Loic Korval : « Rien de plus énervant qu’un policier prenant pour un criminel un Noir en BMW »
On pensait lire dans l’autobiographie « Apprendre à se relever » du guadeloupéen Loic Korval champion du monde et d’Europe de judo des anecdotes sportives. C’est un veritable film policier qu’il nous livre dans un chapitre « La nuit où tout a basculé ».
Nous sommes en mai 2013. Revenant d’une soirée chez ses parents dans une BMW série 1 avec son amie et son cousin, Loic s’arrête à un feu rouge, Porte de Vincennes.
« Un policier à moto regarde avec insistance sa voiture et finit par lui demander de se ranger sur le côté. » Persuadé d’être victime d’un contrôle au faciès, il n’obéit pas.
« Il n’y a rien de plus énervant qu’un policier qui vous prend pour un criminel en puissance, juste parce que vous êtes un Noir qui conduit une BMW. Alors, j’ai sciemment refusé d’obtempérer. J’ai démarré la voiture tranquillement en ignorant complètement ce fonctionnaire un peu trop zélé. »
Cinq minutes plus tard, près d’un rond-point à l’INSEP de Vincennes, deux policiers à moto viennent à sa rencontre. Il veut s’arreter, les évite. Un agent tombe de sa moto, le second « dégaine son arme et se met à tirer à balles réelles sur ma voiture ». La plage-arrière explose.
À deux reprises, les policiers lui demandent de sortir du véhicule à l’arrêt.
« Trois Noirs contre deux policiers blancs qui tiraient sur eux avaient très peu de chances de sortir vivants de ce traquenard. Il est hors de question de sortir de la voiture. Je vais aller au commissariat de Nogent, où il y aura plein de caméras et de témoins. »
Il redémarre, prend une rue à contre sens et ne stoppe qu’à 300m du commissariat de Nogent. Il sort du véhicule et court.
« J’ai l’impression d’être dans « Matrix » avec des agents Smith qui surgissent de partout. »
« Je suis ceinture noire de judo, je suis une arme blanche à moi tout seul. Donc, je sais que je ne dois en attaquer aucun pour ne pas les blesser. Si je blesse un policier, je n’y survirai pas (…) Aussi, je cours. Pour ma vie. J’évite tous les coups et toutes les armes. Les policiers me poursuivent inlassablement. Je les sème, les uns après les autres sans en toucher un seul. »
« Ils me tombent dessus et me donnent des coups de pied, de matraque et de tonfas. Tabassage en règle. »
Il se retrouve en garde à vue et reste quatre jours à la prison de Fleury-Mérogis avec une comparution immédiate. Il en ressort libre avec l’obligation de pointer deux fois par jour au commissariat.
Un témoignage sur le quotidien d’un noir qui réussit en France et rappelons aussi que le fait pour tout conducteur d’omettre d’obtempérer à une sommation de s’arrêter émanant d’un fonctionnaire ou agent chargé de constater les infractions et muni des insignes extérieurs et apparents de sa qualité peut être puni de trois mois d’emprisonnement et de 3 750 euros d’amende.
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