Société

Le plan d’action français contre le racisme néglige le racisme institutionnel

Chaque année, en France, 1,2 million de victimes subissent une discrimination ou une atteinte à caractère raciste ou antisémite.

Présenté à l’Institut du monde arabe par Élisabeth Borne, le plan national contre le racisme, l’antisémitisme et les discriminations liées à l’origine est analysé par Almaz Teffera, chercheuse sur le racisme en Europe, auprès de la division Europe et Asie centrale à Human Rights Watch. Pour elle, le profilage ethnique par la police et le racisme systémique doivent être inclus au plan.


Le 30 janvier dernier, la Première ministre française Elisabeth Borne a lancé le Plan national de lutte contre le racisme, l’antisémitisme et les discriminations liées à l’origine 2023-2026.

Bien que ce nouveau plan d’action contre le racisme soit le bienvenu, il subsiste encore d’énormes lacunes.

Le gouvernement vise à améliorer l’enseignement de l’histoire et la mémoire dans les programmes scolaires. Le plan ne parvient cependant pas à s’attaquer au racisme institutionnel profondément enraciné dans le passé colonial de la France.

Mme Borne souhaite également une meilleure évaluation des discriminations dans l’emploi, mais le plan ne s’engage pas à collecter des données désagrégées sur l’égalité nécessaires pour des mesures gouvernementales ciblées contre le racisme institutionnel. L’absence de telles données a été relevé par le Comité des Nations Unies pour l’élimination de la discrimination raciale en décembre 2022.

Fondamentalement, le plan ne dit rien sur la fin des pratiques systémiques bien documentées de profilage ethnique par la police française, y compris dans le cadre des contrôles d’identité. En juin 2022, la Commission européenne contre le racisme et l’intolérance a publié son 6ème rapport sur la France, soulignant le peu de progrès pour limiter l’utilisation du profilage ethnique par les forces de l’ordre.

Le plan vise à introduire des mécanismes de plainte afin de lutter contre la sous-déclaration massive des violations policières. Pourtant, il n’explique pas comment rétablir la confiance entre les communautés minorisées qui subissent ces attaques dans les institutions mêmes qui les ciblent, comme la police. Le plan omet également de préciser comment ses mesures seront financées.

La stratégie ne fait pas non plus référence au premier plan d’action contre le racisme de la Commission européenn , que les États membres de l’Union européenne étaient censés mettre en œuvre d’ici décembre 2022. Des lignes directrices communes ont souligné l’importance de collecter des données désagrégées sur l’égalité pour mettre en œuvre des politiques fondées sur une réalité et fixer des objectifs s’attaquant au racisme structurel, y compris dans ses racines historiques.

Si la France veut vraiment définir une stratégie de lutte contre le racisme, le gouvernement doit aller plus loin et envisager de réformer les institutions  qui font perdurer les préjugés raciaux et la discrimination.

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