Société

Ary Chalus : « Je suis président de région quand même »

Rien de mieux qu’une simple interview sur France Info pour analyser le problème d’une Guadeloupe à bout de souffle. Nos élus, souvent aux abonnés absents, ménageant en permanence la chèvre et le chou entre l’administration française et la réalité locale, n’ont aucun pouvoir. Et réclament à chaque crise, prisonniers de leur modèle de pensée, encore plus de France.

Charger le Prefet, deux ou trois ministres, on connait la technique. Ary Chalus, comme ses prédécesseurs ne s’est pas privé pour dénoncer le mépris de ceux venus d’ailleurs qui n’écoutent pas. Du très politiquement correct guadeloupéen à peu de frais. Or ce chaos social n’est pas une question de personne, mais de système, sa résolution ne pouvant aboutir que par une politique de distanciation avec l’hexagone, à l’inverse de l’ultime déclaration du Président de la Region Guadeloupe cette fois sur France Inter « Nous sommes Français donc nous devons être traités de la même manière que les autres régions de France ».

La géographie, l’histoire, la culture, l’économie de monopole nous séparent des régions hexagonales. Vouloir décider de son avenir en Outre-mer implique d’etre souverainiste par l’abscence de subordination d’un Etat sur une population.


j’espère que les autorités compétentes feront le nécessaire pour essayer

de calmer les choses.

France Info : Quelle est la situation en ce moment ?

Ary Chalus : C’est toujours pareil, ce sont toujours des jeunes qui cassent, qui brûlent, qui barrent des routes. L’économie de la Guadeloupe est mise à mal et nous déplorons cela. Nous déplorons les pillages des magasins, le feu qui est mis dans les magasins. J’appelle au calme, à la négociation, à la concertation. Il y a une réunion de crise ce soir samedi 20 novembre et j’espère que les autorités compétentes feront le nécessaire pour essayer de calmer les choses. Nous avons fait des propositions pour qu’on puisse mettre en place les mesures sanitaires : que les pompiers, les soignants puissent faire des tests de temps en temps, qu’ils puissent respecter les gestes barrières en attendant qu’on puisse trouver ensemble une solution d’apaisement pour la Guadeloupe qui est aujourd’hui l’une des îles les plus prisées touristiquement. Mais l’image que nous véhiculons aujourd’hui n’est pas une bonne chose pour notre région.

J’ai eu le courage d’appeler le ministre de la Santé…

F.I : Il y a eu des tirs à balles réelles contre les forces de l’ordre. Et est-ce que ce ne sont que des jeunes qui mènent cette insurrection ?

A.C : J’ai appris qu’il y avait eu des tirs à balles réelles, c’est inadmissible. J’appelle à la raison parce que c’est la Guadeloupe qu’on met à mal, ce sont des familles guadeloupéennes qui vont pleurer ensuite parce que beaucoup risquent de perdre leur travail quand vous brûlez les entreprises…

Moi, je l’ai dit, je le répète, que je suis vacciné. Je conseille à tous ceux qui veulent se faire vacciner de le faire en consultant leur médecin traitant. Je suis contre les sanctions prises contre le personnel soignant. Aujourd’hui, il faut trouver une solution. On ne peut pas priver ces personnes de salaire, sachant les difficultés que nous rencontrons au niveau de la Guadeloupe. Nous avons plus de 40 ans de retard par rapport à l’Hexagone concernant notre développement économique. On ne peut pas aujourd’hui abandonner la Guadeloupe comme ça se fait. J’ai prévenu les autorités nationales, j’ai prévenu les ministres concernés. J’ai eu le courage d’appeler le ministre de la Santé pour rapidement trouver une solution pour éviter absolument ce qui se passe en Guadeloupe. J’ai eu un retour négatif à la limite du mépris pour la Guadeloupe.

Cela montre encore comment on considère les élus guadeloupéens…

F.I : Vous n’étiez même pas au courant qu’une cellule de crise était présidée par le ministre de l’Intérieur Gérald Darmanin ?

A.C : C’est vous qui me l’apprenez. Je suis président de région quand même. J’aurais pu être invité, surtout que je suis actuellement à Paris. Cela montre encore comment on considère la Guadeloupe, comment on considère les élus guadeloupéens. Nous avons des idées, nous pouvons conseiller, nous pouvons discuter avec nos syndicats, avec le monde économique pour trouver des solutions ensemble. Nous avons su le faire à plusieurs reprises, comme nous avons su que les choses risquaient d’exploser. Aujourd’hui, je dis qu’effectivement ce n’est pas normal.

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