Transférée de l’hôpital Cochin au service orthopédique d’Amboise Paré, nous avons accompagné Line Legrand dans sa nouvelle chambre où, adepte du slam, elle nous confie son poème pamphlet contre ses détracteurs et ses porte-paroles autoproclamés. A lire en fin d’article.

Line Legrand n’est pas contente de la tournure des événements depuis la révélation de sa situation. Elle constate qu’il n’y a toujours pas d’avancée concrète dans sa demande de logement mais l’apparition de « bons samaritains » disparaissant dès les médias partis. C’est un appel de son frère qui a été la goutte d’eau qui a fait déborder le vase. « Des gens bien intentionnés ont été le voir en Guyane et il s’est senti obligé de me contacter. Lui qui ne se mêle jamais de mes affaires ! Ce qui prouve les pressions qu’il a du subir « . Et la création d’un comité de soutien et l’appel aux dons pour un éventuel retour lui sont restés aussi au travers de la gorge. « Je croyais avoir été claire. Je veux qu’on arrête tout ça. Ce n’est pas pour vexer les gens de bonne volonté mais ma bataille n’est pas à ce niveau là ».

Nous lui lisons certains messages d’encouragement écrits par des lecteurs, elle soupire :  » Pourtant certains qui s’offusquent de ma situation ont du passer à coté de moi sans me regarder d’un air méprisant. Tant mieux s’ils ont ouvert les yeux. Le plus important, c’est d’abord le respect des gens ». Elle se souvient avec émotion de cet inconnu belge lui donnant 50 €. « J’ai d’abord refusé, mais lui m’a sorti : Prenez-le. Considérez que je suis le représentant de la Belgique. Là, j’ai accepté car c’était spontané, offert de bon cœur et qu’il m’a fait rire ».

De ses deux dernières années, elle a surtout appris que la misère n’a pas de couleur. Elle confirme avoir rencontré des compatriotes à la rue sombrant dans la drogue et l’alcoolisme  mais qu’il y a aussi « de bons petits blancs » SDF. Elle évoque Eric sur liste d’attente depuis 6 ans ou cette retraitée ancienne assistante sociale se contentant d’un repas par jour. Elle dénonce les malfaçons du système social français.  » Dès que vous êtes sans logement, c’est la descente aux enfers. Un jour, j’ai passé 149 appels pour trouver une chambre. Comment faites-vous quand la limite de votre forfait est atteinte ? Et les listings proposés par la mairie de Paris sont obsolètes. J’ai eu aussi affaire à 14 assistantes sociales différentes « .

Nous apprenons aussi que son premier sit-in s’est effectué devant le ministère des Outre-mer rue Oudinot. Elle y est restée 3 jours avant qu’elle ne vienne devant l’Assemblée Nationale.  » Je devais être cachée puisque personne ne m’a vue. Fin novembre 2013, j’avais été reçue par quelqu’un au ministère mais il n’y a eu aucune suite « . Mettant les deux derniers ministres dans le même panier, elle refuse aussi de devenir l’égérie des milieux indépendantistes « J’ai mes convictions, je les ai déjà exprimées dans des situations critiques. On les connait en Guyane ».

Quel est le but de son écrit ? « Renouer avec ma passion et délivrer un message. Je suis mon propre maître et les conseilleurs ont été aux abonnés absents pendant deux ans. Je me suis battue pour garder ma dignité, je poursuis ma lutte ».

Exigeante lors de la lecture de son slam

TENTATIVE DE MANIPULATION – RECUPERATION

Dès les premiers jours de ma vie mes nuits furent un enfer,

Attachée par un cordon qui ne voulait se défaire

M’étranglant chaque seconde à chaque impulsion que me proposait ma mère.

Alors, voyez-vous, je gravirai le Corcovado

à cloche-pied ou à genoux,

Quelque soit le prix qui m’en coûte, cela ne diffère guère.

Je n’ai aucune ambition qui me fait parler à l’envers

Ma vie s’arrête aux portes des Ministères.

Un pas de plus ou un os de moins, qu’ai-je donc à en faire ?

Mon destin est écrit, mais nul ne saurait

Mener ma barque que je gouverne,

Sans respecter mes affaires.

Restons donc en bons termes,

Alors je te rassure tu regagneras la terre ferme.

LLSPDVM le 01/08/15 à 00 : 02