Bamboula 1,2… Et les autres insultes ?
TF1, France Televisions, BFM, LCI, France 24, France Info, RMC, RTL, Europe 1, TV5 Monde, arrêtons là ! Il aura fallu que tous ces médias parlent de Bamboula pour que des voix s’élèvent dans notre communauté. Nous, à 97Land, avions modestement lancé un signal d’alarme en août, sur des propos racistes de policiers du 93 suivi d’une piqûre de rappel en septembre suite à une bavure.
Voici les propos tenus par des policiers du 93 (collègues des agresseurs de Théo) dans un cadre privé dans la nuit de samedi 6 août à dimanche 7 relevé par un jeune antillais que nous commentions dans un article « Quand des policiers cautionnent l’esclavage » publié le 8 août.
« Quand tu passes par la maison de tes parents pour vérifier que tout va bien et que tu entends des propos racistes venant de la terrasse du voisin comment réagir ? « Les noirs sont des singes », « Ce sont des animaux c’est pour ça qu’ils baisent », « On n’a jamais vu de noir intelligent », « Pendant l’esclavage, il y avait 3 gaulois sur le bateau entourés de plein de noirs. Pourquoi ne sont-ils pas défendus ? C’est qu’ils sont cons », « Ils sont taillés comme des animaux, gros torse petite jambes! ». Et plein d’autres !!!
Nous concluions en écrivant : Peut-on anticiper la réponse de la « justice » française ? Non lieu pour absence de témoignages fiables. Habitants de Saint-Denis à la peau noire, tremblez !!!
Mais cette affaire n’avait intéressé personne de chez nous. Pas une demande d’explication, pas un appel téléphonique, pas un suivi judiciaire… Pas plus que Etienne John tabassé à Paris pour un vélib en septembre ou Jonathan Lavignasse tué en 2009 comme le rappelait notre article du 17 décembre « un négro de moins ».
Les plus choqués et empressés à réagir actuellement sont ceux qui croient être des « décideurs ». Ils paradent lors des cérémonies organisées au Ministère des Outre-mer. L’ère Hollandiste arrivant à terme dans les trois prochains mois, ils spéculent sur le futur occupant des lieux. Dans les symposiums au Sénat, à l’Assemblée Nationale, ils se muent en spécialistes en psychosocio ou en économie insulaire… Ils rêvent de lieux prestigieux pour leurs soirées, de ministres les tutoyant. Tous disent œuvrer pour le développement de leur île ou région d’origine. Ils croient tant en leur importance que le fait que l’un d’eux s’adresse au Prince (Président de la République, 1er ministre, ministre, ministricule) est un fait d’arme et leur fait croire que le problème évoqué est résolu. Les bureaucrates anciens de l’ENA et de Sciences Po ayant le véritable pouvoir les laissent s’agiter, hochant la tête d’un air entendu à leurs propositions.
Pour eux, jeunesse ultramarine rime avec réussite, applaudissant les bardés de diplômes dont les parents sont déjà de hauts cadres majorés par 40 % de vie chère selon la logique sociale française valorisant la culture au détriment de la connaissance ou de l’apprentissage. Le comportement déplorable de la police dans les banlieues envers nos jeunes compatriotes ? Ils le découvrent, tous esbaudis par la fameuse loi égalité réelle, période de félicité promise pour la prochaine génération ultramarine.
Nos « décideurs » se gaussant des anciens, ont occulté le fait que ces « présidents d’associations bal, boudin, accras » parlant un français rocailleux étaient véritablement intégrés au sein des leurs et regroupaient dans leurs activités toutes les générations. Combien d’entre eux ont permis à des jeunes « en dérive » de trouver un travail, aux adolescents difficiles de rentrer dans le droit chemin en les accompagnant, se substituant aux structures sociales méconnues des nôtres à cette époque.
Et maintenant ? Que faisons nous pour ces jeunes ? Au maximum, les orienter vers une assistante sociale, vers Pôle Emploi ? Lequel d’entre nous est actuellement capable de décourager un jeune « casseur » à Bobigny de chasser du flic ? Car la vérité est que notre communauté habite plus Aulnay sous Bois que Neuilly. Pour ces descendants du BUMIDOM, les mots ZEP, REP, ZUS sont leur quotidien, leurs amis se nomment Mamadou, Fatou, Abdel. Et ne leur dites pas qu’ils sont ultramarins, eux sont de la cité.
La journaliste Caroline Roux, interrogeant Luc Poignant, représentant du syndicat Unité police SGP-FO, s’entend répondre : « … Les mots « bamboula », d’accord ça ne doit pas se dire etc… ça reste encore à peu près convenable ». « Non » affirme Caroline Roux. « Enculé de flic, ce n’est pas convenable non plus », réplique-t-il. « Dans les deux sens, ce n’est pas convenable », rétorque la journaliste.
Le Président du CRAN Louis-Georges Tin a appelé immédiatement à la démission de Luc Poignant et Dominique Sopo, président de SOS Racisme a jugé ces propos « extrêmement choquants ». Jean-Michel Martial a lui aussi réagi au nom du CREFOM. Luc Poignant a depuis estimé que : « Le mot ‘convenable’ a été mal choisi…, il ne correspond ni à ce que je suis, ni à l’esprit de mes propos ». « Je tentais de démontrer que pour renouer les liens dans ce contexte tendu, il fallait du respect provenant des deux côtés. Mais si quelqu’un a pu se sentir blessé, je lui présente mes excuses les plus plates : ce n’était pas mon but ».
Mais si lui est revenu sur ses propos, que dire de l’ex-magistrat Philippe Bilger, défenseur d’Eric Zemmour ou de Robert Ménard, le maire de Béziers, qui dans un tweet déclare : « On a fait un drame de Bamboula. Me souviens de mes années de collège où ce terme était beaucoup plus sympa, presque affectueux que raciste ! » confirmant une heure plus tard ses propos : « Je ne retire pas comme certains mes tweets incompris ou incendiés parce que j’imagine toujours que mesure et discussion normale viendront » ?
Où sont les décideurs ? On a aussi peu entendu d’artistes, peu de nos stars monter au créneau. Connaissez-vous cette fable ? Tous les animaux tentent d’éteindre un gigantesque incendie de la foret. Découragés par la hauteur des flammes, ils contemplent le désastre. Le colibri est le seul qui fait des aller-retours en jetant une goutte d’eau sur une flamme à chaque voyage.
« Laisse tomber, c’est foutu ! » s’écrient l’éléphant, le lion, la girafe, le tigre et tous les autres animaux… « Moi, je fais ma part de travail » réplique le colibri.
Nous, colibri 97Land continuerons à être attentifs aux affaires concernant notre communauté. Les fonctionnaires de police ultramarins doivent se faire entendre et se désolidariser des propos haineux de leurs collègues. Chacun a un devoir moral et se doit de protester oralement, par écrit, sur les réseaux sociaux contre ce délitement. Nous constatons aussi que les propos injurieux d’août n’ont toujours pas eu de suites judiciaires. Sont-ils moins graves que « bamboula » ?
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