Société

Prêt à saisir la justice, le CRAN met en demeure le PDG de H&M

Le monde entier a pu voir la campagne raciste de H&M : un enfant noir, portant un sweat shirt avec la mention « Coolest monkey in the jungle ». Parallèlement, dans la même publicité, un enfant blanc, présenté comme un explorateur, portait un autre vêtement labellisé : « survival expert ».

Les réactions n’ont pas manqué. Plusieurs artistes ont mis fin à leur coopération avec la marque, comme The Weeknd et G-Eazy. Des citoyens à juste titre indignés ont manifesté aux Etats-Unis, au Canada, en France, en Belgique, etc. En Afrique du Sud, face à la colère publique, les magasins de la chaîne ont dû fermer jusqu’à nouvel ordre.

Rappelons que cette association entre noir et singe date de l’époque de l’esclavage. Il s’agissait alors de justifier l’injustifiable. On expliquait aux peuples d’Occident qu’il n’y avait pas lieu de s’indigner, que l’on pouvait soumettre les Africains à ce crime contre l’humanité puisque justement, ceux-ci n’étaient pas vraiment humains. Par conséquent, ces comparaisons avec les singes avaient pour but d’organiser la fabrique du consentement populaire au crime contre l’humanité.

Certes, l’entreprise a présenté ses excuses, mais elle n’a pas reconnu qu’il s’agissait de racisme, volontaire ou non. Par ailleurs, elle n’a toujours pas expliqué comment une pareille faute a pu être commise. En effet, avant que le visuel n’arrive sur le site de l’entreprise, il a forcément été vu et validé par toute une chaîne de personnes, du concepteur de la campagne au webmaster en passant par le directeur commercial ou le photographe. Et aucun de ces individus n’a vu le problème ? Comment est-ce possible ?

Si les warnings n’ont pas fonctionné, y a-t-il des mesures qui ont été prises ? Y a-t-il un plan de formation qui a été adopté ? Comment faire pour que cela ne se reproduise pas, car ce n’est pas la première fois, apparemment, que l’entreprise est mise en cause ? Et qu’en est-il des accusations graves portées par l’ONG Anti-Slavery International contre le groupe H&M ? Malheureusement, les demandes de rendez-vous n’ont pas abouti, l’entreprise reste muette et ces questions demeurent sans réponse.

C’est pourquoi, pour obtenir ces réponses, le CRAN met en demeure le groupe H&M et sa direction. Si des réponses satisfaisantes ne sont pas fournies d’ici la fin de la semaine, il se réserve le droit de saisir les autorités judiciaires compétentes. Le CRAN collaborera avec le CRARR (Centre de recherche-action sur les relations raciales, basé à Montréal), pour continuer à obtenir justice et pour assurer que H & M fasse preuve de respect et d’équité à l’égard des communautés noires et de ses clients de toutes origines partout dans le monde.

Louis-Georges Tin

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1 Comment

  1. Canellita
    février 6, 2018 at 12:16 — Répondre

    Bonjour,
    Je n’ai pu me rendre aux diverses manifestations. Mais ce qui est certain, c’est que je ne fais désormais plus partie de leur clientèle et me séparerai de leurs vêtements.
    Tous les clients (H/F) noirs, métissés devraient rassembler tous les vêtements H&M de leur garde robe, retrouver les tickets de caisse ou retrouver les prix, et se rendre dans les magasins pour se faire rembourser. Cela ferait réfléchir le monde de la mode et également des cosmétiques (Dove, etc.). De même, leurs employés ou cadres de couleur devraient réagir.
    Je pense aussi à ce garçon noir et à ses parents. Comment cela a-t-il pu se produire? S’ils n’étaient pas au courant du vêtement que la marque ferait porter à leur enfant, ils devraient porter plainte. Cela est dégradant pour eux et surtout pour lui. Dans tous les cas, il a été manipulé à un très jeune âge, ce qui pourra lui laisser des séquelles.
    De même, pour le garçon caucasien. Peut-être que ses parents n’avaient pas connaissance des réelles intentions de la marque (ou non)!
    Quoi qu’il en soit, cette pub est un apprentissage du racisme dès le plus jeune âge car elle est avant tout destinée à une cible particulière : les enfants.
    Comme vous, je suis l’affaire de très près.
    Cordialement,

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