Société

Nomenklatura et strip-tease en Gwada

Il faudrait opérer le procès de nos élites, et non pas celui du peuple guadeloupéen, coupable selon elles de toutes les régressions et de tous les archaïsmes. (Pour qui ne comprendrait pas notre argumentaire, ce serait accabler uniquement les entraîneurs et joueurs du PSG des démontadas, sans jamais remettre en cause les dirigeants, qui eux restent vaille que vaille).

Ce procès serait celui :

  • De nos révolutionnaires professionnels,
  • De leaders qui prétendent à une légitimité révolutionnaire ou divine,
  • Des groupes néo-fascistes qui visent une conquête d’une partie réelle des masses populaires, et même d’une partie de la petite bourgeoisie au moyen de la rhétorique nationaliste et des prétentions sociales communautaires, dans la plus pure tradition fasciste anti-rationnelle (saccage des écoles guadeloupéennes, des hôpitaux considérés comme des plantations esclavagistes !)
  • Du LKP, qui après chaque défaite, tente d’opérer un recyclage politique, Il faut espérer tant pour l’agent en grève de la faim devant le CHU, que pour la Guadeloupe elle-même, qu’il ne porte pas le stigmate définitif du désespoir personnel. La violence auto-sacrificielle prônée depuis tant de mois, conduit à une préparation doctrinale intensive au martyre,
  • De nos leaders politiques se complaisant avec délectation dans un social-chauvinisme, à la Plekhanov, condamné par Lénine, « pour son opportunisme sous sa forme la plus achevée, par son alliance ouverte, souvent vulgaire, avec la bourgeoisie et les états-majors » (L’opportunisme et la faillite de la 2ème internationale).

David North et Vladimir Volkov dans le Word Socialist Web Site du 3/04/2017, nous indiquent que sans aller jusqu’à affirmer que le destin individuel de Plekhanov était prédéterminé, car les individus font toujours des choix, sa chute politique reflète néanmoins le sort d’une génération entière de révolutionnaires, politiquement débordés par la crise mondiale qui a éclaté en août 1914.

C’est le « sceptique de la révolution » (1905-1918). Sa position est celle d’un opportuniste critique, constamment équivoque. En 1905, il condamne la révolution paysanne en développant la thèse selon laquelle, il ne fallait pas prendre les armes, et recommande l’alliance avec l’aile libérale de la bourgeoisie.

La tendance nationaliste des socialistes russes et de Plekhanov, est combattue par Lénine. Le même Plekhanov s’opposa âprement à la Révolution d’Octobre. C’est un fait historique indéniable que l’homme qui a posé les bases théoriques et politiques du mouvement ouvrier révolutionnaire en Russie a fini sa vie en tant qu’opposant amer de la Révolution de 1917.

Pourtant les écrits de Plekhanov sont riches, et on est étonné par la pertinence durable de ses idées, commentent les auteurs. En 1896, Plekhanov a blâmé l’historien français Taine pour avoir employé le concept faux de race, pour expliquer des processus historiques. Selon Plekhanov, « rien de plus simple, quant on se heurte à des phénomènes tant soit peu complexes, que d’esquiver la difficulté en les attribuant à l’action de ces dispositions innées et héréditaires. Mais c’est l’esthétique historique qui en pâtit ».

Dans un autre commentaire sur le même sujet, Plekhanov a noté avec humour et ironie : « On sait que chaque race, surtout aux premières étapes de l’évolution sociale, se tient pour la plus belle, et apprécie fort les caractères qui la distinguent des autres ».

« Nous ne connaissons aucun peuple historique que l’on pourrait appeler de race pure ; chacun d’eux est le produit de longs croisements et de considérables mélanges d’éléments ethniques. »

Des révolutionnaires professionnels poutinomaniaques

Des armées de révolutionnaires Gwada soutiennent l’intrusion militaire de la Russie en Ukraine.
La Poutinomania fait fureur sur les médias guadeloupéens.

« Comment peut-on soutenir Poutine tout en étant un « démocrate » algérien, guadeloupéen ? Comment dénoncer, jusqu’à en faire un métier, les arrestations en Algérie, la répression, et à la fois applaudir le maître du Kremlin ?

Parce qu’il est anti-occidental, nous dit Kamel Daoud, le 5/03/2022. C’est tout. De l’aigreur maquillée en passion révolutionnaire.

Mais la poutinomania (algérienne), guadeloupéenne interpelle sur son sens, au-delà de sa forme ridicule. Elle laisse voir un fond qui fait peur, c’est-à-dire la prédisposition, la passion intime pour la dictature.

