Nous entrons dans le Temps Lanmèkannfènèg .

Lanmè, c’est l’Océan, c’est le symbole de traite massive d’êtres humains depuis le Continent africain :;

Kann, c’est la canne à sucre, le symbole de l’esclavage colonial ;

Fè, fers, c’est le fer des chaînes des esclaves. Mais c’est aussi « Yo pwan fè », c’est-à-dire toutes ces souffrances vécues, subies, gérées, combattues, et dont nous sommes les survivants ;

Nèg, pour Nègres, c’est comme cela qu’on les désignait.

Nous sommes des Lanmèkannfènèg : nos sociétés ont été « fabriquées » dans ce système colonial et esclavagiste.

Qu’est-ce que cela signifie-t-il pour Nous, que notre Groupe humain soit né dans un crime contre l’humanité ?

Le Tan Lanmèkannfènèg, est ce temps de réflexions profondes autour de cette question centrale. Nous l’avons formellement institué dès 2001, durant les 15 jours qui précèdent la date du 23 mai, en référence à la date du 23 mai 1998, où nous étions 40 000 à défiler silencieusement dans les rues de Paris pour penser à nos Parents qui avaient vécu le martyre du Traité négrière et de l’esclavage colonial .

Le Tan Lanmèkannfènèg, pendant lequel bon nom d’entre nous, entre le 08 et le 23 mai observant un Jeûne de six heures du matin à six heures du soir, plage horaire correspondant à la « journée d’un esclave dans les colonies françaises », doit demeurer un temps sacré, un temps d’hommage majeur de chacun d’entre nous, leurs descendants, à tous nos Aïeux. L’apothéose en est le 23 mai, la journée en leur d’hommage.

Nous en avons retrouvé près de 300 000 d’entre eux, en Guadeloupe, en Guyane, à La Réunion, en Martinique, à Saint-Martin. Par leurs prénoms, leurs numéros d’esclaves, et par les noms qu’on leur a donnés après l’abolition de l’esclavage.

Nous avons créé des Mémoriaux, sur lesquels nous avons gravé leurs NOMS, à Saint-Denis et à Sarcelles le 23 mai 2013 ; à Creil le 23 mai 2015, et à Grigny le 23 mai 2016.

Le CM98 a proposé et convaincu les plus hautes autorités de l’État français d’édifier dans les Jardins du Trocadéro à Paris, le « Mémorial national des victimes de l’esclavage ». Sa réalisation et son inauguration ont été initialement programmées pour le 23 mai 2026.

Nous pouvons et devons maintenant, chacun d’entre nous, retrouver les Nôtres, les connaître, apprendre à les aimer, et les honorer tous ensemble, tous les 23 mai, et dès ce 23 mai 2025.

Le succès de notre Tan Lanmèkannfènèg et de notre journée en Hommage à nos Aïeux, dépendant de nous ! De notre mobilisation, de nos dons, car nous n’avons toujours pas de subvention cette année.

Je compte sur vous, Ils comptent sur nous !

Au nom du Conseil d’Administration, je vous en remercie par avance.

Fiers d’être descendants d’esclaves ; Le 23 mai, Racontons notre histoire

Limyè ba Yo !

Emmanuel Gordien