Comment dois-je célébrer ta mort ?
Refuser d’admettre que le virus tue, est-ce un enjeu vital de mon identité antillaise?
Le variant delta explose dans le monde, mais nombreux sommes-nous à contester les chiffres terrifiants.
La zone Etats-Unis/Canada, comptait mi- août, 31% de nouveaux cas en plus, devant l’Inde et l’Iran.
En Russie, 808 morts avaient été enregistrés en 24 heures. Wuhan vit dans la crainte d’un reconfinement total.
Des patients Covid depuis la Guadeloupe et la Martinique, sont envoyés dans l’Hexagone, par avion médicalisé, ce qui laisse entendre que sur place, ils seraient morts.
Ecoutons Bertrand Vergely dans Cahiers jungiens de la psychanalyse.
« L’humanité a affaire à deux problèmes majeurs : le premier est de survivre, le second de vivre.
Je suis donc libre quand je fais ce qu’il faut pour vivre et non quand je fais ce que je veux. C’est la vie qui est importante et non le moi. Or, nous sommes dans des sociétés qui pensent l’inverse. Elles mettent le moi au-dessus de la vie. Résultat les hommes sont égarés ».
Je me dis antillais. Ils ont empoisonné mes terres au chlordécone. Ils m’imposent un vaccin. Ils pensent m’implanter une puce dans mon corps.
Le psychiatre parle-t-il de nous ? « Obsédés par eux-mêmes, ils ne voient que ce qui leur est favorable ou défavorable en flottant dans un climat maniaco-dépressif fait d’excitation et d’angoisse. D’où une crise psychique débouchant sur une crise métaphysique.
Je suis responsable de ce qui se passe dans le monde. Nous sommes responsables des fautes qui se font. Je, nous sommes l’humanité, la réalité, la vie. Cessons de nous penser comme des exceptions splendides en dehors de toute réalité, de toute humanité, de toute faute. Cessons de céder à ce que Pascal Brückner a si justement appelé « la tentation de l’innocence ».
Un article de Frédéric Keck ( Vaccinés comme des bêtes ?) de 2009, dans Genèses, indiquait que la compréhension de l’échec de la campagne de vaccination lancée par l’Etat français contre la grippe A/H1N1, impliquait non seulement de suivre le renouveau des groupes de résistance à la vaccination qui ont utilisé Internet ( déjà) comme caisse de résonance, mais aussi d’analyser comment cette « biopolitique » (Foucault 2004), suscitait en retour des résistances dans la façon dont les sujets se percevaient comme des vivants.
Le terme biopolitique est un néologisme utilisé par Michel Foucault pour identifier une forme d’exercice du pouvoir qui porte non plus sur des territoires, mais sur la vie des individus.
Surtout, cet article analysait l’échec de la vaccination à partir de la circulation des rumeurs sur la dangerosité des vaccins, qui mettait en question la confiance du sujet vaccinal dans l’Etat comme organisateur de la santé publique, mais que cet échec renouait avec des formes passées de contestation de la vaccination, notamment dans les sociétés coloniales.
En fait, ceux qui contestent le vaccin en Martinique et en Guadeloupe, ne veulent-ils pas simplement dire que les structures de ces îles sont typiquement post-coloniales ?
Toujours pour Foucault, le pouvoir qui longtemps s’était fait reconnaître comme « le maître de la mort » devient « l’administrateur de la vie ».
Ce biopouvoir conditionnerait encore plus sournoisement qu’il n’a brutalisé spectaculairement. On peut citer l’essai de Peter Sloterdijk (Règles pour le parc humain 1999), qui déclencha une forte polémique en Allemagne. Il s’agit de penser la politique comme domestication de l’être humain, et de s’interroger sur la part que les techno-sciences génétiques pourraient prendre.
Ces quelques développements nous conduisent à nous éloigner de la situation catastrophique de la Guadeloupe et de la Martinique. Si nous sommes libres, nous sommes également tous responsables.
Tu ne tueras point est le 5ème commandement.
La seule question que nous aurions dû nous poser n’est-elle pas la suivante : Sommes-nous nés pour mourir aux Antilles?
L’oeuvre de sépultures infinies doit-elle se révéler constitutive de nouvelles pratiques culturelles des femmes et des hommes guadeloupéens et martiniquais? Un nouveau cimetière doit être édifié à Saint-François.
Toi, professeur des écoles, syndicaliste de surcroit, je pensais que tu défendais la vie et l’enfant, ou toi, médecin à la retraite naturaliste, et jusque- là, défenseur des plantes médicinales, soudainement mué en croisé antivax ou encore toi, nouveau gourou et récent expert en pratiques alternatives, tu sembles tellement bien être formaté par les réseaux sociaux, que tu juges que la mort doit passer pour normale aux Antilles?
Penses-tu que toi et les tiens ne méritent pas de vivre?
Face à ce fléau, tous doivent avoir la parole ? Il semble que des talibans occupent l’espace médiatique.
Le déni est l’attitude de refus de prendre en compte une partie de la réalité vécue comme inacceptable par l’individu.
Françoise SIRONI nous indique qu’en refusant de voir la réalité, on lui substitue une réalité autoproduite plus conforme à ce que le sujet peut supporter ou veut croire.
L’objet du déni (au cas présent, le virus), ne traverse pas les barrières préconscientes ou conscientes. Il s’agit de faire comme si un fait, un acte, une réalité, n’avaient jamais existé.
Si le sujet s’autopersuade, à propos d’une vérité reconstruite (rimed razyé, tisanes), il la fait d’autant plus exister qu’elle constitue une réalité psychique vitale pour lui.
Il doit activement organiser la simplification des faits pour parfaire la construction de sa propre « néosubjectivité ».
Peaux noires, virus blanc ?
Les dégâts collatéraux produits par les manifestations et les mouvements contestataires permanents ont façonné un peuple qui ne se vit plus que par la négation absolue de tout ce qui est sensé représenter l’autre, le colonisateur, l’oppresseur : Colbert, Victor Hugo, les directeurs et directrices de l’ARS, l’infirmier de la Drôme qui a eu le malheur de franchir les 50 m depuis sa chambre d’hôtel pour prendre un bain avant de faire 12 h de garde…
Chasseguet Smirgel laissait entendre que plus la blessure narcissique est douloureuse, plus le déni de réalité sera puissant.
L’expérience clinique avec des patients gravement atteints somatiquement montre à quel point le déni de la réalité et de la mort atteint des sommets prodigieux, souligne-t-elle.
Aux Antilles, il s’agira de la création d’un monde hautement virtuel, dans l’idéalisation de structures où on tend à faire passer des logiques destructrices pour authentiquement guadeloupéennes, martiniquaises, supérieures en tout cas aux valeurs de la puissance néo-coloniale, blanche, occidentale.
Peu importe que la ronde macabre des ambulances soit sans fin, que l’augmentation des naissances prématurées soit exponentielle, que plus de quatre cents décès en secteur hospitalier aient été enregistrés dans chacun des départements de Guadeloupe et de Martinique (162 morts en Martinique entre le 9 août et le 22 août 2021).
L’hallucination négative efface toute perception du danger.
Ils ne cessent de le répéter. Ils ont créé un virus et un vaccin pour nous tuer. Pendant ce temps, ce sont nos enfants qui meurent.
J’aurais beau enlever de Fort-de-France et de Pointe-à-Pitre toutes les plaques commémoratives relatives à Victor-Hugo et à Victor Schoelcher, nos BUG-JARGAL tombent foudroyés par ce virus.
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