Société

La crise du COVID19 va-elle masquer le scandale du chlordécone aux Antilles ?

Communiqué du CRAN

Si nous commençons à entrevoir une sortie de crise suite à la pandémie du coronavirus qui risque de s’étaler sur plusieurs mois certes, avec sans doute des modifications notables de nos comportements et habitudes journalières (respect de la distanciation sociale, gestes barrières), on pourra espérer voir cette crise s’atténuer avec le temps pour représenter un danger moins prégnant dans la société. Beaucoup d’experts estiment que des virus comme le H1N1 et autre coronavirus risquent de devenir notre quotidien.

Les gouvernements, les multinationales pharmaceutiques ( big pharma ) vont déployer des sommes faramineuses dans la recherche, la France ne sera pas en reste pour trouver un vaccin et autres médicaments mais qu’en est-il du chlordécone, ce scandale sanitaire aux Antilles ?

Cette crise ne doit pas nous faire oublier la situation aux Antilles au niveau du chlordécone, martèle Ghyslain VEDEUX le président du CRAN.

« Parce c’est autre bombe sanitaire d’une nature différente certes avec des effets tout aussi négatifs, Ce pesticide qui a empoissonné les sols agricoles de la banane mais aussi par effet de contagion une partie du littoral, l’élevage, les eaux, l’agriculture des légumes racines (manioc) et cela pour très longtemps (entre 400 et plus de 700 ans…) avec des conséquences néfastes pour la santé, augmentation des cancers de la prostate, diffusion de perturbateurs endocriniens dans la ventre de la mère ainsi que le fœtus allant jusqu’au cerveau. Plus de 90 % des populations de la Martinique et de la Guadeloupe sont contaminées.

C’est dire l’ampleur du mal si on ajoute que le chlordécone risque d’imprégner les sols agricoles pendant des siècles, rappelle Jacqueline Bonnet, présidente de Synergie Outre-Mer.

« Mais le chlordécone ce n’est pas le coronavirus, vu que cela concerne uniquement des départements français d’Amérique. Si l’état français a injecté des milliards pour sauver l’économie nationale va-t-il vraiment se soucier du sort de milliers d’antillais ? Pourquoi les Antilles resteraient les éternels laissés pour compte de la République ? » interroge Jean-Phillip-Jeanville, de Synergie Outre-Mer.

« Pour l’instant aucune indemnisation n’a été prévue pour les victimes, aucun plan de crise : c’est pour cela qu’un collectif d’associations amené par le CRAN et l’association Vivre a décidé de poursuivre l’Etat français afin d’obtenir réparation. D’autant que nous avons réuni des preuves sur l’existence de collusions d’intérêts entre les plus hautes autorités de l’Etat et certains acteurs économiques locaux. L’Etat a sacrifié la santé de plusieurs de plusieurs générations d’Antillais sur l’autel des gains finaciers à court terme », rappelle Maître Christophe Lèguevaques l’un des avocats des associations qui mènent l’action en justice contre l’Etat.

D’autres associations et mouvements citoyens se mobilisent en France comme Synergie Outre-Mer pour soutenir le combat de ce collectif d’associations face scandale sanitaire du Chlordécone qui est la pire des catastrophes sanitaires qu’on a jamais vu et qui malheureusement s’abat sur des territoires oubliés que sont la Guadeloupe et la Martinique.

« Des solutions existent déjà pour soulager les populations mais l’Etat doit se saisir du problème et apporter des réponses à grandes échelle », informe Emilie Blaise journaliste engagée dans lutte contre les dégâts du Chlordécone.

Malgré la situation nous avons bonne espoir de trouver des solutions, des personnalités ont rejoint notre initiative notamment la député Européenne Michèle Rivasi qui au cours d’une rencontre organisée le 6 Mars à la Maison de l’environnement de Lyon s’est engagée à soutenir cette cause.

Il faut dire que la contamination des sols par les pesticides et par voie de conséquence les populations à proximité et les consommateurs n’est pas propres aux Antilles, c’est un phénomène mondial.

Michèle Rivasi s’est engagée à rechercher, au niveau européen, les moyens de mettre en place un laboratoire d’analyses des terres et des eaux aux Antilles pour mesurer le Chlordécone et relancer la consultation à l’échelle Européenne pour obliger l’état français à réagir.

Pour Carole Blaise, ingénieure agronome, « la création d’un laboratoire indépendant dédié à la pollution du chlordécone est une véritable opportunité pour les antilles ».

« Ce sont des pans entiers de l’économie aux Antilles qui risquent de disparaître dans des territoires déjà sinistrés socialement et plus que jamais nous appelons la communauté antillaise de France et tout leur soutien à se mobiliser en solidarité avec leurs compatriotes mais aussi toutes personne, mouvement associatif, écologique qui se sentent concernés par l’empoissonnement aux pesticides dont le chlordécone est un triste exemple.

Des jours meilleurs sont à venir, continuons à nous mobiliser car personne ne fera ce travail à notre place » a conclu Ghyslain VEDEUX, président du CRAN.

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