Mėlanie : Au rythme de la Martinique contre l’extraterrestre
Bien que revenue bredouille des championnats du monde de Stuttgart, Le Frankfurter Allgemeine Zeitung mise sur une médaille pour la martiniquaise Melanie de Jesus dos Santos aux prochains Jeux Olympiques de Tokyo en lui consacrant un article dont nous publions des extraits.
DJDS n’est pas l’abréviation d’une nouvelle émission de téléréalité, mais bien les initiales de Mélanie de Jesus dos Santos, 19 ans, six fois médaillée aux Championnats d’Europe et sept fois championne de France…
Avant le début de la compétition, celle-ci était déjà jouée selon Mélanie : « Tu n’as même pas à penser à gagner, Simone (Biles) est au dessus du reste du monde. » Ses deux points et demi derrière Simone le confirment. L’entraîneur Éric Hagard lui s’esclaffe à l’ėvocation du titre suprême : « Simone est une extraterrestre de la gymnastique. Le défi dans ce concours est la lutte pour la médaille d’argent. »
Le chemin de Mélanie de Jesus dos Santos vers les sommets mondiaux est extraordinaire. En 2000, elle naît à Schœlcher, ville d’un peu moins de 20 000 habitants sur la côte ouest de l’île caribéenne de la Martinique. Ni sa mère ni son père portugais n’ont de lien avec la gymnastique. Mélanie, à cinq ans, débute par le judo, puis se rend au gymnase la Gauloise à Trinité, où elle s’entraîne environ dix heures par semaine pendant quelques années. Son entraîneur de l’époque, Elsa Louis organise un voyage en France, où Mélanie est tout de suite remarquée. Hagard confirme l’avoir vue pour la première fois il y a sept ans. « Quand je l’ai vue sauter, c’était clair : elle avait du talent. »
À ses douze ans, Mélanie de Jesus dos Santos décide de quitter seule son île des Petites Antilles pour s’installer à Saint-Étienne, près de Lyon, à 7 000 kilomètres. En famille d’accueil avec Éric et Monique Hagard elle reçoit une fois par an la visite de sa mère.
Au début, la transition a été difficile et le mal du pays énorme. Mais la prédiction de l’entraîneur Hagard s’est rapidement réalisée : en 2013, elle devient membre de l’équipe nationale et attire l’attention des spécialistes internationaux. Une déchirure du ligament croisé interrompt sa progression. Elle remporte ensuite sa première médaille internationale en 2017 et devient championne d’Europe au concours complet et au sol.
Interrogėe sur la Martinique, elle répond à Athletica Magazine à l’automne 2018, « c’est le soleil, la plage, toute la journée, marcher pieds nus. Le rythme est assez différent… Quand j’y vais c’est pour retrouver ma famille et aussi pour nager en mer. »
A Stugttgart, en tant que junior, elle n’était techniquement pas encore mature, explique Hagard. « Au début, elle manquait de précision dans les positions du corps, mais cela s’est amélioré très rapidement. » Elle travaille beaucoup plus avec sa tête aujourd’hui, raison pour laquelle elle est maintenant « beaucoup plus calme » en compétition. Elle possède une forte marge de progression même si celle-ci ne compensera pas la supériorité de l’alien Simone Biles…
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