« L’ambition dont on n’a pas les talents est criminelle »
Antilles : Nous sommes des morts en sursis
Nous sommes une population de diabétiques, de malades souffrant du cancer de la prostate et d’autres cancers multiples, d’obèses, de drépanocytaires, de personnes ayant des fragilités mentales.
S’il y a un territoire où le citoyen peut dire : « Quand on chute on tombe. Et quand on tombe, c’est la tombe », c’est bien le nôtre. Et c’est pourtant chez nous que l’accès aux hôpitaux nous est refusé, par nos propres compatriotes, c’est chez nous que les médecins sont violentés et menacés.
La dramaturgie de la vaccination anti-covid en Guadeloupe nous a transformés en véritables morts en sursis, livrés aux forces obscures.
Les ambiguïtés politiques et sociales ont été mises à jour. Les leaders politiques et syndicaux ont prôné un discours qui instrumentalisait des positions radicales ou factices. Les réseaux liés à l’intégrisme anti-vaccinal ont été passés sous silence, peut-être parce qu’ils étaient parfois ancrés dans les sphères de décision des assemblées régionales et départementales, et de l’appareillage syndical.
Le rendez-vous de la pandémie, pandémie pourtant mondiale, a été honteusement snobé.
Pourtant nos « leaders » parlent de responsabilisation, d’autonomie !
Qu’ils aient sous les yeux cette citation de Chateaubriand ! « L’ambition dont on n’a pas les talents est criminelle ».
Aveuglés par une rhétorique révolutionnaire, les apôtres les plus éloquents du syndicalisme guadeloupéen, ont cru pouvoir se transformer en grands timoniers.
Mao, le VRAI grand Timonier, lançait sa révolution culturelle, qui allait durer une décennie. Une vague de terreur s’abattait sur la Chine, et elle continue à hanter le pays et ses habitants.
Ce désastre, que nombre d’intellectuels occidentaux, ont longtemps refusé d’admettre, s’appuyait sur la jeunesse et les ouvriers, mais a vite échappé à tout contrôle.
Aux Antilles, nous avons bien eu cette purge, contre ceux accusés d’emprunter la voie de la vaccination, qui s’est transformée en une déferlante de persécution, de violence et de délation.
Le gardes rouges ont battu les chemins dans tout le pays, dressant des barrages, à la recherche des médecins, et de tout symbole « d’oppression vaccinale ».
Avec ferveur, ils ont assiégé les hôpitaux, menacé le SAMU et les ambulances, racketté le personnel médical, exigé des faveurs sexuelles.
Certains ont tout fait pour porter aux nues
l’univers de malfaiteurs et de délinquants sexuels
En 1981, un an après le procès de « la bande des quatre », le Parti communiste chinois a reconnu que Mao a fait « des erreurs », mais il lui a conservé sa stature de grand leader.
Le LKP acceptera-t-il de faire son auto-critique ? Ce serait tout à son honneur. Ce serait se grandir et enfin, se libérer de poisons doctrinaires, pour prendre toute sa part dans la gestion du pays.
Car certains ont tout fait pour porter aux nues l’univers de malfaiteurs, et de délinquants sexuels.
Dans cette poétisation effrénée des malfrats, ils ont mystifié la population en parant la pègre d’un masque romantique, et en entretenant chez le public, une idée complètement fausse d’un soulèvement révolutionnaire.
Partout règne l’insécurité
Qu’est-ce qu’un guadeloupéen depuis quelques jours ? Un être réduit à l’état larvaire, physiquement soumis à toutes les humiliations, à toutes les dégradations. Le non-respect de la personne humaine est patent. Partout règne l’insécurité.
La violation de la dignité humaine a été érigée en dogme.
Nos dirigeants politiques se cachaient. Dans cette crise Covid, Ariane Mouchkine nous signalait que la tiédeur suspecte a nourri les thèses obscurantistes les plus nocives, les plus vénéneuses.
Le politique a disparu en Guadeloupe, mais pas le personnel politique. Ce pouvoir exercé en Karukera se retrouve sans contenu, une véritable farce. Et nous en sommes à comptabiliser les « compétences » de chaque assemblée, aussi perdus que des élèves en cours d’Éducation Civique. Et nos politiques se gargarisent de leur front commun, unique dans les annales de l’île.
Un fait doit être souligné, dans ce déferlement de violence, c’est la place évidente occupée par les femmes. Il y aurait une haine éloquente et érudite, et une haine primaire et instinctive. Les femmes antillaises participent désormais de ce second cercle.
Comme les tricoteuses, qui sous la Révolution française, tricotaient sur les bancs des tribunaux, et applaudissaient au spectacle de la mise à mort, elles ont conspué les tribunes des modérés, organisé les manifestations anti-vax, empêchant pendant de longues heures les services de secours de franchir les barrages, à des fins de projection identificatoire, alors que leurs sœurs, leurs mères allaient accoucher.
Nous retrouvons Kovèje. « (Elle) avance dans le combat, jusqu’à s’exposer, au plus près, à la mort, à la limite de la mort, attestant ainsi que son être intime, son soi, a plus de valeur que sa conservation biologique ».
Dans « Tueurs sans gages », Ionesco met en scène la mère Pipe, allégorie de la démagogie et du populisme, qui harangue la foule : « Peuple ! Moi, la mère Pipe, qui élève des oies publiques, j’ai une longue expérience de la vie politique. Confiez-moi le chariot de l’Etat que je vais diriger et qui sera traîné par mes oies. Votez pour moi. Faites-moi confiance. Mes oies et moi demandons le pouvoir ».
L’oratrice continue :« Peuple, tu es mystifié. Tu seras démystifié… J’ai élevé pour vous tout un troupeau de démystificateurs. Ils vous démystifieront. Mais il faut mystifier pour démystifier. Il nous faut une mystification nouvelle ».
Il est bien entendu que je ne parle que des délinquants qui sont sur les barrages, et qui se livrent à des saccages hystériques, et non des femmes et des hommes authentiques sur d’autres barrages, en lutte pour une Guadeloupe plus juste et plus belle, révulsés par ce que nous voyons tous les jours : jeunes de nos pays qui fuient, conservatisme éhonté de ceux qui nous dirigent, transports indignes, massacre écologique du papillon, – quel responsable politique ou syndical s’est emparé de l’atrocité Jarry ?-, mise à l’écart d’une grande partie de la population, fabrication d’une population analphabète et en surpoids…
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