Nous irons tous au paradis
Rappel : Guy LOSBAR a sacrifié sur l’autel de la spéculation immobilière , la rivière de la Lézarde, joyau de la commune de Petit-Bourg, située à l’entrée du Parc national de la Guadeloupe.
Comme nous l’indiquions, en reprenant la complainte du groupe musical SOFT, il a commis un « crime contre la nature ».
Le pape François a été désigné personnalité de l’année, en décembre 2013, par le magazine TIME.
Le ré-enchantement du monde semble passer par le spirituel.
Une lueur céleste irradie d’ailleurs depuis peu les hémicycles des assemblées des départements d’outre-mer, bien éloignées des dérives fanatiques religieuses constatées dans plusieurs parties du globe. Les dernières élections des conseillers départementaux en Guadeloupe et à la Réunion ont vu l’émergence de communautés messianiques désireuses de vivre selon les textes sacrés (hommes et femmes politiques vertueux ayant mis leurs biens en commun, dans le cadre d’une vie ascétique et égalitaire ; hommes et femmes récitant : « Il a placé ce signe sur mon front. Il est mon seul amour »).
Après une enquête approfondie, j’ai découvert les cellules monacales où nos représentants se tiennent à l’écart du monde, afin de prier pour le salut de nos âmes. J’ai partagé leur journée-type : lever 5h20, coucher 23 heures. Entre les deux, prières, travail, mutualisation des savoirs, visites sur le terrain, écoute des plus humbles, synthèses économiques et sociales avec les puissants, footing de 2 fois 15 minutes, partage quotidien des repas avec des SDF et des toxicomanes, aide scolaire et co-écriture de chansons avec les jeunes des quartiers sensibles, .
J’ai pu constater que les sourires des malheureux à qui ils tendent la main font écho à leur propre détresse intérieure et les remplissent de joie. Mais leur popularité peut aussi devenir un fardeau trop lourd à porter. Ils sont conscients du décalage entre leur image publique et leur réalité d’êtres fragiles et imparfaits. Car nous savons que les chemins de l’enfer sont pavés de bonnes intentions.
Quelques secondes après sa publication, la une du TIME a déclenché controverses et fureurs. Certains ont dénoncé les « cornes » que la partie supérieure du M de TIME dessine au-dessus de la tête du pape. D’autres ont pu titrer « UN PAPE D’ENFER » ( magazine Courrier International n° 1215 du 13 février 2014). Subirons-nous, également les foudres de notre lectorat ?
Comme les peintres cherchant à capturer dans leurs portraits la fulgurance de la grâce ou l’intrusion du divin dans l’humain, nous avons scruté les visages des élus antillo-réunionnais-guyanais en quête d’amour, de reconnaissance, et de communion.
C’est dans le cadre d’une enquête sur les nouveaux mystiques, que nous avons reconnu M. Guy LOSBAR, entouré d’un groupe de fidèles. Face contre terre, il leur expliquait que suite à une réunion avec un nouveau groupe de promoteurs, il avait pris la direction de la Montagne qui surplombe la rivière de la Lézarde.
« – C’est là que l’ange du seigneur m’ apparut dans une flamme au milieu d’un buisson.
– Ne t’approche pas de ce buisson ! me dit-il. Enlève tes sandales, (1) car tu te trouves dans un endroit consacré. Je suis le Dieu de ton père et de ton peuple.
J’ai vu comment on maltraite mon peuple à Petit-Bourg. Je l’ai entendu crier sous les coups des pelleteuses. Je suis donc venu pour les délivrer du béton, et pour les conduire vers le Petit-Bourg beau et vaste, vers un pays où coule une eau limpide, et qui regorge de mangues et d’abricots.
Je te donne ce signe. Tous ensemble, vous me rendrez un culte sur cette montagne-ci.
– Oui, seigneur lui répondis-je, mais ils me demanderont ton nom. Que leur répondrai-je ?
– JE SUIS QUI JE SUIS. Voici donc ce que tu diras. JE SUIS m’a envoyé vers vous. Tel est mon nom pour toujours ».
Encore abasourdis par ce témoignage, nous nous sommes aperçus que M. LOSBAR est affublé de deux mignonnes oreilles, qui font irrésistiblement penser à un diablotin. De tout le personnel politique des départements d’outre-mer, Guy LOSBAR semblait donc être prédestiné à apparaître en compagnie papale. Nous lui faisons donc l’insigne honneur de ce compagnonnage « vaticanesque » , et nous avons bien conscience que les parts d’ombre et de lumière sont égales en chacun de nous.
« Qui suis-je ? Je suis un pécheur. C’est la définition la plus exacte » a expliqué le Pape en août 2013 dans la Civiltà Cattolica, la revue de la Compagnie de Jésus »
Dans son discours à la Curie ( 22/12/2014 ), le pape François a dénoncé :
– la maladie de se sentir « immortel », et même « indispensable ». Elle dérive souvent de la « pathologie du pouvoir », du « complexe des élus ».
