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Harry Roselmack : Je veux dire aux électeurs du FN, vous vous trompez.

En mars dernier Harry Roselmack avait accordé un interview à Alexandre Le Drollec de TéléObs dans laquelle il évoquait la possibilité de la présence de marine Le Pen au second tour de l’élection présidentielle.

Il revient d’abord sur son arrivée médiatisée sur TF1 « Mon arrivée au 20 heures a été perçue comme une évolution de société. Elle posait la question de la discrimination positive et de son utilité » tout en gardant la tête froide : » Il était illusoire de penser que tout allait bouger d’un coup parce qu’on avait nommé un Noir à la tête du 20 heures de TF1 ! Ces changements sont lents, trop lents sans doute. Ils prennent du temps mais ils s’opèrent de façon régulière et continue… Même dans le cinéma, une industrie particulièrement fermée, peut-être même plus que la télévision, les lignes bougent. La diversité commence à se manifester » ressentant « depuis une dizaine d’années, un mouvement de raidissement identitaire. Les Français sont peut-être, aujourd’hui, encore plus rétifs à l’autre et à la différence. Ils ont besoin de se raccrocher à des racines identitaires ».

Il regrette que  le débat sur l’identité nationale, « une excellente idée lancée par la présidence Sarkozy, ait si mal tourné ». « Parce que le débat a été très mal mené et que les termes ont été mal posés. Nous avons aujourd’hui besoin de nous redéfinir et de redéfinir la « nation ». Cette définition doit être ouverte et prendre en compte les différentes racines de ceux qui ont fait la France d’aujourd’hui ».

Auteur d’une tribune dans le Monde en 2013, où il déclarait que « la xénophobie et le racisme » constituaient « le ciment essentiel du Front national », il refuse d’endosser le rôle de pourfendeur de Marine Le Pen et consorts.

« Ce n’est pas ma vocation. Si je l’ai fait en 2013, c’est parce qu’il s’était passé un événement très grave : parce qu’elle est noire, une ministre de la République, Christiane Taubira, avait été traitée de « singe » dans un reportage diffusé sur France 2. C’est une injure publique. Et, plus grave encore à mes yeux, il y a eu, dans les jours qui ont suivi la diffusion de ce sujet, une absence quasi totale de réaction. Ce silence m’étourdissait. J’ai donc réagi. Je me suis senti obligé de le faire. Mais je ne tiens pas à combattre le FN en le discréditant…

Mon combat est plutôt de rassurer les électeurs tentés de voter pour le FN en leur disant : le chemin que nous pouvons faire ensemble est plus beau et plus pertinent que celui que vous propose le FN. Je veux dire à ces électeurs-là perdus et en manque de repères : vous vous trompez ».


(article paru dans le  Monde le 4 novembre 2013)

S’il est faux de dire que tous les électeurs et militants du FN sont racistes, il était tout aussi faux de dire qu’il n’y a pas de racisme dans ce parti. La xénophobie, le racisme en constituent même le ciment essentiel. Et il n’est pas inutile que son vernis républicain, grossier maquillage dont Marine Le Pen le badigeonne consciencieusement, s’écaille de temps en temps.

Ce qui me chagrine, c’est le fond de racisme qui résiste au temps et aux mots d’ordre, pas seulement au sein du FN, mais au plus profond de la société française. C’est un héritage des temps anciens, une justification pour une domination suprême et criminelle : l’esclavage et la colonisation.

Mais ce racisme a laissé des traces et, si on était capable de lire l’inconscient des Français, on y découvrirait bien souvent un Noir naïf, s’exprimant dans un français approximatif, et dépourvu d’Histoire ou, tout du moins, d’oeuvre civilisatrice. Une vision que certains cultivent aujourd’hui encore, à leur corps défendant parfois. Combien de fois ai-je dû expliquer à un restaurateur ou même à un camarade que les vieilles affiches « Y’a bon Banania » qu’ils accrochent à leurs murs ne peuvent pas être regardées qu’avec amusement ou nostalgie…

Tant que l’on laissera ces peaux de Banania traîner dans nos cerveaux, des glissades et dérapages vers l’injure raciste sont à craindre. Surtout par les temps qui courent, avec cette crise qui alimente la xénophobie de son bien étrange carburant : la jalousie envers plus mal loti que soi.

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