LA POLEMIQUE
Nous n’en sommes pas encore à l’affaire d’Etat, mais l’altercation entre Ruffine et Turpin divise la Guadeloupe et chacune des parties concernées se rejette la responsabilité de ce qui est de toute évidence une très mauvaise image pour le cyclisme guadeloupéen. Mais maintenant que la poussière est retombée, sans prendre partie pour l’un ou l’autre des coureurs incriminés, il s’agit d’analyser avec prudence un « fait divers » largement commenté par la population.
Premier son de cloche
Le premier son de cloche vient du camp Ruffine. Il semblerait que le comportement de Turpin vis à vis de sa personne était délétère depuis le départ du tour et que les propos qu’il tenait à son encontre n’étaient pas de nature à créer un climat apaisé au sein du peloton. Ruffine pour l’heure refuse de dévoiler les propos et le comportement de Turpin qui ont motivé sa subite colère, mais ajoute que tout Guadeloupéen normal aurait réagi comme lui. On parle de propos racistes, d’injures et surtout de crachats qui auraient déclenché l’ire de Ruffine. De son côté, Turpin qui se veut, et sans jeu de mot, blanc comme neige réfute les accusations de son adversaire et considère qu’il a été agressé sans raison apparente. Lui parle de gifle reçue et surtout de l’interdiction qui lui a été faite d’attaquer le maillot jaune.
Comme l’aurait peut-être dit Ibo Simon, qui a tort qui a raison, et voilà tout l’imbroglio de cette affaire qui ne sera pas sans conséquence sur l’avenir de ces deux coureurs puisque l’on parle de poursuites judiciaires. Turpin ayant passé douze années chez les professionnels fait souvent référence à cet antécédent pour tenter de faire croire que son expérience est bien supérieure à celle des coureurs locaux. Cela dit, dans une épreuve sportive, c’est toujours le meilleur qui gagne, enfin ou voudrait que cela soit le cas.
Deuxième son de cloche
Certains Guadeloupéens se disent déçus du comportement de Ruffine car selon eux pas digne d’un champion. L’homme a regretté son geste et sans vouloir le dédouaner de son attitude, rappelons qu’en d’autres temps, Zinédine Zidane lors d’une coupe du monde expédiait sur le gazon d’un coup de boule en pleine poitrine un adversaire qui ne cessait de le narguer. Oui mais c’était Zidane. Et puis qui a oublié les coups de poings de Bernard Hinault lors d’un tour de France à l’endroit d’un spectateur qui obstruait sa route ? Oui, mais c’était Hinault. Tout cela pour dire que ce ne sont pas seulement sur les routes de Guadeloupe que cela arrive et que le sportif sous pression lors d’une grande épreuve peut « péter un cable » sans se rendre compte qu’il commet une mauvaise action. Les tensions entre l’ASBM et le VCG, équipes rivales ont exacerbé cette rivalité.
Troisième son de cloche
Là, l’analyse est plus délicate puisqu’elle touche directement la fin de l’épreuve, c’est-à-dire le gain de ce 65 ème tour cycliste. Selon certains, tout a été fait pour qu’un guadeloupéen, Carène en l’occurrence le gagne. Le chauvinisme guadeloupéen est étalé sur la place publique par beaucoup de coureurs extra-muros, mais aussi par des guadeloupéens pure souchs, a telle enseigne qu’un me confiait: « Je ne comprends pas cet état d’esprit. Carène est un bon coureur, s’il doit gagner, il va gagner, mais oublier que tous les autres coureurs sont là pour le même but, autant n’inviter personne et faire un tour de la Guadeloupe uniquement avec Carène ». Voilà qui est dit. C’est peut-être vite dit, mais il fallait le dire.
Pour le président Lurel qui dès le début de la course croit en une victoire guadeloupéenne et ne s’habille qu’en jaune à propos de ces incidents, il déclare: » Il faut savoir raison garder, laissons à l’enquête le soin de dire la vérité. »
Ce ne sont certainement pas les flamboyants qui lui diront le contraire.
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