LE DEFI DE L’INSERTION DES JEUNES ULTRAMARINS
A l’occasion des lundis de l’audace de la délégation interministérielle à l’égalité des chances, le public était convié à écouter les conclusions d’un rapport sur l’insertion et l’emploi des jeunes ultramarins.
Eustase Janky professeur en médecine, Vice-Président de l’université des Antilles, le rapporteur missionné pour ce rapport adopté en février 2015 accompagné par Gérard Grignon, Président à la délégation de l’Outre-Mer du Conseil Economique Social et Environnemental, ancien député de St Pierre et Miquelon en présentait les grandes lignes avant de répondre aux questions du public.
La prégnance de la crise dans les Outre-mer ponctuée régulièrement de fortes tensions sociales fait qu’il y a urgence à agir en faveur de l’insertion professionnelle et sociale des jeunes dont le taux de chômage atteint plus de 40 % des 15/29 ans sur la plupart des territoires.
Illettrisme, faible réussite scolaire et universitaire, augmentation du chômage, accroissement des inégalités et de la pauvreté. Ils paient au prix fort l’absence de véritables projets de développement à long terme des collectivités ultramarines. Il s’agit de relever le défi pour faire que cette jeunesse soit véritablement une richesse pour garantir l’avenir et le développement économique, social, culturel et environnemental de l’ensemble des Outre-mer.
Voici le résumé de l’intervention du professeur Janky :
« (…) Comme l’a rappelé le Président de la République la semaine dernière lors d’un colloque organisé au CESE sur les politiques publiques en faveur des jeunes, le Conseil Economique Social et Environnemental est « le lieu du dialogue social, le lieu où les forces vives se retrouvent pour porter un certain nombre de messages aux pouvoirs publics et à la Nation »… La situation économique et sociale des jeunes ultramarins est devenue particulièrement préoccupante voire explosive. Elle est évidemment préoccupante dans nos territoires. Mais elle aussi inquiétante pour les jeunes UM (étudiants ou en recherche d’emplois) vivant en métropole où l’enjeu de leur pleine inclusion dans la société de l’hexagone reste posé…
Au fil des auditions, nous avons mis en lumière un constat particulièrement inquiétant : une proportion d’illettrés 4 fois supérieure à celle de l’hexagone, des taux de décrochage scolaire bien plus élevés toujours en comparaison avec la France Métropolitaine, une faible réussite scolaire et universitaire, un tassement de la croissance économique et un accroissement des inégalités et de la pauvreté… »
5 axes ont été déterminés :
Améliorer la connaissance sur la formation et l’insertion professionnelle et sociale des jeunes
Le CESE préconise un meilleur recensement des populations de Mayotte, St Martin et Guyane, une prise en compte statistique systématique des territoires ultramarins par l’Education Nationale et que les moyens du Fonds d’expérimentation pour la jeunesse soient confortés pour l’Outre-mer.
Améliorer les politiques éducatives et le niveau de formation des jeunes
En matière de politique éducative, le rapport du CESE conseille notamment : la scolarisation des enfants de 2 ans, l’implantation d’Universités Régionales des métiers et de l’artisanat, une prépa année zéro facultative entre la terminale et le PACES (1ère année aux études de santé), l’établissement de cellules rassemblant des universitaires et des enseignants du secondaire afin d’améliorer l’orientation des élèves, favoriser l’accès des bacheliers technologiques et des bacheliers professionnels aux Instituts universitaires de technologie (IUT) et aux Sections de technicien supérieur (STS).
Evaluer, prévenir et mieux lutter contre l’illettrisme et le décrochage scolaire
Afin de prévenir l’illettrisme et le décrochage scolaire la mise en place d’aides aux devoirs en élémentaire sur des crédits publics, des plans de lutte contre l’illettrisme pour la Nouvelle-Calédonie, la Polynésie française et Saint-Martin, qu’un chef de file soit clairement identifié pour chaque plateforme ultramarine de suivi et d’appui aux jeunes décrocheurs.
Revaloriser la mobilité des jeunes ultramarins
Le Conseil prône la prise en charge complète du coût du voyage pour ceux remplissant les conditions, un accompagnement des bénéficiaires du « passeport mobilité études » par LADOM, une prise en charge plus importante de jeunes ultramarins dans le cadre d’ERASMUS +, l’expérimentation d’un dispositif sur le modèle d’ERASMUS + dans l’espace régional financé notamment par des fonds européens, des conventions relatives à la mobilité avec l’Office franco-québécois pour la jeunesse, définir des offres de formation et de recherche dans les domaines où les Outre-mer présentent un avantage comparatif.
Améliorer l’insertion et l’accès à l’emploi dans les outre-mer
Le CESE conseille la création d’un observatoire régional des métiers dans chaque territoire, que le Service militaire adapté (SMA) soit doté des moyens financiers et humains nécessaires à la prise en charge des jeunes et une durée minimum de formation de 8 mois afin que les jeunes en retirent un bénéfice durable, une augmentation du nombre de contrats aidés, le déploiement du dispositif « Garantie jeunes » le plus rapidement possible en Guadeloupe, en Martinique et en Guyane et que Mayotte soit également prise en compte, une vigoureuse campagne d’information dans les Outre-mer promouvant le Service civique, la possibilité de faire reconnaître et valider les compétences résultant de leurs activités associatives, culturelles et sportives dans le cadre d’une reconnaissance et d’une validation d’acquis non formels ; enfin l’accès des jeunes ultramarins à tous les emplois publics facilité par des mesures spécifiques de préparation aux concours et examens.
« En conclusion, le diagnostic est désormais établi. Pour reprendre l’expression utilisée lors d’une audition, un plan « haute qualité éducative » pour la jeunesse des Outre-mer est impératif et doit concerner aussi bien l’éducation, la formation que l’insertion des jeunes. Le Conseil Economique Social et Environnemental a souhaité mettre en lumière les constats, attirer l’attention des pouvoirs publics sur un certain nombre de carences et d’oublis qui ne sont pas acceptables ! Au-delà, nous avons souhaité formuler un certain nombre de propositions concrètes et pragmatiques. Car il est maintenant urgent d’agir en faveur de ces jeunes, qui constituent d’abord et avant tout l’avenir et la richesse de la France et qui forment le socle de notre pacte social. »
Rapport complet : www.lecese.fr
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