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Raphael Zachille : Non, « mwen domi dewo » n’est pas mon histoire !

« Mwen té konprann la vi Paris, sé té Pigalle, sé té Barbes, Mwen resté pri douvan gran désepsyon… » La rumeur a longtemps couru en Guadeloupe. Raphael Zachille adulé dans son île et parti tenter l’aventure en région parisienne dans les années 70, serait devenu clochard, « Mwen domi dewo » de Super Combo décrivant sa réalité. Il réfute aujourd’hui ce mythe de la star déchue.

Cet article démarre le jour de la diffusion du film Le gang des Antillais. Les quatre acolytes assis dans un canapé ont en fond sonore « mwen domi dewo ». A son écoute, nous avons voulu savoir ce qu’était devenu le héros de l’ombre, symbole de l’antillais en galère. C’est à Drancy que nous avons rencontré Rapahel Zachille, intarissable sur ses années de gloire, son seul regret  étant de ne plus pouvoir tenir son instrument suite à un AVC.

Fils de Basile un douanier de Basse Terre, rien ne prédestinait Raphael Zachille à la musique. Il devient coiffeur. A 20 ans, Emilien Antile l’entendant jouer de la flute lui conseille de se consacrer à un soufflant. Il se retrouve avec un saxo alto et apprend à s’en servir en cachette de peur de subir des moqueries.  Encouragé par Gerard La Viny, il finit par se produire au d’Arbaud où le public découvre ses talents.

Sa marche vers le succès démarre alors avec les Lotus Jazz puis Super Combo. Autodidacte, il apprend le solfège et fait la différence entre les instrumentistes et les musiciens.  » La musique c’est sérieux. Tant que vous ne pouvez pas lire une partition, vous resterez un bon instrumentiste. Et se souvenant des conseils des meilleurs  de jouer en mineur pour un son jazzy, se fait une solide réputation de saxophoniste danseur. »

Discuter avec Zachille, c’est côtoyer les frères Plonquitte, Edouard Benoit, Emile Aliard… Les anecdotes fusent, ses allers-retours entre Basse Terre et Pointe Noire, son premier prix de la biguine classique classique en 1967 « Bel Matado la », l’histoire vraie d’une belle femme avec un gendarme « vin au bal pou dansé carnaval ».

Il tient à rendre hommage à Stellio et Roger Fanfan : »C’étaient des grands. Est ce qu’on les honore ? Aucunement. Il faudrait les faire écouter aux jeunes pour garder l’originalité, la pureté de leur musique « .

Mais le succès (Manzè Mona, Bo pè en mwen, Fyctose la) engendre aussi des jalousies : des musiciens refusant de jouer avec lui et son exigence pas toujours comprise. Qu’importe : « Coq la chanté cocorico, la Gauloise championne des Antilles » est un tube encore joué de nos jours.

Il décide de quitter la Guadeloupe. C’est alors qu’Elie Bianey écrit « Mwen domi dewo », titre emblématique des années Bumidom. La rumeur court que la vie de Zachille n’est pas confortable « adan frigidai la ». Il tient à rétablir la vérité.

« Non, « mwen domi dewo » n’est pas mon histoire ! C’était une forme de vengeance de musiciens jaloux et à l’époque, il n’existait pas les réseaux sociaux pour démentir. J’ai tenu un salon de coiffure pendant de nombreuses années. Et pour tout dire, Elie Bianey est venu s’excuser auprès de moi pour cette fausse rumeur. En gage d’amitié, il m’a cédé les droits d’auteur du morceau, pour ceux qui croiraient qu’il y a un problème entre nous ».

Ne serait-il pas devenu un icône en restant en Guadeloupe ? « Peut être, peut être pas. Dans la vie chacun doit suivre sa route. Mais je pense avoir donné de la joie à mon public, et ça, c’est ma plus grande satisfaction ».

 

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Joël DIN

Joël DIN

5 Comments

  1. Joseph
    février 22, 2017 at 20:19 — Répondre

    Quel plaisir de lire ta publication mon cher Zachille, aussi d’avoir un peu de tes nouvelles , ça ne nous rajeunis pas tout ça . Eh oui c’était mon coiffeur il y a encore moins de deux ans rue de Metz à Paris. C’est Ronny l’Haïtien , qui a pris la relève , c’est un bon coiffeur .
    Je te souhaite un prompt rétablissement. Pliss Foss.
    Joseph.

  2. Buard Marine
    août 13, 2017 at 16:00 — Répondre

    Bonjour,
    Je suis la belle fille de Michel Yéyé, qui a chanté avec vous pendant plusieurs années .
    Ce serait une belle histoire que celle de vous retrouver.
    Jespere que vous pourrez me joindre afin de nouveau vous revoir, tout les deux.

  3. citoyen_gwada
    janvier 27, 2020 at 04:28 — Répondre

    Raphaël Zachile ? On mait’ à maniyoc comme on dit chez nous. Une véritable légende du monde de la musique en particulier, et du monde antillais en général.
    À Paris, il fut mon coiffeur pendant 20 ans avant de prendre une retraite « forcée » suite à un AVC.
    Enfant ses belles chansons m’enchantaient…

  4. JEOFFREY CESARION
    septembre 16, 2021 at 04:44 — Répondre

    Bonjour,
    Je suis Geoffrey le neveu de de Monsieur Raphaël Zachille.
    Je suis le fils de Lovely sa petite soeur.
    Je souhaite te connaître mon oncle.
    Nous retrouvons dès les mêmes affinités dans la famille.
    C’est puissant cette âme qui nous anime.
    J’ai beaucoup porté le boléro.
    J’ai dansé.
    Et j’ai beaucoup pratiqué le chant lyrique.
    Enfin, j’ai connu TonTon Joseph en 2018. Puis il est décédé lors de la première vague de la Covid.

  5. JEOFFREY CESARION
    septembre 16, 2021 at 04:46 — Répondre

    Bonjour,
    Je suis Geoffrey le neveu de de Monsieur Raphaël Zachille.
    Je suis le fils de Lovely sa petite soeur.
    Je souhaite te connaître mon oncle.
    Nous retrouvons les mêmes affinités dans la famille.
    C’est puissant cette âme qui nous anime.
    J’ai beaucoup porté le boléro.
    J’ai dansé.
    Et j’ai beaucoup pratiqué le chant lyrique.
    Enfin, j’ai connu TonTon Joseph en 2018. Puis il est décédé lors de la première vague de la Covid.

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