– la maladie de l’Alzheimer spirituel : ceux qui dépendent complètement de leur présent, de leurs passions, de leurs caprices et manies, ceux qui construisent autour d’eux des murs et des habitudes, devenant chaque jour plus esclaves des idoles qu’ils ont sculptées de leurs propres mains
– la maladie de la schizophrénie existentielle : ceux qui mènent une double vie ( une vie officielle ; une vie cachée et dissolue)
.- la maladie du bavardage, du murmure et du commérage. C’est une maladie grave qui commence simplement par un peu de bavardage, et s’empare de la personne en la transformant en « semeur de zizanie », et dans beaucoup de cas en « homicide de sang froid de la réputation des collègues »
– la maladie de l’indifférence envers les autres
– la maladie du visage funèbre
– la maladie de l’accumulation
– la maladie des cercles fermés.
Quand je rédigeais cet article, je n’ai pu m’empêcher d’essayer d’appliquer ces postures condamnables à nos élus. Mais à les voir si désintéressés, si impliqués dans leurs fonctions, si magnifiés par leur mission, et transfigurés par l’allégresse, que j’ai compris que la devise de Saint-Jean Bosco les transcendait
« Rappelez-vous, le diable a peur des gens heureux »
Mon enquête s’est poursuivie lors de la plénière du conseil régional de la Guadeloupe du mardi 28 avril 2015, présidée par victorin LUREL. En plein état de grâce après la victoire écrasante du parti socialiste aux dernières élections départementales, il avait placé à sa droite Josette-Borel LINCERTIN, nouvelle présidente du Conseil Général de Guadeloupe, « radieuse » selon tous les observateurs. Comme auréolés d’une couronne,Victorin Lurel et Josette Borel-Lincertin, resplendissaient. Un halo de lumière semblait glisser de l’un à l’autre,
La réflexion de l’ humoriste Pierre Desproges m’est venue à l’esprit : « Au paradis, tu seras assis(e)* à la droite du seigneur. C’est normal. C’est la place du mort ( politique )* » . Mais j’ai bien vite chassé cette pensée indigne.
Le président du Conseil régional a aussi poursuivi sa quête quasi-mystique de rigueur budgétaire « Le conseil régional ne paiera pas la facture de votre gestion désastreuse ni celle de votre
mère » s’est-il exclamé à l’intention du maire de Basse-Terre, Marie-Luce Penchard. (Il s’agissait de la discussion des contrats de plan Région/communes, permettant à ces dernières de disposer de crédits régionaux). Marie-Luce Penchard, furieuse, a répliqué « Je n’ai pas besoin de votre charité chrétienne ».
J’ai cru un instant que M. LUREL, faisait sienne cette réflexion de Saint-Cyprien, « les femmes sont des démons qui font entrer au paradis par les portes de l’enfer ». Mais après avoir surpris un clin d’œil échangé entre les deux protagonistes, j’ai compris que les deux complices chauffaient l’hémicycle pour la galerie. La fille de Lucette Michaux-Chevry avait même poussé la coquetterie jusqu’à faire passer comme une lettre à la poste, en l’occurrence comme deux lettres à la poste, les mots de charité et de chrétien, en plein débat budgétaire.
Victorin LUREL a fait semblant de tancer également son ex-partenaire du GUSR, Jacques Gillot. (Le GUSR est aussi le parti de Guy Losbar).
« Les électeurs, par la clarté de leur vote, ont sanctionné le manque d’efficacité dans les domaines relevant des compétences de l’ancien conseil général ».
C’était de la fine politique. J’ai failli tomber dans le panneau, une fois de plus. LUREL et BOREL-LINCERTIN représenteraient les archanges du bien contre les dévots du mal, GILLOT et LOSBAR.
Je les avais vus dans les bras l’un de l’autre, comme les premiers ermites chrétiens dans leurs grottes devenues permanences électorales, vivre d’intenses combats intérieurs, et friser le désespoir et la folie. « Qu’est-ce qu’un coeur compatissant, demandait Isaac de Ninive. C’est un cœur qui brûle pour toute la création, pour tous les hommes, pour les oiseaux, pour les bêtes, pour les démons, pour toute créature. Lorsqu’il pense à eux, lorsqu’il les voit, ses yeux versent des larmes. Si forte et si violente est sa compassion, … que son cœur se serre et qu’il ne peut supporter d’entendre ou de voir le moindre mal ou la moindre tristesse »(2)
Non, après ce travail journalistique dense, je ne doutais point de la foi de nos élus. Ma seule crainte peut-être était que comme cet empereur, Victorin LUREL finisse par s’écrier :
« Malheur, je crois que je deviens dieu ! »
C’est une des dernières paroles de l’empereur romain VESPASIEN, d’un naturel très pieux, qui faisait ainsi allusion à la divinisation des empereurs après leur mort.
En tout état de cause, j’ai entendu GUY LOSBAR chanter avec ses frères et sœurs
« On ira tous au paradis, mêm’ moi,
Qu’on soit béni ou qu’on soit maudit, on ira
Tout’les bonnes sœurs et tous les voleurs
Tout’les brebis et tous les bandits » ( 2 )
*- citation de Pierre Desproges ( Le mot entre parenthèses a été rajouté par Théo le scrutateur)
1- Dans le Moyen-Orient ancien, on participait aux cérémonies religieuses nu-pieds. Ce geste symbolique est un signe. Les sanctuaires restaient ainsi protégés de l’impureté.
2-Le Monde des religions mars-avril 2007 n° 22
3- chanson de Michel Polnareff
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