tube planétaire repris par Fidel Castro et Barack Obama est une histoire licensieuse. Oigan mi son, mi son oriental, oigan mi son hoy universal…

Le 1er juillet 1998, le Buena Vista Social Club attaque « Chan Chan », au Carnegie Hall pour  »le Concert du Siècle » immortalisé par Wim Wenders. 20 musiciens cubains,  des papys déchaînés avec à leur tête, (au sens littéral du terme) panama somptueux, le compositeur, un jeune homme de 90 ans, Máximo Francisco Repilado Muñoz, plus connu sous le nom de Compay Segundo, le maître du “Son” à Cuba, ancêtre de la Salsa.

Dans les années 40, avec Lorenzo Hierrezuelo ils forment le duo Los Compadres. On les surnomme les compères, Compay Primero et Compay Segundo. L’inventeur de l’armónico, la fameuse guitare à sept cordes, au timbre si particulier, quitte ce monde le Salvador Repilado, son fils, contrebassiste, perpétue depuis sa musique immortelle.

Compay Segundo a toujours raconté avec gourmandise qu’à Siboney, où il avait grandi, il y avait un couple d’amoureux : Juanica et Chan Chan, désirant se marier mais n’ayant pas assez d’argent pour se construire une maison. Ils partent donc à la plage ramasser du sable en vue de faire du ciment.

Le reste est raconté par Hugo Garzón Bargalló, le leader vocal du groupe. Les mouvements de bassin de Juanica en tamisant le sable sur un jibe (boîte en bois avec un maillage métallique), sa silhouette, son corps sculptural révélé par l’eau, auraient emoustillé Chan Chan qui se désole de ne pouvoir en profiter.

Juanica, bien qu’occupée, semble lire dans ses pensées. Elle demande à Chan Chan d’ôter la paille afin qu’elle puisse s’asseoir sur le tronc qu’elle voit (hum hum) car elle ne pourra y arriver seule.

Compay Segundo, le latin lover, l’homme au cigarillo et un verre de rhum à la main, à qui l’on prêtait trois « amies » dans les dernières années de sa vie, fidèle à la tradition des contes oraux de son île joue sur les mots, les doubles sens, comme dans la Negra Tomasa et le cuisinier qui écrase l’ail avec son mortero (mortier).

Juanica et Chan Chan, symboles cubains d’une vie de travail mais aussi de sensualité. Compay déclarait : « Je n’ai pas écrit Chan Chan, je l’ai rêvé. J’ai rêvé de la musique. Il arrive que je me réveille avec une mélodie en tête, j’entends les instruments, tout est parfaitement clair. Je regarde par-dessus mon balcon et je ne vois personne mais je l’entends comme si on la jouait dans la rue ».

Des sons empreints de mélancolie pour Regina sa grand mere esclave affranchie, venus de la Havane et de Santiago, si parlant et proches de nous que l’on se demande pourquoi nous ne connaissions pas cette histoire. Une de plus…

De Alto Cedro voy para Marcané

Llego a Cueto, voy para Mayarí…

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