Le Poutine en soi chez nous, en Guadeloupe, se laisse deviner dans le refus d’accepter la vraie pluralité guadeloupéenne, de ne pas tolérer l’opinion contraire, la critique, la liberté, de ne pas vouloir sortir de la rente identitaire, dé-coloniale.

L’amour du dictateur devient fou et public. Alors on y cède et on applaudit, loin des bombes et des morts, sur la plage de la Datcha.

Pourquoi aimer Poutine et le crier sur les toits ? Parce qu’il tue, est autoritaire.

Ceux qui aiment Poutine ont l’amour mauvais : leur rêve de liberté se résume à voir l’Occident à genoux, et se voir, eux, sur les genoux d’un dictateur exotique, rejouant le fantasme du tsariste identitaire.

On en est encore à définir la liberté par la frustration, la souveraineté par la haine de la France, mais jamais du PSG .

La nomenklatura

Staline a remplacé le groupe des révolutionnaires professionnels par une catégorie nettement plus large de fonctionnaires. Tous les postes importants sont réservés à ces fonctionnaires nommés, qui se déplacent d’une branche à l’autre, dans nos conseils régional et départemental, dans nos communautés d’agglo.

Voslensky dans Nomenklatura, 1984, Ed Molden, analyse en profondeur les schémas de recrutement, les luttes de pouvoir internes, la corruption, l’isolement par rapport au reste de la population, la transmission héréditaire de la position de classe.

On pourrait se dire que trop de ressources ont été gaspillées ou détournées, trop de gens ont été exploités, ou éliminés, trop de bonnes volontés ont été gâchées par le parasitisme de la nomenklatura, pour qu’elle se maintienne.

Or, ce sont justement les faiblesses évidentes de cette classe qui la maintiennent au pouvoir : les clans familiaux et financiers, ( dynasties Chevry-Bangou-Bredent), le carriérisme qui s’oppose à tout professionnalisme, une conception cynique du devoir, les intrigues, l’annihilation de tout effort de modernisation, la démoralisation du personnel.

L’île n’est plus qu’un réseau complexe d’interdépendances mutuelles dont la nomenklatura constitue le noyau. Les personnes qui en font partie peuvent être très différentes culturellement, et du point de vue du niveau d’éducation mais elles sont fortement intéressées à maintenir le statu quo, d’où l’incompétence préférée (Georges Bredent nommé président du conseil d’administration du Mact(e) à la place de Laurella Rinçon évincée, cette dernière ayant finalement été réintégrée dans tous ses droits par le Tribunal administratif).

En tant que lanceuse d’alerte, l’ex-directrice aurait eu le tort d’avoir remis en cause plusieurs prestataires du musée, qu’elle suspectait de surfacturer des services. Et d’avoir signalé, en février 2021, au procureur de la République de Pointe-à-Pitre, le non-reversement au Memorial de 423 653 euros de billetterie par le conseil régional de la Guadeloupe, entre le 1er août 2019 et le 16 mars 2020.

La petite-bourgeoisie guadeloupéenne

Elle cherche toujours à gommer son existence pour prétendre à une certaine objectivité, alors que dans les faits elle est une couche tampon entre prolétariat et bourgeoisie. Elle déforme les luttes ou se les approprie, selon ses propres intérêts.

C’est une couche sociale et non une classe, elle oscille entre prolétariat et bourgeoisie. De par son statut et son mode de vie, elle exerce une grande influence sur le prolétariat. D’où la corruption petite-bourgeoise des valeurs prolétariennes.

Cette corruption est aussi culturelle ou sociale, en plus d’être aussi directement économique et politique.
Les exemples sont innombrables de phénomènes sociaux commençant dans le camp prolétarien et happés par la petite-bourgeoisie, qui en arrache la direction, en en profitant tout en en vidant la substance.

On peut penser, dans l’Occident, pour prendre des exemples qui parlent, au hip hop, au metal ou aux musiques électroniques, où des éléments petits-bourgeois plus éduqués et plus opportunistes, se sont appropriés les scènes culturelles et le genre musical.

En Guadeloupe, ce serait le carnaval récupéré par VIM, par amplification de la base subversive des group a po, dans un strip-tease cathartique. « KOKE YO ! » scandent joyeusement ces femmes aux bondas généreux. Si YO c’est le peuple, cela fait longtemps qu’il l’est…

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Théo LESCRUTATEUR

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