Société

Violences sexuelles en Outre-mer : publication des résultats de l’enquête VIRAGE

L’enquête VIRAGE réalisée par l’INED, Institut national d’études démographiques, cofinancée par le ministère des outre-mer et le secrétariat d’État chargé de l’égalité entre les femmes et les hommes et de la lutte contre les discriminations, porte sur trois territoires ultramarins : La Réunion, la Guadeloupe et la Martinique. Ces premiers résultats portent sur le territoire de La Réunion. Parmi les principaux enseignements de l’enquête :

Violences dans les espaces publics 

 Les espaces publics demeurent plus sexistes qu’en métropole : deux fois plus de femmes
déclarent avoir été sifflées et interpellées sous prétexte de drague (36%), trois fois plus rapportent des propositions sexuelles insistantes malgré leur refus (3%), mais elles ont subi dans les mêmes proportions (2 %) du pelotage sexuel (attouchements seins, fesses, baisers
forcés).

 La plupart des faits subis, soit 77%, se sont déroulés dans des lieux fréquentés régulièrement
par les femmes et dans la journée (62%). Les auteurs sont quasi exclusivement des hommes.

 Si les femmes sont principalement victimes d’inconnus, les proportions d’auteurs connus sont plus importantes qu’en métropole, notamment en ce qui concerne les propositions sexuelles insistantes (41 d’inconnus %) et le pelotage (59 % d’inconnus).

 Près d’une femme sur deux en emploi ou au chômage a subi au moins un fait de violences dansles espaces publics contre un tiers des femmes inactives.

 L’effet de l’âge est particulièrement marqué : les jeunes femmes entre 20 et 29 ans sont les
plus exposées aux insultes (15 % contre 9 % de l’ensemble des femmes), aux sifflements ou
interpellations sous un prétexte de drague (55 % contre 36 % pour l’e.d.f), et au fait d’être suivie (7 % contre 5 % de l’e.d.f).

Violences au travail 

 1 femme / 4 a subi des faits de violences au travail contre une femme sur cinq en
métropole. Les salariées de l’Etat, 35 % d’entre elles, sont davantage victimes.

 22 % des femmes ont déclaré des faits de violences psychologiques, violences les plus
courantes. Elles ont augmenté depuis l’enquête Enveff en 2002 et sont 1,5 fois plus élevées
qu’en Métropole. Elles concernent principalement les femmes cadres et elles sont avant tout
le fait de la hiérarchie (45 %) et des collègues (40 %).

 1 femme / 20 est victime de harcèlement sexuel au travail, proportion plus élevée qu’en métropole (1/ 30) et qui a quintuplé depuis l’Enveff en 2002. Sans être une augmentation des faits eux-mêmes, la dénonciation davantage légitimée socialement qu’en 2002 de ces actes et le contexte #MeToo expliquent sans doute en grande partie ces niveaux de prévalence. Même si les victimes sont principalement des jeunes femmes entre 20 et 29 ans (9 % d’entre elles), le harcèlement sexuel demeure présent tout au long de la vie professionnelle des femmes.

9 % des femmes salariées d’une association et 6 % des femmes salariées de l’État déclarent du harcèlement sexuel au travail contre 5 % de celles qui travaillent en entreprise. Les cadres et les femmes des professions intermédiaires (infirmières, assistantes sociales par exemple) sont les plus concernées par ces violences (respectivement 10 % et 7 % d’entre elles).

Violences dans le couple

 Les prévalences de faits de violences sont restées stables depuis 2002. Néanmoins, les
prévalences pour chaque type de violences sont plus importantes qu’en métropole.

 Les violences psychologiques restent les plus déclarées avec une femme sur trois à La Réunion dont 9% en situation de harcèlement psychologique.

 Près d’un quart des femmes vivent dans une relation conflictuelle en 2018 contre 13 % en
2002. Le principal sujet de disputes concerne la répartition des tâches de la vie quotidienne
(34 % des femmes soit 18 points de plus par rapport à 2002) et l’éducation des enfants (27 %
contre 22 % en 2002).

Les situations de conflits sont un contexte déterminant pour comprendre les violences dans le
couple. Des faits de violences plus graves ont été déclarés dans des proportions plus
importantes par les femmes s’étant séparées dans l’année. Ainsi, 6 % d’entre elles ont été
menacées de mort et 3 % ont été menacées avec une arme, voire ont subi une tentative de
meurtre.

 Parmi les victimes, la situation dans l’emploi est déterminante : les femmes au chômage (16
%) et les inactives (14 %) sont les plus touchées par le cumul des faits de violences comparées
aux femmes en emploi (12 %). Le nombre d’enfants est également une autre variable
significative. Ainsi, alors que parmi les femmes sans enfants, 10 % déclarent des faits de
violences cumulés elles sont 17 % des femmes ayant 3 enfants et plus.

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