Société

Au nom des Guyanais : Nou gon ké sa ! Assez de paroles, de pata pata, de bloublou !

L’intervention de Gabriel Serville à l’Assemblée nationale, le mardi 2 avril. 

Nous sommes aujourd’hui invités à débattre, dans le cadre de cette grande illusion qu’est le grand débat national. Nous voilà donc réunis pour une séance de rattrapage d’un processus qui n’a eu de démocratique que le nom et dont nous, élus de l’opposition, avons été tenus à l’écart jusqu’au bout, ce qui illustre le mépris affiché envers les millions de citoyens que nous représentons.

Je veux souligner le flop sans précédent, mais hautement prévisible, de ce débat

Aussi, à contre-courant de l’autosatisfaction qui règne sur les bancs de la majorité, qui semble se gargariser d’avoir déjoué les volontés émancipatrices exprimées dans les rues, je veux ici souligner le flop sans précédent, mais hautement prévisible, de ce débat dans la majorité des territoires d’outre-mer, d’où ont émergé à peine 200 contributions. Ce chiffre en dit long sur le lien de confiance entre les ultramarins et Paris. Les ateliers organisés la semaine dernière à Cayenne n’ont pas dépassé la trentaine de participants, preuve, s’il en faut, que nos concitoyens ne sont pas dupes et comprennent que l’unique objectif de cette initiative est de vous offrir une tribune et un espace de communication à bas coût au milieu d’une crise sociale qui s’éternise.

Assises des outre-mer, états généraux, 18 mois que vous nous menez en bateau

Il faut dire qu’en Guyane, nous sommes désormais habitués à ce genre d’exercice aussi fastidieux qu’inefficace : entre assises des outre-mer et états généraux de la Guyane, voilà dix-huit mois que vous nous menez en bateau à coup de réunions, de débats, de tables rondes et d’échanges qui n’aboutissent à rien de concret, rien de palpable, si ce n’est quelques mesurettes dont nous voyons mal en quoi elles seraient de nature à améliorer le quotidien des Guyanais.

Leur seule utilité, en réalité, est tout autre : elles vous évitent d’aborder le sujet qui fâche, je veux parler ici du plan additionnel annexé à l’accord de Guyane du 21 avril 2017, qui prévoit des mesures structurantes indispensables au développement qu’attendent encore et toujours les citoyens français d’Amazonie. Pourtant, le protocole Pou Lagwiyann dékolé – Pour que la Guyane décolle – prévoit que l’État « s’engage à ce que les mesures supplémentaires fassent sans délai l’objet d’un examen prioritaire pour programmer et mettre en œuvre un plan additionnel tant en investissement qu’en fonctionnement ».

Hélas, deux ans après son entrée en vigueur, et malgré nos relances, le Gouvernement fait la sourde oreille. À la place, vous préférez nous promener, nous balader au détour des assises, des états généraux et, aujourd’hui, du grand débat.

Assez de pata pata, assez de bloublou

Monsieur le ministre d’État, je vous le dis au nom des Guyanais : Nou gon ké sa ! Assez de paroles, assez de pata pata, assez de bloublou ! Les constats sont faits, les solutions, monsieur le ministre d’État, on les connaît. Il est donc temps de passer aux actes !

Pour ce qui est de la transition écologique, personne ne sera surpris d’apprendre que le sujet a monopolisé le maigre débat en Guyane, puisque 49 des 70 contributions concernant ce territoire s’y rattachent. Et, sans surprise, là aussi, la majorité de ces 49 contributions concernent l’opposition au projet de la Montagne d’Or…

J’espère, monsieur le ministre d’État, et ce sera peut-être là un des seuls intérêts de ce débat pour les Guyanais, que le Gouvernement saura entendre cette opposition au moment de prendre la décision finale relative aux demandes d’autorisations administratives et minières émanant des porteurs du projet. Pour rappel, une pétition d’opposition à la Montagne d’Or vient de passer le cap des 400 000 signatures…

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