Société

Un décès qui ravive les critiques sur l’héritage colonial britannique

Un article de pour NBC News.

« Si quelqu’un s’attend à ce que j’exprime autre chose que du mépris pour le monarque architecte d’un gouvernement génocidaire, qui massacré la moitié de ma famille, vous pouvez toujours attendre » a tweeté Uju Anya, professeur à l’Université Carnegie Mellon.

Son tweet, retweeté plus de 10 000 fois, avait recueilli près de 38 000 likes jeudi soir.

Dans une interview, Anya, 46 ans, a déclaré qu’elle était « une enfant de la colonisation » – sa mère née à Trinidad, son père au Nigeria. Etudiants, ils se sont rencontrés en Angleterre dans les années 50 en tant que sujets de l’empire. Ils se sont mariés et ont ensuite emménagé au Nigeria.

« En plus de la colonisation du Nigeria, il y a aussi l’esclavage dans les Caraïbes dans mes gênes », a-t-elle déclaré. « Ma lignée découle non seulement de personnes colonisées, mais aussi de celles réduites en esclavage par les Britanniques. »

 

Le règne d’Elizabeth a débuté alors que la Grande-Bretagne entrait dans une ère post-coloniale, dominée par le racisme et la violence contre les colonies asiatiques et africaines. Ces dernières années de règne, des appels de plus en plus pressants réclamaient que la monarchie se débarrasse de son passé colonial.

Zoé Samudzi, écrivaine americano-zimbabwéenne et professeure à la Rhode Island School of Design, a déclaré : « Je suis de la première génération, dans ma famille, née hors domination britannique. Je danserais sur les tombes de chacun des membres de la famille royale si on m’en donne l’occasion. »

Pour Matthew Smith, professeur d’histoire à l’University College de Londres, qui dirige le Centre d’étude sur l’esclavage : « Ces réactions indiquent la relation complexe que les gens ont avec la monarchie britannique, ceux du Commonwealth et particulièrement dans les Caraïbes ».

« Je pense que lorsque les gens expriment ces points de vue, ils ne s’adressent pas spécifiquement à la reine Elizabeth », temporise Smith lors d’un entretien téléphonique depuis Londres. « Ils pensent à la monarchie britannique en tant qu’institution et ses liens avec les systèmes d’oppression… Et c’est un système qui transcende la personne de la reine Elizabeth.

La reine est décédée moins d’un an après que la Barbade l’ait démise de ses fonctions de chef de l’État, devenant une république. Une décision liée, en partie, aux critiques croissantes contre la monarchie dans la Caraïbe. D’autres îles, comme la Jamaïque, se sont déjà engagées sur la route de l’indépendance.

Ce qui l’a fait aimer dans les Caraïbes était son image assez différente avec la façon dont les gens imaginaient la monarchie, a déclaré Smith, ajoutant que sa personnalité et le fait qu’elle soit une femme contribuaient à sa singularité également. « Elle ne ressemblait pas à ces monarques des livres d’histoire », et elle « est montée jeune sur le trône ».

Anya à l’opposé estime que sa vision de la reine a été largement façonnée par l’implication de la Grande-Bretagne dans la souffrance de ses parents et de bien d’autres durant la guerre civile nigériane qui a suivi la décolonisation du pays dans les années 60.

Sa famille a été déplacée et certains de ses proches tués. Ses parents, ses frères et sœurs et toute sa famille  « ont subi un traumatisme énorme », confirme-t-elle.

« Je suis profondément choquée à l’idée que les opprimés doivent d’une manière ou d’une autre faire preuve de déférence ou de respect lorsque leurs oppresseurs meurent », a déclaré Anya. Et le pire, c’est que la couronne, continue à s’immiscer dans les affaires africaines » .

« Il y a des gens dans le monde entier qui se réjouissent de la mort de cette femme, non par manque de compassion mais parce que son règne monarchique a été violent ».

Elle souhaite que son commentaire sur Twitter incite à faire des recherches sur la guerre civile nigériane.

Quelques heures avant que la famille royale n’annonce la mort de la reine, Ebony Thomas, professeure agrégée à la University of Michigan School of Education, a mis en garde contre les réactions possibles à l’annonce par le palais de Buckingham du placement d’Elizabeth sous surveillance médicale, ses médecins à ce moment « préoccupés » par sa santé.

« Dire aux colonisés ce qu’ils devraient ressentir à propos de la santé et du bien-être de leur colonisateur, c’est comme dire à mon peuple que nous devrions vénérer les états Confédérés du Sud des USA », a tweeté Thomas… On nous dit « Respectez les morts » mais tous ces tweets en anglais. Comment cela est-il possible ? Avons-nous choisi de notre plein gré cette langue ? » Un tweet liké plus de 25 000 fois, mais faisant également fait l’objet de critiques

« J’ai fait ces observations avant l’annonce officielle », a-t-elle écrit, ajoutant que son tweet original etait en solidarité avec les peuples colonisés du monde entier. Elle conclut en précisant qu’elle ne dansera sur la tombe de personne ni ne remettra en question les émotions de qui que ce soit.

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